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FRAYSSINOUS


tique au séminaire de Saint-Sulpice ; en 1801, commencent dans l’église des carmes ses catéchismes raisonnes ; en 1803, les conférences ont lieu à Saint-Sulpice, dans la chapelle des Allemands ; puis, dans l’église. C’est alors (en septembre 1806) qu’il cesse d’appartenir à Saint-Sulpice, afin d’être tout entier à ses conférences. Fouché, préfet de police, lui reproche de prêcher le cagotismc, et voulait lui faire recommander la conscription militaire ; l’intervention du ministre des cultes Portalis ne le sauva que temporairement ; la volonté de l’empereur, irrité par l’excommunication (1809), interrompit ses conférences. Successivement chanoine honoraire, puis titulaire en 1810, Frayssinous est nommé par Fontanes inspecteur de l’académie de Paris. Après les Cent Jours qu’il passe en Rouergue, il se lie aux missionnaires de France dont il devait prononcer l’apologie (1819), et les aide de ses conseils et de son expérience oratoire. En 1816, il donne des conférences à Bordeaux, refuse l’évêché de Nimes. Deux ans plus tard, il publie Les vrais principes de l’Église gallicane sur le gouvernement ecclésiastique, la papauté, les libertés gallicanes, la promotion des évêques, les trois concordats et les appels comme d’abus : livre d’un gallicanisme mitigé, fait pour défendre le concordat de 1817 ; 2e édit, Paris, 1818 ; 3e édit., 1826. Le 8 mai 1819, Frayssinous prêche le panégyrique de Jeanne d’Arc à Orléans. Voir Ami de la religion, 1819. La même année, le 8 octobre, il est nommé vicaire général du cardinal de Périgord, archevêque de Paris, puis premier aumônier du roi. Il refuse l’évêché d’Amiens, incompatible avec sa charge de cour, et devient évêque d’Hermopolis ; il est sacré à Issy, dans la chapelle de Notre-Dame de Lorette, le. Il juin 1822, et le même jour, y donne la tonsure à son ancien pénitent, Xavier de Ravignan. Le 1 er juin 1822, Louis XVIII avait nommé l’évêque d’Hermopolis grand-maître de l’université ; le 23 juin, il était élu à l’Académie ; le 31 octobre, il devenait pair de France ; le 26 août 1824, ministre des affaires ecclésiastiques et de l’instruction publique, jusqu’en mars 1828, où l’évêque de Beauvais, Feutrier, le remplaça. Sous le ministère Polignac, Frayssinous fut encore chargé, pour suppléer le ministre laïque de Montbel, de désigner aux nominations épiscopales. En 1830, il se souvient qu’il est premier aumônier, et se rend aux Tuileries au premier bruit de l’insurrection ; on put l’en faire sortir, avant que l’émeute y pénétrât ; il trouve un refuge à Saint-Lazare, voir Crapez, Vie de la vén. Catherine Labouré, p. 56, puis chez les dames du Sacré-Cœur. Il se rendit à Rome, où il passa deux ans. Il est appelé le 26 août 1833 à remplacer les PP. Drulhet et Déplace, S. J, comme précepteur du duc de Bordeaux, à Prague, puis à Goritz. C’est là que, suivant le mot du comte de Marcellus « d’un exil auguste il fut le Fénelon. » Quand l’éducation du jeune prince fut terminée, il rentra à Paris, le 12 octobre 1838, puis se retira dans son pays natal en 1839 ; il s’éteignit à Saint-Géniez, le 12 décembre 1841. Il avait légué ses papiers à Saint-Sulpice.

