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FRÈRES PRÊCHEURS (LA THÉOLOGIE DANS L’ORDRE DES)


corruptorii s’en occupèrent aussi. L’affaire ayant pris au temps de Jean XXII des proportions désastreuses, après un sérieux examen, le pape condamna comme erronées et hérétiques les propositions affirmant que le Christ et les apôtres n’avaient rien possédé, et qu’ils ne pouvaient faire acte de propriétaires dans l’usage, la vente, l’achat ou la commutation (12 novembre 1323. Cum intcr nonnullos). F. Ehrle, Archiv fur Lil.-und Kirchengeschichte, t. iii, p. 517 ; A. Ott, Thomas von Aquin und das Mendikanlentum, Fribourg-en-Brisgau, 1908 ; A. G. Little, The grey Friars in Oxford, Oxford, 1892, p. 320 ; F. Tocco, La queslior.e délia poverlà nel secolo xiv, Naples ; Balthazar, Geschichte des Armulslreiles im Franziskanerorden bis zum Konzil von Vienne, Munster, 1911 ; Jacques de Voragine, Defensorium contra impugnantes fraires prœdicatores (quod non vivant secundum aposlolicam vilam), Venise, 1504, 1516 ; Raynaldi, Annales, ad an. 1323, n. 61.

3. Une autre querelle théologique éclata entre les prêcheurs et les mineurs, relativement au..ang du Christ répandu dans la passion. Les derniers prétendaient qu’il avait cessé d’être uni à la divinité, tandis que les premiers prétendaient le contraire. La question avait été soulevée une première fois à Barcelone, en 1351, mais elle reprit en Italie, en 1362, à l’occasion de la prédication tenue le jour de Pâques de cette année par le frère mineur Jacques de la Marche, à Brescia. Pie II évoqua l’affaire à son tribunal, et des disputes instituées devant le pape aux fêtes de Noël durèrent trois jours. La majorité des cardinaux et le pape lui-même se prononcèrent en faveur de l’opinion dominicaine ; mais il ne fut porté aucune condamnation. Le pape défendit aux deux parties (1 er août 1464) d’agiter cette question. Les ors qui défendirent l’opinion des prêcheurs furent Dominique des Domenichi, évêque deTorcello, unhaut personnage du clergé séculier, dont la mémoire a été publié, De sanguine Cliristi tractalus, Venise, 1557 ; et religieux dominicains, délégués par le maître gé-I de l’ordre Conrad d’Asti, à savoir, Gabriel de B i clone, Jacques de Brescia et Vercellin de Verceil. uitre prêcheur Barthélémy Lapacci de Florence, que démissionnaire de Coron, écrivit aussi, peu i, un traité De divinilale sanguinis Christi. On trouve toute la littérature de cette question dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris (Int. 12390, fol. 1-78). L. Pastor, Geschichte der 1 iil>oiirg-en-Brisgau, t. n (1904), p. 197 ; Morlotre dis mutins généraux de l’ordre des frères t. iii, [>. 287 ; t. iv, p. 413 ; Benoit XIV, De licationc et canonizaiione sanctorum, 1. II, c. xxx. I. le xiv siècle vit. avec Durand de Saint-Pour-P. , ri Guillaume Occam, O. M., s’ouvrir la philosophique que l’on a appelée le nominainité de cette suite de philosophes et de théoii n’admettent pas la réalité dos raisons communes, mais simplement des singuliers, correspond à théorie fondamentale. Ce sont des esprits dont philosophiques et théologiqurs sont

qui ont cela de commun : leur impuisevoii la métaphysique. Ils suppriment

l’univei dire au seul Inter l’esprit puisse passer du mondi

I mond il Ituel, et réduisent ainsi la pin

phie a un simple empirisme. La plupart sont des âmes

nalriens qui équiparent li avec

là le nom de terministea qu’ils ont

les grands agents de la déi adence

! ’fin du I éOOle thomiste

elle invasion qui lit le tour

i Europe, mail tut ; mssi souvent

Paris, ou Louis l porta

PICT, Dl TllfOI.. CATHI i.

un décret (1 er mars 1473) pour interdire cette manière d’enseignement. On a souvent placé le prêcheur anglais Robert Holcot parmi les nominalistes, mais cela me paraît assez mal établi. Jourdain, La philosophie de saint Thomas, t. ii, p. 216 ; Baluze-Mansi, Miscellanea, Lucques, t. n (1761), p. 293 ; du Boulay, Hist. univ. paris., t. v, p. 706 ; K. Werner, Die nominalisirende Psychologie der Scholaslik des spàtercn Mitlclalters, Vienne, 18.S2.

