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Origène distingue très réellement la « foi » des autres vertus auxquelles il donne tout autant de part dans la justification et le salut : « Le premier commencement du salut et son fondement, c’est la foi ; le progrés de l’édifice, c’est l’espérance ; le sommet et l’accomplissement de l’ouvrage, c’est la charité. » In Epist. ad Rom., iv, n. 6, P. G., t. xiv, col. 981. « Ce que l’Écriture dit de la foi, qu’elle a été comptée à Abraham pour la justice, ne peut-on pas le dire de la charité, ou des autres vertus, piété, miséricorde… ? » Ibid., col. 982. Pour lui, « croire au Christ » , c’est admettre les vérités qu’il a révélées et que son Église conserve : « Comme plusieurs de ceux qui font profession de croire au Clirist sont en désaccord, même sur des points importants…, il faut fixer d’abord une règle sûre. On devra croire comme vraie cette doctrine-là seulement qui ne s’écartera en rien de la tradition ecclésiastique et apostolique. » Periarchon, 1. I, n. 1, 2, P. G., t. xi, col. 115, 116. Non seulement la foi est un acte intellectuel, mais plus elle s’enrichit de connaissance, plus elle est parfaite d’après lui : « Celse a prêté aux chrétiens ce principe : la sagesse ici-bas est un mal, la sottise est un bien. Mais c’est une calomnie, et une infidèle citation de Paul, qui ne dit pas, tout court : la sagesse est sottise devant Dieu, mais : la sagesse de ce monde. I Cor., iii, 18, 19. La sagesse de ce monde, c’est la fausse philosophie… De plus, notre doctrine elle-même reconnaît qu’il est bien préférable d’adhérer aux dogmes en se servant du raisonnement et de la sagesse, qu’en se servant de la simple foi, » nexà i|>iXf, c Jrfotewç. Sans doute, Dieu se contente de celle-ci, car il a voulu ne laisser personne dénué de tout secours. Mais on peut voir d’après saint Paul, I Cor., i, 21, « que le plan divin était que l’on connût Dieu dans la sagesse de Dieu ; et c’est parce que les hommes ne l’ont pas réalisé, que Dieu a voulu conséquemment sauver les croyants, non pas simplement par la sottise, mais par la sottise de la prédication, … laquelle prêche Jésus crucifié, … sottise pour les grecs. » Conl. Cclsum, 1. I, n. 13, P. G., t. xi, col. 680.

Cette étude des Pères se complétera de tout ce que nous en citerons sur le motif spécifique de la foi chez les Pères, col. 98 sq.

Après cela, on s’étonne de rencontrer l’assertion suivante d’un auteur catholique : « Celte même conception d’une foi qui est la tradition totale de l’homme à Dieu, nous la retrouvons partout, dans saint Paul, dans les Pères qui n’y voient point une simple adhésion intellectuelle à une connaissance testimoniale, mais le don de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu pour le temps et l’éternité. » F. Mallet, Qu’est-ce que la loi ? 2e édit., Paris, 1907, p. 39. Et pour cette conception plutôt protestante de la foi, on nous apporte, en fait de textes de Pères, un seul texte de Clément d’Alexandrie, dans lequel ne figure pas même le mot ffforiC, et où il est question avant tout de la charité,

Ce qui confirme nos témoignages des Pères, c’esl <[iic les protestants contemporains, plus soucieux et mieux informés de l’antiquité chrétienne que leurs frères d’autrefois, n’essaient pas de nous les disputer. D’aucuns cherchent : i en éluder la force en disant que, « dès le temps des I toliques, l’enseignement de saint Paul sur la foi a été bientôt obsenrei dans e chrét enne : enfin Luther vint, » etc. Ainsi la Realencyclopàdie déjà citée, t. vi, p. 676. Borni nous à observer que, même en prenant la tradition en dehors de toute ; iss ! s t : n i<. divine, humainement, historiquement, il est mille fois plus vraisemblable que l.i doctrine de Paul ait été obscurcie pal Luther, un moine’qui vivait quinze siècles après lui, et adaptail les textes -i -es anxiétés de conscience et à un système de son invention, que par les témoins les plus rap proches des apôtres, qui avaient conversé avec eux ou vivaient peu après, donc bien mieux informés de leur langage et de leur pensée ; d’autant plus que ces premières générations chrétiennes ne faisaient pas de systèmes, et s’attachaient simplement à bien conserver ce que les apôtres leur avaient transmis.

