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FRANCE. ÉTAT RELIGIEUX ACTUEL

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On poursuit, dans beaucoup de patronages, une double formation : la formation apostolique et la formation syndicale ; et l’Église habitue ces jeunes hommes, d’une part, à défendre auprès de leurs frères l’honneur ou les intérêts de la foi, d’autre part, à défendre auprès de qui de droit, au nom de la foi, les revendications économiques et sociales de leurs frères. Ainsi s’élargit, dans les patronages actuels, l’horizon du jeune chrétien. « Tu deviendras un bon sujet, lui avait dit, en l’y expédiant, son père ou sa mère, et ton avenir y gagnera. » Mais voici qu’à la longue ce jeune chrétien se laisse séduire par des préoccupations extérieures et supérieures à celle même de son avenir, par un certain goût d’action religieuse, par un certain goût d’action sociale.

Et dans les patronages se révèlent des vocations au sacerdoce ; et certains enfants des patronages prennent aux questions professionnelles un intérêt qui les prédestine à devenir d’excellents « meneurs » , au bon sens de ce mot, pour les futurs syndicats chrétiens. Compris de la sorte, pratiqué de la sorte, le patronage n’est pas seulement une institution d’hygiène morale ; il fait partie de l’outillage pour l’active diffusion du règne de Dieu.

XII. L’action sociale de l’Église par les œuvres de charité. — En 1900, avant l’application aux congrégations de la loi de 1901 sur les associations, les tableaux exhibés par M. Soulange-Bodin à l’Exposition prouvèrent que les catholiques entretenaient par leurs seules ressources : 398 dispensaires et hôpitaux ; 601 orphelinats ; 512 crèches et asiles ; 172 asiles et ouvroirs ; 84 œuvres de maternité ; 343 assistances par le travail ; 25 hospitalités de nuit ; 1 428 bureaux de bienfaisance ; 229 œuvres pour les vieillards ; 571 œuvres pour les malades ; 97 œuvres pour les incurables.

On peut classer sous quatre rubriques les œuvres catholiques d’assistance :

1° Assistance en général — à domicile — par le travail. — L’Association des dames de charité, établie en 1629 à Paris, dans la paroisse de Saint-Sauveur, par saint Vincent de Paul, pour la visite des pauvres malades, reconstituée en 1840, a donné naissance à l’Œuvre des pauvres malades et à l’Œuvre des pauvres malades dans les faubourgs. Dans la plupart des paroisses de Paris, des associations de dames de charité, présidées par le curé, possèdent des vestiaires et visitent les pauvres.

La Société de charité maternelle, qui remonte à 1784 et au protectorat de Marie-Antoinette, secourt au moment de l’accouchement, sans distinction de religion, les femmes mariées ; dans chaque quartier de Paris, des dames visiteuses déterminent les familles qui doivent être admises aux secours. Cette œuvre secourut, en 1898, 2 797 femmes et 2 853 enfants.

L.’Association des mères de famille, fondée en 1836 par Mme Badenier, secourt les femmes en couches domiciliées à Paris qui ne sont pas dans les conditions exigées par la Société de charité maternelle ou qui sont dans la catégorie des pauvres honteux.

L’Œuvre de la miséricorde, fondée en 1822, secourt les pauvres honteux.

L’Association charitable des femmes du monde, fondée en 1879, secourt les familles indigentes des anciens officiers ou fonctionnaires.

L’Œuvre de i hospitalité du travail a pour but d’offrir un abri gratuit et temporaire, sans distinction de nationalité ou de religion, à toute femme ou fille sans asile décidée à chercher dans le travail le moyen de gagner honorablement sa vie ; d’occuper utilement ses pensionnaires et de chercher à rendre l’habitude du travail à celles qui l’auraient perdue ; de les aider à se procurer un emploi honorable qui les mette à même

de se suffire pour l’avenir. Cette œuvre, fondée en 1881 sous la direction de la sœur Saint-Antoine, a, de 1881 à 1903, hospitalisé 70 240 femmes.

