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GAGAR1N

GAGE

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Pierre et les livres liturgiques de l’Église russe, ibid., 1863. Tous ces ouvrages traduits en russe, en allemand et en anglais eurent un immense retentissement, surtout chez les peuples slaves. Profondément versé dans l’histoire religieuse de la Russie, le P. Gagarin abordait toutes les questions qui prêtaient matière à discussion, depuis les controverses soulevées au sujet des manuscrits slaves et de l’alphabet de saint Cyrille jusqu’aux derniers griefs formulés par M. Venioukof contre l’Église romaine. Ses articles se succèdent avec une fécondité étonnante dans le Correspondant, le Contemporain, l’Ami de la religion, les Préeis historiques, Univers et d’autres périodiques russes ou français, sans que jamais son immense érudition se soit trouvée en défaut même sur un point de détail, comme on peut le voir dans sa controverse avec la Revue de Posen, non moins que son remarquable talent d’écrivain, sa parfaite courtoisie d’homme du grand monde et sa touchante modestie de religieux. Aux ouvrages précédemment cités s’ajoutent bientôt une longue série de brochures ou de mémoires motivés par les circonstances et répondant à l’heure opportune aux principales dillicultés historiques ou dogmatiques accumulées par les adversaires de l’union des Églises : Constitution et situation présente de toutes les Églises de l’Orient, Paris ; L’Église romaine, le siège de Carlowitz et le patriarche de Conslanlinople, ibid., 1865 ; La réforme du clergé russe, ibid., 1867 ; Les Églises orientales unies, ibid., 1867 ; Mgr Lubienski, évéque d’Auguslowo, ibid., 1869 ; Le tecfe : Tu es Petrus etsuperhanepetram (Matth., xvi, 18) dans la version slavonnc de la Bible, Versailles, 1871 ;

jésuites de Russie, 1772-1785, Paris, 1872 ; Un nonce du pope à la cour de Catherine II. Mémoires

chetli, ibid., 1872 ; L’Église russe et l’immaculée conception, ibid., 1876 ; L’Église russe et l’Église catholique. Lettres au R. P. Rozaven, ibid., 1876 ; La question religieuse en Pologne, Berlin, 1877 ; L’impératrice Anne et les catholiques en Russie, Lyon, 1878. L’Infatigable activité du savant religieux n’était ni épuisée ni ralentie par ces absorbants travaux. De concert avec le P. Charles Daniel, son esprit clairvoyant et pratique, vivement touché par le sentiment des nécessités religieuses du temps présent, avait conçu le projet d’une revue doctrinale, consacrée à l’examen approfondi des questions de dogme, de philosophie ou d’histoire religieuse et se donnant pour mission, dans la mêlée confuse des attaques et des erreurs, dans le heurt incessant des opinions, de veiller plus pécialement au maintien et à ladéfense de l’orthodoxie. Ainsi parurent en 18Ô7 les Études de théologie, de philosophie et d’histoire, en deux séries de trois volumes, pour devenir bientôt après, sous le titre d’Études religieuses, l’importante revue dirigée par des Pères de la Compagnie de Jésus et dont la principale initiative appaitient au 1’. Gagarin. Ce saint religieux, qui avait fondé l’nion de prières pour la conversion de la . travaillai ! encore de toutes ses forces par ses i la conversion de la Russie et venait d’achever

iduction en russe d’une encyclique de Léon XIII, quand la morl le surpril.i Paris, en pleine dispersion,

juilli i 1882.

Bonunervogel, Bibliothèque de lu C </<.h mis. I. iii, col.

i. Brucker, filwles, t. < iv, p. sq. ; Russisclic

SUldienzurTheologU uiul (ïcschichle, l&57, pari. III, p. 64 iq.

p. Bernard,

GAGE. Le mot gage est pris dans deux sens bien

Tantôt mais.dois il est généralement

m pluriel — il signifie le salaire qu’on paie

domestique ; tantôt l’objet que l’on mel entre les

mains d’un créancier comme garantie du paiement de

ce qu’il a prêté. On s’occupera du gage entendu de la

premièn manière, quand on traitera de la rétribution

du travail, il ne s< ra question ii i que i onsl déré comme nantissement et du contrat auquel il sert d’objet. — I. N T otion. II. Espèces. III. Aperçu historique. IV. Choses qui peuvent être données en gage. V. Conditions requises che7. celui qui donne le gage. VI. Droits et obligations du créancier gagiste.