5. L’averroïsme, contre lequel Albert le Grand et surtout Thomas d’Aquin avaient si énergiquement combattu, ne disparut pas complètement avec la condamnation parisienne de 1277. Il reparut au temps de Philippe le Bel et se continua sous des formes plus ou moins atténuées. Au début du xvie siècle, les débats se rouvrirent, en Italie, et les frères prêcheurs s’y trouvèrent très activement mêlés. Le général de l’ordre, Thomas de Vio, dit Cajétan, publia un commentaire sur le De anima d’Aristote, Florence, 1509, où, abandonnant la position prise jadis par saint Thomas, il soutient que le Stabilité n’a pas enseigné l’immortalité individuelle, mais l’immortalité collective de l’âme humaine ; Cajétan, toutefois, déclarait très explicitement qu’en cela la doctrine d’Aristote est philosophiquement erronée. Il s’agissait, en somme, d’un problème de critique philosophico-historique. Quelques années après, le concile de Latran, par son décret du 19 décembre 1513, condamnait, non seulement l’enseignement averroïste, mais exigeait, en outre, que les professeurs de philosophie résolussent les arguments contraires des philosophes, ce que Cajétan n’approuvait pas, réservant cet office aux seuls théologiens. Mansi, Concil., t. xxxii, col. 842. Pierre Pomponazzi, ayant publié à Bologne, en 1516, son traité De immorialilale anima, dans le sens averroïste, tout en faisant profession expresse de fidélité à l’enseignement chrétien, souleva de nombreuses polémiques et fut tenu pour suspect. Chrysostome Javelli, un philosophe de marque, régent en théologie au couvent de Saint-Dominique, de concert avec l’autorité ecclésiastique et sur la demande de Pomponazzi, chercha à tirer ce dernier du mauvais pas où il s’était engagé, en rédigeant un bref exposé théologique de la question qui serait joint, à l’avenir, à l’ouvrage de Pomponazzi. Mais les polémiques ne devaient pas s’arrêter de si tôt. Plusieurs dominicains entrèrent en lice. Jérôme de Foi-maths soumit a l’examen la polémique de Pomponazzi avec Augustin Nifl, car il lui semblait que la doctrine des deux philosophes appelait des

rectifications, Bologne, 1519. Barthélémy Spina, qui

devait devenir plus tard maître du sacré palais, s’en prit, dans trois écrits, à Thomas Cajétan. devenu cardinal. et à Pierre Pomponazzi, Venise, 1519.. Il dirigea contre le premier son Propagnaculum Aristotelis de immorlalilale anima contra Thomam Cajetanum. Spina, qui

était l’admirateur de Cajétan et avait soigné l’édition de ses commentaires sur la II’il", Venise, 1518, en

la faisant précéder d’un superbe éloge de I auteur. n’hésite pas ; i BCCUSeï (.ajétan d’avoir ouvert la voie à Pomponazzi. Isidore de Isolants connu de par ailleuis par le premier traité que l’on ait écrit sur saint Joseph, publia aussi un traité sur cette même rpics

lion de l’immortalité de l’Ame, Milan. 1520. Enfin Chrysostome Javelli composa lui-même, en 1533, une étude sur l’immortalité de l’âme, dans laquelle il réfu

tait le point de vue de Cajétan et celui de Pomponazzi.

Cft. Javelli Opéra, Venise, 1577, t. m. p. 52. Cajétan

maintint non seulement s ; i position à l’égard de ce

qu’aval ! été la pensée d’Vrlstote, mail déclara en

quc l’immortalité de l’Ame tait une vélité de fol et

que la philosophie ne pouvait la confirmer que pi raisons probables. In Ecclesiaslen (1534), c. i. i Piorentlno, Ptetro Pomponaut, Florence, 1808.

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