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GALATES (ÉPITRE AUX)


que celui de l’Épître aux Galates. En conséquence, le plus grand nombre de ces critiques place la composition de l’Épître aux Galates à la fin de la seconde mission, à Corinthe, pendant les années 53-54, soit avant les Épîtres aux Thessaloniciens (Zahn), tout au début de l’activité littéraire de saint Paul, soit de préférence après ces Épîtres (Cornely), où l’on ne rencontre pas la moindre allusion aux controverses judaïsantes, ni le moindre avertissement destiné à mettre en garde les fidèles de Thessalonique contre les menées probables d’adversaires qui auraient déjà ravagé la Galatie.

Los opinions examinées jusqu’ici ont au moins ceci de commun, qu’elles reportent la rédaction de l’Épître aux Galates après le concile de Jérusalem. Quelques exégètes, surtout des catholiques (Weber, Belser, Le Camus, de Boysson), non contents d’en faire avec Zahn le premier écrit de saint Paul, ont voulu placer l’Épître aux Galates avant le concile de Jérusalem, à Antioche, au retour du premier voyage de saint Paul, en 48 ou 49. Ils avaient été précédés dans cette voie par Calvin, Commentaire sur Gal., ii, 1-5, édit. Tholuck, p. 546. Cette théorie, malgré les efforts de son principal protagoniste, le D r Weber, recrute somme toute peu d’adhésions. Elle ne peut se soutenir qu’à la condition de distinguer le voyage à Jérusalem raconté par saint Paul, Gal., ii, l-io, du voyage à l’occasion du concile dont traitent les Actes au c. xv. Or, l’opinion traditionnelle, identifiant les deux voyages, est si solidement appuyée qu’elle parvient encore à rallier la grande majorité des critiques pris indifféremment dans tous les camps, et cela, sans qu’on puisse les soupçonner, comme le fait Weber, Die Frage der Idenlitût von Gal., 2, 1-10 und Apg., 15, dans Biblische Zeitschrifl, 1912, t. x, p. 155-167, de faire dépendre leur avis d’une thèse quelconque, radicale ou apologétique, a priori et sans se laisser influencer par elle.

Nous croyons que saint Paul écrivit l’Epître aux

[tes de Corinthe, à la fin de la seconde mission,

peu après les deux lettres à l’Église de Thessalonique.

IV. Occasion et but.

Les Galates devaient principalement leur conversion à saint Paul, i, 8, 9 ; iv, 11, 14, 19, qui leur avait prêché l’Evangile à deux reprises, IV, 13. Cette double prédication a dû se faire au cours de deux voyages différents ; on ne peut l’entendre, avec Weber, d’une double visite faite à l’aller et au retour d’un même voyage. La première fois, les Galates avaient reçu l’apôtre avec enthousiasme, malgré l’infirmité qui le frappait, et qui aurait pu les éloigner de lui. iv, 13-15. Les revoyant après quelques années d’intervalle, il les avait confirmés dans la foi et mis en garde contre les prédicateurs d’un Évangile différent du sien. > i. xvi, 5 ; Gal., i, 9. Les communautés, composées inde partie de gentils et d’une minorité de Juifs, étaient florissantes : Paul leur décerne ce bel éloge : currebalis bene, v, 7.

tte brillante situation ne dura pas longtemps ; peu de temps sans doute après avoir quitté la Galatie, Paul constatait avec tristesse que ses craintes de voir îles agitateurs étrangers venir jeter le trouble dans ces Églises, n’étaient que trop (ondées. Les Galates sont sur le point de faire défection et d’adhérer à un autre Évangile, i, (i. L’apôtre craint d’avoir travaillé en vain parmi eux, iv, 11 : ils veulent finir par la chair, après avoir commencé par l’Esprit. iii, 3 ; ils vonl