I. Notion.

Le gage est un contrat par lequel un débiteur remet un objet, meuble ou immeuble, à son créancier pour sûreté et garantie de sa dette. Ce contrat, comme tous les contrats réels, ne devient parfait que par la livraison ou prestation de la chose. Il suppose nécessairement l’existence d’une obligation à laquelle il se rattache et dont il vient garantir l’exécution. Quoique établi en faveur du prêteur, il lui impose de multiples devoirs. Il est à noter qu’il n’est pas de l’essence du contrat cjue le nantissement soit fourni par l’emprunteur lui-même ; il peut l’être par un tiers pour le débiteur, qu’il cautionne, ainsi, d’une certaine manière.

II. Espèces.

Les théologiens, comme les canonistes et les jurisconsultes, distinguent deux espèces de contrat dégage : le gage proprement dit et l’antichrèse. Il y a gage proprement dit — pignus, comme s’expriment le droit romain et le droit canon — lorsque la chose donnée en nantissement est un objet mobilier ; antichrèse, lorsque c’est un immeuble. L’antichrèse confère au créancier, jusqu’à ce qu’il soit intégralement payé, un droit de rétention sur l’immeuble et, en outre, un droit de jouissance, à la charge d’imputer le produit net de cette jouissance sur les intérêts d’abord et ensuite sur le capital de sa créance. Il reçoit la jouissance de l’immeuble en échange de la jouissance, qu’il confère au débiteur, du capital delà dette pour sûreté de laquelle l’antichrèse a été constituée. Dans l’antichrèse, comme dans le gage, la propriété de l’objet livré en garantie demeure tout entière à l’emprunteur.

On a rapproché l’hypothèque du contrat de gage. Les deux choses ne se confondent pas, comme certains ont incliné à le croire, quoiqu’elles aient l’une et l’autre le même but : garantir le remboursement d’une créance. L’hypothèque confère au créancier qui l’a prise le privilège d’être payé, sur le prix de l’immeuble hypothéqué, avant tous les autres créanciers. Cet immeuble ne lui est pas remis, comme il le serait dans l’antichrèse ; il reste en la possession du débiteur, seulement il y reste avec une charge qui ne disparaît qu’avec le paiement de la dette. Le propre du gage, au contraire, est de faire passer l’objet des mains de L’emprunteur dans celles du prêteur qui en reçoit livraison et en conserve la garde jusqu’à ce qu’il soit payé. C’est pourquoi on donne le nom de semi-gage, et non pas de gage simplement, au mobilier meublant un appartement loue, parce qu’il reste la propriété du locataire et demeure a son usage, quoiqu’il serve de nantissement au propriétaire de l’immeuble et qu’il ne puisse être enlevé, sans son consentement, tant que le loyer n’est pas payé.

Le gage et l’antichrèse ne doivent pas davantage être confondus avec le contrat pignoratif qui n’a servi, la plupart du temps, qu’à dissimuler une pratique usuraire sous les apparences d’une convention permise. M consistait en une vente à réméré simplement apparente, faite par un emprunteur à son prêteur, d’un objet que celui ei relouait aussitôt au

vendeur pour une somme déterminée, laquelle somme était censée représenter l’intérêt dû pour le capital prêté, Ce capital se trouvait garanti par la livraison de l’objet vendu ; mais comme la vente n’était pas

réelli. le vendeur pouvait rentrer en possession de son bien en payant sa dette. Le contrat pignoratif difté rait de la vente a réméré en ce qu’il ne faisait pas passeï l’objet entre les mains <iu créancier, el de l’antle en ce qu’il ne conférait pas au prêteur un