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FRANÇOIS DE SALES (SAINT)


leur application et par la captivité à laquelle ils soumettent l’homme tout entier, » t. i, p. lxviii.

Ajoutons un mot sur sa doctrine de l’oraison et de la communion fréquente.

L’« oraison » , que saint François de Sales enseigne à Philothée, et la « méditation » , qu’il explique à Théotime, sont ce que les auteurs modernes appellent oraison affective. Cf. Poulain, Les grâces d’oraison, part. I, c. il. La méditation qu’il demande est « une pensée attentive réitérée ou entretenue volontairement en l’esprit, afin d’exciter la volonté à de saintes et salutaires affections et résolutions. » Il n’aimait point les longs discours en l’oraison : où une seule considération suffit, il n’en faut pas prendre plusieurs. « Il faut lascher la bride aux affections ; » « en ces affections nostre esprit se doit cspancher et estendre le plus possible. » L’oraison affective conduit l’âme à l’oraison de simplicité ou de simple remise en Dieu, qui n’est autre chose qu’une des formes de la contemplation ordinaire. Voir Contemplation, t. iii, col. 1622. C’est l’entendement, dans cette espèce d’oraison, mais c’est le plus souvent la volonté qui agit et « contemple » , en se remettant à la volonté de Dieu. Cf. Traité de l’amour de Dieu, 1. VI, c. iv. Cette oraison de simple remise en Dieu devint bientôt habituelle à la Visitation. Le saint en a parlé d’une façon générale dans le Traité de l’amour de Dieu, loc. cit., et dans les Entretiens spirituels, entr. n et xviii, t. vi, p. 29, 349.

Au sujet de la communion fréquente, saint François de Sales fut un précurseur : il fut l’un des champions les plus marquants dans le courant de réaction qui se forma avant et après le concile de Trente, contre les habitudes qui éloignaient les fidèles de la sainte table depuis plusieurs siècles déjà. Après avoir pratiqué lui-même la fréquente communion, telle qu’on l’entendait alors, et s’en être fait l’apôtre dès sa jeunesse, devenu prêtre et évêque, il la prêche du haut de la chaire, il l’enseigne dans ses livres, il y conduit les âmes, comme confesseur et comme directeur. Il donne aux visitandines, dans leurs Constitutions, plus de communions que n’en avait aucun institut religieux en France à cette date. Et il est intéressant de suivre dans ses Lettres la méthode, la lactique, si je puis parler ainsi, par laquelle il conduit les âmes pedetentim de la communion éloignée à la communion mensuelle, puis à la communion de tous les quinze jours, puis à la communion hebdomadaire, la « fréquente communion » d’alors. Quand il trouvait une âme docile et généreuse, au risque de se heurter aux préjugés des prêtres et des religieux les plus saints et les plus savants, il poussait discrètement à une communion toujours de plus en plus fréquente : sainte Chantai fut bientôt conviée par lui à la communion de tous les jours, presque inouïe a cette époque.

On serait porté de nos jours à lui reprocher la sévérité de la règle qu’il donne dans l’Introduction a In a, dévote, part. II, c xx, pour la communion fréquent i-dire hebdomadaire), règle qui impose de ne pas garder d’affection au péché véniel. Si saint François de Sales apparaît plus exigeant que d’autres sur la condition de la pureté de la conscience, en revanche, quand il rencontre cette pureté, il est en avance sur les théologiens et les directeurs « le son temps pour autoriser la fréquence des communions, et historiens rapportent qu’il eut à subir maintes sujet. Au fond, la pensée par laquelle il me tout son enseignement n’cst-elle pas « elle la même qui a inspiré le décrel de pie — Deua sortes as doivent souvent communier : les parfait/ parce tans bien disposés, ilz auroyent grand tort de ne point s’approcher de la sourci < foui. une de perte* lion, 1 1 les imparfait/, afliu de pouvoir justement prétendre à la perfection ; les fort/, affin qu’ils ne de viennent foibles, et les foibles affin qu’ils deviennent lortz ; les malades affin d’estre guéris, les sains affin qu’ilz ne tombent en maladie. » Introduction à la vie dévote, part. II, c. xxi. Voir R. Pernin, Rapport au congrès eucharistique de Vienne, 1912, sur saint François de Scdes et la communion fréquente, dans les Annales salésiennes, Paris, septembre et octobre 1912.

