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GALATES (ÉPITRE AUX)

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composition artificielle. F. Godet, Introduction au Nouveau Testament, Neuchatel, 1893, t. i, p. 278.

II. Destinataires.

La Galatic.

Les Galales

(r<xXotTat, de KéÀtoiou KÉAtai, d’après Pausanias, 1, 3, 5), quittant le midi de la Gaule, firent invasion en Italie, en Pannonie et en Illyrie, vers le commencement du ive siècle avant Jésus-Christ. De là, ils se livrèrent au pillage en Macédoine et en Grèce. Vers 279, avant Jésus-Christ, sous la conduite de Leonnor et de Luthar, une vingtaine de mille hommes arrivent jusqu’à Byzance, avec le secours de Nicomède, roi de Bithynie, qui voulait s’en servir dans la guerre contre son frère. Après la victoire remportée par Nicomède, ces hordes celtiques continuent leurs incursions dans l’HelIespont, l’Éolie, l’Ionie et le centre de l’Asie Mineure, jusqu’au jour (229) où, vaincus par Attale I er, roi de Pergame, ils sont contraints de se fixer dans le territoire compris entre la Pisidie et la Lycaonie au sud, la Cappadoce et le Pont à l’est, la Paphlagonie et la Bithynie au nord, la Phrygie à l’ouest. Tite-Live, xxxviii, 16 ; Strabon, iv et xii. Ce territoire, comprenant une grande partie de la Phrygie, quelques régions de la Cappadoce et du Pont, porta le nom de Galatie. Pour avoir porté secours à Antiochus le Grand dans sa guerre contre les Romains, les Galates virent leur territoire envahi et annexé à la république par Manlius Vulso, en 189 avant Jésus-Christ. Ils continuèrent cependant quelque temps à être régis par leurs propres lois ; leur chef Dejotare reçut de Pompée le titre de roi, et son sucesseur, Amyntas, favori d’Antoine et d’Auguste, vit son royaume de Galatie s’accroître de la Pisidie, de la Cilicie Trachée, avec plusieurs villes pamphyliennes, la Lycaonie et l’Isaurie jusqu’à Derbé inclusivement, le sud-est et l’est de la Phrygie avec les villes d’Antioche et d’Apollonie (Appien, Dion Cassius, Strabon). Depuis l’an 36, le roi Amyntas était appelé couramment « roi de Galatie » . A sa mort, l’an 25 avant Jésus-Christ, le royaume ainsi agrandi devint la province qui porta, dans la nomenclature officielle, le nom de Galatie, avec Ancyre pour capitale. Cette province dépendait de l’empereur et était gouvernée par un légat propréteur, de rang prétorien.

La formation de la province romaine de Galatie, en créant une terminologie nouvelle, n’a évidemment pas fait disparaître du coup les anciennes acceptions géographiques. Les noms des provinces englobées dans la nouvelle circonscription romaine continuèrent à subsister. C’est ainsi que des inscriptions persistent à énumérer, à côté de la Galatie, ses provinces annexes, preuve que les vieux noms se maintenaient encore. Il ne s’ensuit pas cependant que, même dans ces inscriptions, la Galatie désigne le pays proprement dit des Galates, et non toute la province romaine de Galatie : les anciens noms ont pu être ajoutés par manière d’apposition, pour décrire d’une façon pompeuse la grandeur du territoire. Zahn, Einleitung, t. i, p. 130131. De leur côté, Ptolémée, Pline, Tacite, Denys d’Halicarnasse comprennent, dans le mot Galatie, les provinces du sud. Eutropius et Syncelle les imitent. Saint Pierre aussi, I Pet., i, 1, semble bien parler des provinces romaines d’Asie Mineure, et entendre la Galatie dans un sens politique et non ethnique.

La prédication de l’Évangile en Galatie.

