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FUITE PENDANT LA PERSECUTION

FULBERT

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blement plus haut que les laïques, même martyrs. S. Augustin, Episl. ad Honoralum, c. iv, P. L., t. xxxiii, col. 1015. Cf. S. Thomas, Sum. theol, IIa-IIæ, q. clxxxv, a. 5, in corp. et ad 2um ; De Lugo, Dispulalioncs scholasticue et mondes, disp. XIV, n. 12, 8 in-4°, Paris, 1868-1869 ; Marc, Insiitutiones mondes alphonsianse, part. II, sect. i, tr. I, De fuie Iheologicu, c. ii, § 2, n. 430, 2 in-8°, Rome, 1900, t. i, p. 284.

3. Celui qui fuirait, quand les ouailles ont besoin de son ministère, serait non un vrai pasteur, mais un de ces mercenaires dont parle le Sauveur ; mercenaire qui ne considère pas les brebis comme siennes, et qui, voyant venir le loup, s’enfuit en laissant le troupeau sans défense à la fureur de cette bête féroce qui le disperse et le tue. Joa., x, 12, 13. Les deux enseignements du divin Maître : celui par lequel il recommande ou conseille la fuite, et celui par lequel il la réprouve et la condamne, ne se contredisent pas, mais se complètent et s’éclairent l’un l’autre. Ce que le Seigneur défend, ce n’est pas précisément de fuir, mais d’abandonner le troupeau. Cf. S. Augustin, Episl. ad Hunuratum, c. VI, P. L., t. xxxiii, col. 1015. Le pasteur serait gravement coupable, si, même au temps de la paix, il refusait à ses ouailles les secours de son ministère ; mais combien plus grave serait son crime, s’il les leur refusait, au moment de la persécution, alors qu’elles en ont plus besoin que jamais ! c. vu-vin, P. L., t. xxxiii, col. 1016 sq. Cf. Décret de Gralien, part. II, caus. VII, q. i, c. 47, Sciscilaris. Que ces pasteurs indignes ne prétendent pas, alors, qu’ils se conservent à l’Église, pour des temps meilleurs, car c’est la peur de mourir qui inspire leur fuite, et non le sérieux désir d’être utile aux autres, c. x, P. L., t. xxxiii, col. 1017. Si, encore, quand la fuite est légitime, elle ne peut avoir lieu sans scandaliser les fidèles, il faut s’en abstenir. S. Augustin, loc. cil. Cf. S. Thomas, Sum. theol., toc. cit. ; In Joa., c. x, lect. iii, n. 2-3, Opéra omniu, t. xx, p. 134 sq. ; Suarez, De flde iheologica, disp. XIV, sect. iii, n. 12, Opéra omnia, t. xii, p. 390 sq.

4. Voici, pour terminer, des considérations générales qui s’appliquent à toutes les catégories de personnes envisagées précédemment : évêques, prêtres et simples fidèles. Quand la fuite est légitime, il ne s’ensuit pas toujours évidemment qu’elle soit obligatoire. On peut donc, alors, ne pas fuir, mais attendre tranquillement, en demandant à Dieu les grâces nécessaires pour combattre vaillamment jusqu’au bout le bon combat, et, en persévérant jusqu’à la fin, remporter la palme du martyre. Celui qui ne fuit pas ne se tue point, ce qui serait illicite ; il se borne à ne pas défendre sa vie, ce qui est acte de vertu, et même de perfection. Son but n’est pas de pousser les persécuteurs à un nouveau crime ; mais il ne s’y oppose pas, dans le désir qu’il a de confesser publiquement sa foi. On ne pourrait pas opposer à cette proposition les paroles de Notre-Seigneur : Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. Matth., x. 23. Ces paroles, en effet, sont moins un précepte qu’un conseil dont l’observation dépend des circonstances ; et elles signifient simplement que la fuite, en principe, est permise, sauf les exceptions comportées par les cas particuliers envisagés plus haut.

Qu’on ne dise pas, non plus, qu’il y a opposition entre cette proposition et celles qui ont été soutenues et prouvées au cours de cet article. Celles-ci n’ont eu aussi pour but que de démontrer la licéité de la fuite, et non sa nécessité, sauf le cas où il y aurait, pour un individu, péril prochain de renier sa foi dans les tourments ; car, alors, la fuite serait obligatoire sub gravi, comme la fuite de toute occasion prochaine de péché grave. Voir Fuite des occasions de péché, col. 951.

En résumé donc, sauf les exceptions indiquées, fuir ou ne pas fuir est chose moralement indifférente, puisque l’un et l’autre sont également licites. Entre les deux, chacun peut donc choisir, suivant les circonstances, son attrait et l’impulsion des grâces que Dieu lui donne. Cf. cardinal Cajélan, In Matth.. e. x ; Suarez, De flde Iheologica, disp. XIV, sect. iii, n. 11, Opéra omnia, t. xii, p. 390 ; Salmanticenses, Cursus llieologicus, tr. XVII, disp. VII, dub. i, § 2, n. 18, t. xi, p 357.