III. Les documents ecclésiastiques.

L’Église catholique est fidèle au langage comme à la pensée des Pères :

Le concile de Trente.

1. Ce qu’il appelle « foi » n’est pas l’ensemble des actes requis pour la justification, mais seulement la première des « dispositions » qu’il énumère, et « croire » a pour objet le vrai, credenles vera esse, etc. Sess. VI, c. vi, Denzinger, n. 798. « La foi, si l’espérance et la charité ne viennent s’y joindre, n’unit point parfaitement au Christ et ne rend point membre vivant de son corps, » c. vii, n. 800. Cependant « c’est une vraie foi, bien qu’elle ne soit pas la foi vive ; et celui qui a la foi sans la charité, est chrétien, » can. 28, n. 838. — 2. Explication authentique de saint Paul : « Quand l’apôtre dit que l’homme est justifié par la foi…, il faut l’entendre en ce sens… que la foi est le commencement du salut de l’homme, le fondement et la racine de toute justification, » c. viii, n. 801. Donc « anathème à qui prétend que l’impie est justifié par la foi seule, entendant par là que rien d’autre n’est requis et ne coopère pour obtenir la grâce de la justification, » can. 9, n. 819. — 3. La foi qui sert à la justification ne doit pas être confondue avec la confiance du pardon, laquelle d’ailleurs ne suffit pas : « Anathème à qui prétend que la foi justifiante n’est pas autre chose que la confiante en la divine miséricorde pardonnant les péchés à cause du Christ ; ou que cette confiance est la seule chose par laquelle nous soyons justifiés, » can. 12, n. 822.

Le concile du Vatican.

1. Sa définition du mol foi : « Par cette foi qui est le commencement du salut de l’homme, l’Église catholique entend une vertu surnaturelle par laquelle…nous croyons que le contenu de la révélation divine est vrai, » a(Dco) revclala vera esse credimus, etc. Sess. III, c. ni, Denzinger, n. 1789. C’est la foi-croyance, qui a pour objet le vrai et s’appuie sur un témoignage véridique, celui de Dieu, qui nec falli nec fallerc potest. Ibid. Elle est séparable île la charité : « La foi prise en soi, même quand elle n’est pas animée par la charité, est un don de Dieu, et son acte est utile pour le salut. » Ibid., n. 1791. — 2. Dans cette session du Vatican, la nature intellectuelle de l’acte de foi apparaît encore de bien des manières soil par son objet, qui consiste en des dogmes à admettre, c. ni, n. 1792 ; soit par son antagoniste, le doute (phénomène intellectuel, bien qu’influencé par la volonté), n. 1791, 1814 ; soit par le genre connaissance, auquel la « foi » appartient, et dans lequel elle constitue une espèce, un ordre à part, c. iv, n. 179.") ; soit par les rapports de la foi avec la raison naturelle ou science, n. 1798. 1799 ; rapports qui impliquent manifestement que la foi rencontre la science dans le même plan, sur le même terrain intellectuel.

lin fin le concile nous parle d’une » doctrine de foi, c. iv, n. 1800 ; d’un » assentiment de foi chrétienne -, < m..">, De fuir, n. 181 I : « les < dogmes de la foi » , can. 1. De ftde et rattone, n. 1816.

La documents de Pie X sur le modernisme.

1. L’encyclique Pascendi, 1907. La conception catho lique île la foi, nous le venons plus bas, suppose essentiellement le fait d’une révélation s’adressant du de hors à l’intelligence, et Certains motifs de Crédibilité « pli, en prouvant ce fait, rendent raisonnable o t assentiment aux vérités révélées, qui est la « foi Or, les modernistes, en vertu de leur agnosticisme. écartent ti éléments essentiels : < Qu’advient-il, après cela, de la théologie naturelle, des motifs I.