II. Le grand-maître de l’université. — Après Vaulabelle, Histoire de la Restauration, t. vi, p. 176, et tous les écrivains hostiles à l’Église, l’Histoire générale explique ainsi la nomination de Frayssinous. « La Congrégation, que Montmorency représentait dans le ministère, dictait la nomination de l’abbé Frayssi-nous, évêque d’Hermopolis, à la dignité de grandmaître de l’université, spécialement restaurée pour lui. » Légende fort bien réfutée par G. de Grandmaison, La Congrégation, c. xiii, et que Frayssinous, dans son discours du 25 mai 1826, voir Ami de la religion, 1826, avait déjà pris soin de démentir. Il apportait à cette tâche malaisée un vrai zèle sacerdotal, et aussi ce loyalisme intempérant, si caracté ristique de la Restauration : « Celui qui aurait le malheur de vivre sans religion, ou de ne pas être dévoué à la famille régnante, devrait bien sentir qu’il lui manque quelque <hose pour être un digne instituteur de la jeunesse, » porte la première circulaire de Frayssinous aux fonctionnaires de l’université (17 juin 1822). Voir Ami de la religion, 1822, p. 207. Mais, malgré son désir « de voir régner toujours l’accord le plus parfait entre le sacerdoce et l’universii (circulaire aux évêques, Ami, 1822, p. 358), Frayssi-nous avouait « qu’il n’espérait pas fajre beaucoup de bien dans l’université, mais seulement y empêcher beaucoup de mal. » Il a signalé dans ses notes, voir Henrion, t. ii, p. 354, l’infériorité morale des écoles ouvertes après la Révolution, et incorporées sans épuration dans l’université. Frayssinous voulut (le conseil qui l’entourait n’avait que voix consultative ) introduire des prêtres dans l’administration des collèges ; et même en 1824 il désigna, pour des charges de recteurs, quelques ecclésiastiques et des magistrats ; mais le clergé était déjà impuissant à faire face au ministère paroissial ; quant aux religieux, leur petit nombre et l’animosité qui les poursuivait rendaient difficile leur emploi dans ces établissements.

Dès octobre 1822, le grand-maître suspend le cours d’histoire moderne de Guizot, puis le cours de philosophie moderne de Royer-Collard. Il veille à assurer l’enseignement religieux dans les lycées ; en 1823, il réorganise la faculté de médecine, et y donne une chaire à des hommes qui devaient l’illustrer : Récamier et Laënnec.

Lamennais, avec toute son âpreté, s’attaquait au nouveau ministre, Drapeau blanc, 22 août 1823 : « N’a-t-on voulu que placer le désordre sous la protection d’un nom respecté… ? Une race impie, dépravée, révolutionnaire se forme sous l’influence de l’université. .. que les écoles cessent enfin d’être les séminaires de l’athéisme et le vestibule de l’enfer. » Il articulait ensuite des faits restés fameux de sacrilège et d’immoralité, qui justifiaient beaucoup mieux ses réclamations que les observations sévères dont Mgr de Quélen les accueillit.

En 1823, l’abbé de Scorbiac, à la demande de Frayssinous, prêcha avec succès des retraites dans les collèges de Rouen, Bourges, Clermont, Limoges, Cahors, Grenoble, Lyon, Moulins. Voir Ami de la religion, 1821. p. 123. A cette excellente innovation, Frayssinous voulait en joindre une autre par la création d’une maison de hautes études ecclésiastiques. Circulaire aux évêques, Ami, 1825, p. 191. Ce projet échoua ; l’archevêque de Paris voulait maintenir sa juridiction sur cette école ; pour assurer l’indépendance vis-à-vis de l’ordinaire, il eût fallu recourir à Rome, ce qui eût été difficile quand on avait annoncé l’institution d’un foyer de gallicanisme. Frayssinous n’était plus ministre à la promulgation des ordonnances de 1828. Consulté par le roi, il avait répondu que personnellement il n’aurait pas voulu les signer ; mais que, si la nécessité, dont le roi seul était juge, l’exigeait, ce n’était pas criminel. Le 14 juin 1828, un député demanda la mise en accusation de Fravssinous. Ami, 1828, p. 337.

III. L’apologiste. — Les conférences avaient eu le début le plus modeste ; elles « n’étaient dans le principe que des entretiens ou dialogues sur la vérité de la religion entre lui et l’abbé Clausel de Coussergues. » Faillon, Vie de M. Émcrij, t. ii, p. 5. Elles parurent sous le titre de Défense du christianisme ou Conférences sur la religion, in-12, Paris, 1825, et elles comprenaient celles qu’il avait prononcées de 1803 à l v et de 1814 à 1822. Elles ont compté en France 17 éditions ; il y en eut des traductions anglaise, italienne, espagnole et allemande. Ces conférences avaient pour