S Thomas, Sum. theol., 1V II » , q. ni ; q. clxxxv, a."> ; Opusc, XVIII, c. xix-xx ; In Joa., x, lect. m ; In I" Cor., i. in fine ; In II- » Cor., ii, in fuie, Opéra omnia, 34 in-4°, Paris, 1871-1880, t. IV, p. 504 sq. ; t. xx, p. 133 sq. ; Suarez, De fide Iheologica, disp. XIV, sect. iii, n. 8-13, Opéra omnia, 28 in-4°, Paris, 1856-1878, t. xii, p. 389-391 ; Salmanlicenses. Cursus Iheologicus, tr. XVII, De fide Iheologica, disp. VII, dub. i, § 2, 20 in-8°, Paris, 1870-1883, t. xi, p. 353-357 ; Mœhler et Rcithmayr, La patrologie ou histoire littéraire des trois premiers siècles de V Église chrétienne, part. I, § 1, n. 4 ; part. III, n. 9, 2 in-8°, Paris, 1843, t. i, p. 128-130 ; t. a, p. 333 sq. ; Mgr Freppcl, Les Pères apostoliques et leur époque, leçons xv-xviir, in-8°, Paris, 1859, p. 321-405 ; Tcrtullien, leçons xiii, xiv, 2 in-8°, Paris, 1864, t. i, p. 274-277, 290 sq., 310-321 ; Clément d’Alexandrie. leçon xiv, in-8°, Paris, 1865, p. 318 ; E. Jolyon, La fuite de lu persécution pendant les trois premiers siècles du christianisme, Lyon, 1903 ; A. d’Alès, La théologie de Terlullien< Paris, 1905, p. 454-460 ; S. Alphonse, Theologia moralis. I. II.tr I, c. iii, n. 14. édit.Gaudé, 41n-4°, Rome, 1905-1912. t. i, p. 306 ; Palmieri, Opux theologicum morale in Busembaum medullam, tr. V, sect. i, c. iii, n. 82, 7 in-8°, Prato, 1889-1893, t. ii, p. 31 ; Schwane, Histoire des dogmes. Période anténicéenne, part. IV, § 77, 6 in-8°, Paris, 1903, 190 4, t. i, p. 694 ; Bardenhewer, Les Pères de F Église, leur vie et leurs écrits, I re période, 1. I. g 9 ; 1. V, c. ii, § 50, n. 8 ; IIe période, c. i, §83, 3 in-8°, Paris, 1905, t. i, p. 66-82, 339 ; t. ii, p. 36, 41.

T. Ortolan.

    1. FULBERT##


FULBERT, évêque de Chartres (960 environ-1028).

— I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine théologique.

I. Vie.

Fulbert, l’un des plus grands et des plus savants évêques du xi c siècle, était originaire d’Italie, probablement des environs de Rome. Voir sa lettre à Einard, P. L., t. cxli, col. 192. Il naquit vers 960, d’une famille pauvre et de condition vulgaire : non opibus neque sanguine frelus, conscendi catiiedram pauper de sorde levalus : il fut élevé et instruit dans une école épiscopale ou du moins ecclésiastique : Te de pauperibus natum suscepil alendum Christus… Xam puero faciles providit adessc magistros. P. L., t. cxli, col. 346, 347. Il eut pour maître un évêque d’Italie, qui le fit clerc et dont il nous rapporte un entretien curieux sur l’usage qu’avaient alors les évêques de donner aux prêtres ordonnés une hostie consacrée dont ceux-ci devaient se communier pendant quarante jours après leur ordination. P. L., t. cxli, col. 190.

Il dut ensuite passer à Rome et y fréquenta, nous ne savons à quel titre, la bibliothèque romaine, de laquelle il emprunta un volume. C’est là peut-être qu’il connut le futur pape Jean IX, P. L., t. cxli, col. 241, et le fameux Gerbert.

11 vint à l’école que celui-ci tint à Reims et s’y rencontra avec le roi Robert, dont il fut l’ami, et avec les autres disciples de ce grand maître, sans doute entre 981 et 992. Puis il fut attiré par les écoles de Chartres où s’étaient déjà rendus Héribrand, Richer (991), Herbert, pour y étudier la médecine.. Il ne tarda pas d’y être nommé maître et chancelier et compta de nombreux élèves. En 1004, il était aussi diacre et chanoine. En 1006, la faveur de Robert le fit élire évêque et il fut sacré, fin d’octobre ou commencement de novembre, par Léothéric, archevêque de Sens. Il a raconté ses craintes et ses soucis d’alors à l’abbé de Cluny, Odilon. P. L.. t. cxli, col. 316. Évêque, il cessa