Nous

n’avons d’autre source pour cette histoire que les Actes des apôtres. Pendant leur première mission, Paul et Barnabe évangélisent beaucoup de régions appartenant à la province romaine de Galatie, mais ne pénètrent pas dans le territoire des Galates proprement dits. De Perge en Pamphylie, ils se rendent à Antioche, Iconium, Lystres et Derbé. Antioche et Iconium étaient des centres où Romains, Grecs et Juifs affluaient. Lystres et Derbé étaient deux petites

villes perdues dans une région pauvre et ; sauvage ; les Juifs devaient y être peu nombreux. Au retour de ce premier voyage, les deux prédicateurs revoient les mêmes localités et reviennent à Antioche de Syrie, pour se rendre de la au concile de Jérusalem. Act., xiii, xiv. Au cours du second voyage, Act., xv, 40-xviii, 22, Paul et Silas visitent les églises fondées lors de la première mission, tradebant eis custodire dogmala, quæ cranl décréta ab apostolis et senioribus, qui erant Jerosolymis, xvi, 4. Par la Syrie et la Cilicie, ils arrivent à Derbé et à Lystres, s’adjoignent Timothée et, ayant été empêchés par l’Esprit-Saint de prêcher dans la province d’Asie, ils traversent la Phrygie et la région galatique. Ne pouvant aller en Bithynie, ils parcourent la Mysie et atteignent Troas. Pendant le troisième voyage, Paul traverse de même la région galatique et la Phrygie, en confirmant les disciples. Saint Luc parle donc à deux reprises de la région galatique, xvi, 6, o-.y.Oov ôk rr, v ç&puyîav /.% TaXaT’-zr ; / /oipav, et xviii, 23, Sisp^o’jisvoç zaOiçf, ; xrjv TaÀa-T 1X7JV /oSpav xaî « tpuytav. Tout le monde admet qu’il s’agit de part et d’autre de la même région, mais est-ce la Galatie proprement dite, ou la région phrygio-galatique, qui forme la partie sud de la province romaine de Galatie ? Si cette dernière hypothèse était la vraie, il serait vraisemblable que Paul n’a pas évangélisé la Galatie strictement dite, et la question des destinataires de l’Épître aux Galates serait tranchée. Mais nous considérons comme plus probable l’hypothèse d’une prédication chez les Galates du nord, pour les raisons suivantes : 1. L’examen du troisième Évangile et des Actes prouve que saint Luc, tout en connaissant la nomenclature romaine et en s’en servant parfois, maintient cependant de préférence, dans ses indications géographiques, les anciennes divisions provinciales, Lycaonie, Pisidie, Pamphylie, etc. Act., iv, 6, 23. L’expression « région galatique » aura donc vraisemblablement une signification^ ethnique et non politique. Si l’historien avait voulu désigner la province romaine, il l’aurait vraisemblablement appelée « la Galatie » et encore aurait-il dû laisser entendre qu’il adoptait le point de vue romain, comme il le fait en parlant de l’Achaïe. Act., xviii, 12, 27 ; xix, 21. — 2. Le pays traversé est appelé, xvi, 6, « la Phrygie et région galatique » . On ne peut considérer’l>pjyiav comme un adjectif et traduire : la région phrygio-galatique, le texte de xviii, 23, s’y oppose où on lit : la région galatique et Phrygie. Les deux expressions doivent désigner globalement le même territoire, bien que les parties qui le constituent soient énumérées dans un ordre différent. Or, ceux qui traduisent xvi, 6, par région phrygio-galatique sont forcés de lui donner un autre sens qu’à xviii, 23. Dans xvi, 6, la région phrygio-galatique désignerait cette partie de la Phrygie qui appartenait à la province romaine de Galatie, tandis que dans xviii, 23, la région galatique représenterait le sud de la province romaine de Galatie, et la Phrygie, la partie de la Phrygie relevant de la province d’Asie. Il faut donc considérer I’pjY’av comme un nom propre et traduire : la Phrygie et la région galatique La Phrygie désignera le pays occupé par les Phrygiens, et la région galatique, les contrées habitées par les Galates, et cette signification peut se maintenir dans xvi, 6, aussi bien que dans xviii, 23. — 3. Et qu’on ne dise pas que dans l’hypothèse où les Actes parleraient de la Galatie proprement dite, l’itinéraire suivi par saint Paul dans ses deux derniers voyages serait incompréhensible. Il nous paraît au contraire très naturel. Dans la seconde mission, Paul et Silas, traversant la Syrie et la Cilicie, arrivent à Derbé et à Lystres. Poursuivant la visite des Églises fondées au cours du premier voyage, ils auraient voulu prêcher