Ujettir de nouveau aux éléments « lu monde, I di’-ja, ils observent les juins et les mois, les saisons et

r.. 10. Ils veulent enfin vivre sous le de la loi. i.a situation est grave, mais non Lrrémédia blement compromise. Les Galates ne paraissent pas encore avoir accepté la circoncision, v, 2 ; l’a ni a encore conflanci en eux, v, 10. D’ailleurs, la prédication du

nouvel Évangile n’a pas été accueillie avec la même faveur par tous les chrétiens, elle a suscité au sein des communautés de profondes divisions, des altercations dures et vives, v, 15, 26. Et quand ces désolantes nouvelles arrivent à saint Paul, il est bien loin d’eux. En ces moments critiques, il voudrait être sur place, mais il doit se contenter de leur écrire, iv, 20. Comment a-t-il été mis au courant de la situation ? Non pas sans doute par une lettre des Églises de Galatie ; il n’y est fait aucune allusion dans l’Épître ; non plus par des délégués officiels des communautés qui n’auraient pas voulu faire le dernier pas sans en avertir saint Paul, mais probablement par des chrétiens restés fidèles à l’apôtre, qui se rendaient compte des périls de la foi dans ces régions. Quoi qu’il en soit, Paul est parfaitement informé et il ne doute pas un seul instant de la vérité des renseignements reçus.

Quelles furent les causes de ce brusque changement ? Des étrangers, que Paul distingue constamment des lecteurs, i, 7 ; m. 1 ; iv, 17 ; v, 7, 10, 12 ; vi, 12, qu’il appelle dédaigneusement tcvéç, i, 7, des perturbateurs, des orgueilleux, des jaloux, des calomniateurs, i, 7 ; v, 10, 12 ; vi, 13 ; iv, 17 ; i, 10 ; v, 11, étaient venus jeter le trouble dans la foi et la défiance vis-à-vis de saint Paul. C’étaient des juifs descendants charnels d’Abraham, qui persécutaient les chrétiens comme autrefois Ismaèl avait persécuté Isaac, iv, 29. Ils étaient cependant chrétiens eux-mêmes, sinon leur jalousie et leur hostilité contre les gentils convertis sans passer par le judaïsme se comprendraient à peine. Saint Paul les confond dans une même réprobation avec ces judaïsants exaltés qui, à Jérusalem et à Antioche, s’étaient opposés aux apôtres. Eux aussi devaient venir de Jérusalem, comme les émissaires dont parlent les Actes, xv, 1 sq. ; Gal., ii, 4, 12. C’était de ces faux frères qui poursuivaient partout saint Paul « pour espionner la liberté que nous avons grâce au Christ Jésus et nous remettre en esclavage. » Gal., ii, 4. Ils en appelaient à la foi de l’Église-mère et au témoignage des grands apôtres de Jérusalem, principalement de Pierre et de Jacques.

A l’aide de l’Épître aux Galates, nous pouvons essayer de reconstituer l’Évangile de ces pseudodocteurs judéo-chrétiens. Ils croyaient en la messianité de Jésus et attendaient son retour qui amènerait de la part de Dieu les temps de rafraîchissement et de restauration prédits par les prophètes. Act., iii, 20, 21. C’est alors que se réaliseraient complètement les promesses faites à Abraham, Gal., iii, 16, que s’ouvrirait l’ère des bénédictions, iii, 8, 9, 11, qu’on entrerait en possession de l’héritage, ni, 18, 29 ; iv, 7. 30, que le royaume de Dieu s’établirait, v, 21, que la vie éternelle commencerait, VI, 8. Les pécheurs et les impies n’ont point de part aux biens messianiques, ceux-là seuls y ont accès qui sont justes devant Dieu. Être juste,

c’est se trouver flans sa situation normale vis-à-vis de

Dieu, c’est être l’ami de Dieu, comme Abraham à qui ce beau titre fut décerné..lac. II, 23. La justice, chez 1rs juifs et chez saint Paul, est souvent mise en rapport

avec la vie, avec l’héritage ; on pourrait dire que c’est

une notion messianique, (lai., III, 11, 12.. Il en est de même de la justification. En elle-même, la justification, c’est l’action de rendre juste ou de devenir juste : être justifié, C’est être rendu juste, (.al., ii, 16. 17 : mais, de fait, il est souvent question délie justifié devant Dieu. Botaioûxai t.t.x — « <i… (.al., m. 11. ce qui implique, de la part de Dieu, la reconnaissance de la

justice ; et parfois nu ni r. l’acte divin de la justilical ion, pris formellement comme tel. ne contient plus que cette ludion de déclaration ou de reconnaissance de la justice. Hnm., II, 13. C’est alors une sentence divine,

constatant l’état de justice ci donnant accès au ro} messianique que l’Ancien et le Nouveau festament