En 1894, la sœur Saint-Antoine y annexa l’Œuvre du travail à domicile pour les mères de famille, qui, de 1892 à 1902, assiste 7 449 mères de famille.

La Maison de travail pour les hommes, fondée en 1892 par M. de Laubespin, rend le même service aux hommes sans asile et sans travail, et est aussi sous la direction des religieuses du Calvaire.

2° Services de l’enfance. Orphelinats de jeunes filles.

— L’institution des crèches, qui gardent, pendant le travail de la mère, les enfants de 15 jours à 3 ans, remonte à la fondation faite en 1844 par M. Marbeau.

Les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ont fondé, à Paris, sur les paroisses Saint— Vincent-de-Paul et Saint-Séverin, l’Œuvre de la crèche à domicile, destinée à assurer des secours aux mères qui gardent chez elles leurs enfants. Elles possèdent à Paris un certain nombre d’orphelinats pour filles et même pour garçons. Parmi les fondations originales que des religieuses possèdent en province, citons, pour garçons, des orphelinats agricoles comme celui d’Agde (Hérault), de Grèzes (Aveyron), des orphelinats industriels comme celui du Bourget (Seine) ; pour filles, l’ouvroir industriel des Andelys, pour le dévidage des soies ; l’orphelinat agricole de Bezouotte (Côte-d’Or).

La grande œuvre de l’Adoption, fondée en 1859 par l’abbé Maitrias, recueille de nombreux orphelins. A côté d’elle, il faut citer, comme issues d’initiatives féminines : l’Association des jeunes économes, qui, sous la direction des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, groupe les générosités d’un grand nombre de jeunes filles pour l’apprentissage et le placement des jeunes filles pauvres ; V Œuvre de Sainte— Anne, fondée en 1824, l’Œuvre des enfants délaissés, fondée en 1803, l’Œuvre de l’adoption des petites filles abandonnées, fondée en 1879, qui s’occupent toutes trois au placement des orphelins ; l’Œuvre de l’enfant Jésus, abritant pendant leur convalescence les jeunes filles pauvres sortant de l’hôpital.

L’Œuvre d’assistance maternelle et infantile gratuite de Plaisance, fondée par Mlle Chaptal en 1901, comprend : 1. un service d’enquête à domicile ; 2. un service de consultations gratuites pour les mères indigentes et leurs nourrissons ; 3. un service de fournitures pour les mères qui font leurs couches chez elles ; 4. un service de distributions de bons de viande et de carnets de chèque alimentaires pour farines ou féculents, en faveur des femmes accouchées ; 5. un service de bons de travail à faire à domicile ; 6. l’organisation de journées de plein air durant lesquelles on envoie à la campagne un certain nombre de femmes du quartier.

L’Union familiale, fondée à Charonne en 1899 par Mlle Gahéry, a organisé pour les tout petits enfants une garderie froebelienne ; elle reçoit les enfants de l’école après la classe ; elle réunit les familles, depuis 1904, dans un cercle d’éducation familiale ; elle crée des groupes de « petites mères » , fillettes de dix ans qui s’occupent chaque jeudi d’un groupe de 3 ou 4 enfants ; elle a des jardins ouvriers, une œuvre de trousseaux, et, depuis 1900, des colonies de vacances, sous le nom d’œuvres de grand air.

L’activité des religieuses de Marie-Auxiliatrice à Villepinte et à Champrosay, pour les jeunes filles poitrinaires ou anémiques, est devenue célèbre.

Les sœurs de la Charité de Nevers, les sœurs du Sacré-Cœur, sont chargées à Bordeaux et à Chambéry de l’institution nationale des sourdes-muettes. De nombreux établissements privés de sourdes-muettes sont tenus par des religieuses.

L’originale congrégation des Sœurs aveugles Saint-