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FRANCFORT (CONCILE DE)


voulaient que le Christ, à raison de sa composition divino-humaine, pût être ainsi qualifié.

Il semble, au premier abord, que les définitions du concile de Francfort ne rejettent pas ces locutions. Ayant souci de maintenir l’intégrité doctrinale compromise par les témérités des adoptianistes, les décrets du synode ne paraissent pas viser les distinctions des auteurs qui croient garantir la doctrine, au moyen de formules réduplicatives. Néanmoins, la grande majorité des théologiens se prononce en sens contraire. Elle établit que, nonobstant la sauvegarde de l’unité de personne et ces précisions, ul homo, qualenus in humanilale, le sentiment qui affirme que le Christ est fils adoplif paraît réprouvé par le concile de Francfort.

1. Le concile condamne absolument, sans aucune réserve, la formule de l’adoption. Si verus Deus (Christus) et verus Filius… nequaquam adoplivus ; quia adoplivus… non vere natura est Filius. Le concile s’appuie sur l’incompatibilité des deux termes — adoptif et naturel — dans un même sujet. Si vous admettez, dit-il, que le Christ est fils consubstantiel du Père, jamais, d’aucune façon, nequaquam, on ne peut le qualifier de fils adoptif. Il y a contradiction dans les termes. On doit donc déduire logiquement de ce principe que dans aucun sens le qualificatif de fils adoptif ne peut être appliqué à Jésus-Christ. Le même document conciliaire s’exprime encore ainsi, en termes très décisifs : Adoplivus siquidem non habet aliam significationem, nisi ulJesus Christus non sil proprius Filius Dei. Or, malgré la déclaration du concile, si la qualité A’adoplif pouvait être attribuée légitimement au Christ, il résulterait : a) que ce titre, qui d’après ces Pères enlèverait à Jésus la propriété de la filiation naturelle, aurait une autre signification orthodoxe ; b) que le concile, en affirmant le contraire, se serait étrangement trompé. Comment soutenir, par conséquent, la formule’: « le Christ, comme homme, est fils adoptif de Dieu » sans heurter violemment la doctrine énoncée par l’assemblée de Francfort ?

La remarquable déclaration suivante du concile

achève de jeter une lumière complète sur la portée

de ce décret et les conséquences qu’on est en droit

d’en tirer contre cette formule, au moins suspecte :

Unilas personæ quæ est in Dei Filio et fïlio virginis,

adoptionis tollil injuriant. Par conséquent la qualité

di personne unique, terminant la nature divine et la

nature humaine du Christ, doit interdire toute idée

d’adoption. Vouloir employer celle expression serait

faire outrage à la personne sacrée du Sauveur. On

comprend bien désormais la déclarai ion radicale el

sévère du pape Adrien à ce sujet : Maleria aulrin

alla perfiditt inler calera rejicienda de adoptione

Christl F il ii Dei secundum carnem… Il est im Lble de ne pas conclure que, toute formule de ce

réprouvée d’après 1rs principes développés

parle concile.

.lisons Bcrtpturaires, produites par la même . ne peuvent que compléter celle démonstration. En citant ces mémorables paroles de l’Évanlint .ban : Vidimu » gloriam ejus quasi jenili a Paire, les Pères du concile ajoutent : donc Ii contraire de l’adoption, puisque Ii engendré du Père s’est manifesté à nos irist a donc pris et non adopte la chair ne Dans ton, les témol i Livres saints, qui

ni du Verbe fail chair, soit l, pape Adrien, soll du concile font bien ressortir : a) qui la propriété de la filiation consubstantielle est attribuée omme-Dieu ; f>> que Jamais l< titre d’adopté n< t appliqué, tandis qi immes sont

formellement qualifiés d’enfants adoptifs, parce que ce sont de simples créatures, appelées à l’héritage céleste, par pure libéralité de Dieu ; c) que le Christ rédempteur, c’est-à-dire le Verbe fait homme, est signalé dans les lettres divines, comme adoptant les hommes et non comme adopté : non est adoplivus filius, sed adoplalor… cœlerorum.

Toutes ces conclusions sont faciles à inférer des paroles inspirées, relatives au Verbe fait homme : Tu es Filius meus, Marc, r, 11 ; Unigenilus Filius, qui est in sinu Palris ipse enarravit, Joa., i, 18 ; Sic Deus dilexit mundum ut Filium suum unigenitum daret. ni, 16 ; Misit Deus Filium suum in mundum ; qui crédit in eum non judieatur : qui autem non crédit jam judicatus est : quia non crédit in nomine unigeniti Filii Dei. I Joa., iii, 18, etc. Encore une fois, ces textes ne donnent pas prise à l’interprétation des auteurs qui veulent à tout prix attribuer au Christ le titre de fils adoptif.

3. Rien d’étonnant, par suite, que des théologiens, se fondant sur l’autorité du concile de Francfort, aient qualifié hérétique la proposition : « Le Christ. comme homme, est fils adoptif. » D’autres, sans en arriver à cette rigueur, la considèrent comme fausse, improbable, téméraire.

On voit également l’impossibilité de concilier avec ces déclarations authentiques l’opinion de Durand et de ses adeptes. Ils admettaient sans hésitation que le Christ, comme Verbe incarné, comme homme, était Fils naturel, consubstantiel de Dieu. Ils ne voulaient pour le Christ le titre de fils adoptif qu’à raison de la grâce sanctifiante prodiguée à son humanité, devenue ainsi, comme les anges et les hommes, objet de l’adoption divine. Ils perdaient de vue que l’adoption filiale par la grâce est l’effet secondaire de la grâce habituelle, effet qui ne saurait se produire dans le sujet déjà nanti de la filiation naturelle. L’effet premier et inséparable de la grâce sanctifiante est de rendre de plus en plus agréable à Dieu l’âme qui en bénéficie.

D’après les mêmes principes, il est difficile de porter un jugement différent sur deux autres théories enfantées par l’imagination d’auteurs en quête de subtilités doctrinales. En opposition contre renseignement des adoptianistes, ils ont rêvé pour le Verbe incarné deux litres de filiation naturelle.

D’après les tenants d’un premier système, non seulement le Christ, ul homo. est (ils naturel à raison de la personnalité divine, mais encore à raison de la grâce sanctifiante d’ordre éminent que l’union hypostatique confère à son humanité, avec le droit à l’héritage céleste. Il est impossible de faire cadrer cette déduction étrange avec l’enseignement général catholique et en particulier avec la déclaration conciliaire : propler unitalem personæ unus Dei Filius. perfeclus Deus. perfeclus homo. Consuetudo eccleslastica solel in Chrisin duus subslantias nominare. Deividelicet et hominis. Suarez dit qu’il s’agit là d’une filiation analogique, impropre, subtile, qui ne doit pas franchir

l’enceinte des discussions des écoles, il en va autrement de l’inexplicable rêverie du P. Hardouin et de

Berruyer, son disciple. Le maître, dans son Commentarium in Xovum Testamentum. el le disciple, dans V Histoire du peuple de Dieu, ln-12, I7">.’(. t. viii. ]). 18. ont Imaginé le système suivant. Apres avoir admis tout ce qu’enseigne l’Église sur la filiation divine de JéSUS-Christ, ils ont ajouté ce qui suil a la

doctrine commune Comme l’humanité du Christ a été unie hypostatiquement ; î la personne du Verbe,

il faut conclure que, selon le concepl Véritable île

la génération, Jésus « .luist est le Bis de DU u subsistant en trois personnes, c’est-à-dire Ois de la très sainte Trinité. <>n ne saurait comprendre les livres du