4° La théologie mystique (en prenant ce mot mystique dans son acception actuelle et non dans celle que lui donne saint François de Sales), a, chez ce saint docteur, les trois mêmes qualités. — 1. Son enseignement est solide et sûr, appuyé qu’il est sur les auteurs approuvés et en particulier sur sainte Thérèse, dont le saint avait fait une étude à fond, et sur son expérience personnelle. Bossuet, induit en erreur par les paroles trop humbles du saint et par le désir de triompher de Fénelon, dit qu’en 1610 l’évêque de Genève ne connaissait pas encore l’oraison de quiétude. Cf. Poulain, op. cit., c. xxviii, n. 23. Les témoins de sa vie parlent autrement : sainte Chantai, Déposition, a. 33 ; dom Jean de Saint-François, qui fait, au procès de canonisation, déclaration que ce bienheureux enseigna « non pas tant ce qu’il sçavoit que ce qu’il sentoit, » Process. remiss. Paris. ; et l’un de ceux qui l’ont le plus intimement connu, le Père de Coëx, affirmait : « Il n’écrivit rien qu’il n’eut receu du Saint-Esprit, et mille fois gousté et expérimenté. » Son enseignement mystique était fondé enfin sur l’expérience qu’il acquit dans les premières années de la Visitation, avec la sainte mère de Chantai d’abord, et ensuite avec les religieuses de la fondation. « L’immense bonté de Dieu, dit la mère de Chaugy, Mémoires, part. II, c. ii, gratifiait ces chères âmes de faveurs du tout surnaturelles. Par la grâce divine plusieurs eurent en peu de temps des oraisons de quiétude, de sommeil amoureux, d’union très haute ; d’autres des lumières extraordinaires des mystères divins où elles étaient saintement absorbées ; quelques autres de fréquents ravissements et saintes sorties hors d’elles-mêmes pour être heureusement toutes arrêtées et prises en Dieu, où elles recevaient de grands dons et grâces de sa divine libéralité. » Il s’agit ici des mères Favre, de Bréchard, de Clialel, de Blonay, de la Roche et Anne-Marie Rosset surtout, dont la vie était une suite ininterrompue d’opérations surnaturelles de l’ordre le plus élevé : saint François de Sales l’a eue en vue dans la composition de plusieurs chapitres des I. VI-YIII du Traité de l’amour de Dieu.

2. Son enseignement était clair, ordonné, à la portée de tous les esprits, en des matières fort relevées cependant et peu nettes dans les auteurs. Il ne veut pas traiter des « suréminenecs, » qu’il n’entend pas. Préface du Traité de l’amour de Dieu. Il ne s’occupera pas non plus des phénomènes mystiques, visions, révélations, paroles intérieures qui ne sont pas l’oraison proprement dite. Il ne nomme même pas ce que sainte Thérèse et les auteurs appellent le mariage mystique, la septième et dernière demeure du Château intérieur, qu’il a pourtant suivis pas à pas jusque-là dans sa classification des états d’oraison. En revanche, il a plusieurs ravissants chapitres sur un sujet que les autres omettent, le dernier mot de l’oraison mystique ici-bas, le i suprême effet de l’amour affectif qui est la mort

d’amour. »

H. Son enseignement mystique est enfin affectif et entraîne ; ’i l’odeur des divins parfums toute Âme qu’il rencontre sur sa roule : cette ftme le plus souvent

esl encore dans les bassin aller, . elle ne s’élèvera peut-être jamais a ces hauteurs sublinn s : le saint docteur veut lui apprendre du moins a tirer quelque profit de cetta étude, et à réchauffer sa ferveur au brûlant

contact de l’oraison dis saints. Il parle de l’oraison d’union et de ses sublimités : mais a défaut d’une

, i relevée, n’avons nous pas le sacrement de la