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I UANCE. ETAT RELIGIEUX ACTUEL

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La pratique des retraites fermées fut inaugurée en 1874 par le P. Hubin, jésuite : il groupa, d’abord, des membres de l’Œuvre des cercles. Vers la même époque, les conférences de SaintVincent-de-Paul organisaient des retraites fermées pour leurs membres. L’institution de ces retraites s’étendit peu à peu : à partir de 1881, dans le nord de la France, le P. Watrigant en organisa pour les liommes des classes laborieuses. L’Œuvre des retraites régionales, fondée en 1902, a donné, de 1902 à 1909, soixante-neuf retraites ; elle a, en 1910, groupé 1197 retraitants dans 30 centres. L’efficacité de ce genre d’institutions est de mieux en mieux comprise par une élite catholique dans toutes les classes, et ce n’est pas l’un des symptômes les moins intéressants du renouveau contemporain.

IX. Les œuvres de presse et d’information catholique. — Des publications appropriées complètent l’enseignement catéchétique, et parfois, dans une légère mesure, y suppléent. C’est un phénomène tout récent dans la vie catholique française, que la création d’organes dénués de tout caractère politique, donnant, tout à la fois, des nouvelles de la vie religieuse et des indications pour l’action religieuse. Ce furent d’abord, pour les diocèses, les Semaines religieuses, dont la première, celle de Paris, date de 1853. L’essai fut imité en 1861 à Orléans et à Toulouse, en 1862 à Marseille et à Montauban ; en 1863 dans la Lorraine, à Limoges, à Bourges, à Angers. Presque tous les diocèses aujourd’hui ont une Semaine religieuse.

Puis on vit surgir, il y a moins de vingt ans, l’idée d’une presse paroissiale, et le succès de cette idée est l’un des épisodes les plus décisifs du renouveau catholique actuel. Les premiers bulletins paroissiaux firent leur apparition en France vers l’année 1895. Ils furent d’abord peu nombreux : ce qui arrêtait leur développement était d’une part la nouveauté de cette méthode d’apostolat, et d’autre part, surtout, la dépense relativement considérable que coûte l’impression d’un bulletin. En avril 1899, fut fondée l’Union des bulletins paroissiaux, œuvre qui, par son organisation, diminuait beaucoup les frais d’impression d’un bulletin et facilitait la diffusion de ce genre de publication. Les adhérents à l’Union se multiplièrent : d’autres Unions du même genre furent créées. Les bulletins paroissiaux commencèrent à se répandre dans un grand nombre de diocèses. Un Manuel du bulletin paroissial distribué gratuitement au clergé lui fit connaître les avantages du bulletin, soit au point de vue de la vie paroissiale, soit au point de vue de l’instruction religieuse. Et le Manuel contribua pour une large part à la diffusion des bulletins paroissiaux en France et à l’étranger. De fait, l’Union a fondé environ 2 000 bulletins et a établi des groupes de bulletins dans plusieurs régions de la France. Peu à peu, les évêques se rendirent compte des heureux résultats produits par les bulletins et fondèrent des Unions diocésaines de bulletins qui existent maintenant dans presque tous les diocèses. La statistique générale des bulletins n’a pas été faite ; on peut évaleur leur nombre actuellement à environ 3 à 4 000 et ce nombre s’accroît chaque année. On distingue deux sortes de bulletins paroissiaux : 1° les bulletins particuliers à chaque paroisse, rédigés tout entiers par le clergé. C’est la forme la plus recommandable, parce que le bulletin ainsi rédigé est mieux adapté à l’esprit de la population à laquelle il s’adresse. Elle a l’inconvénient d’exiger une dépense annuelle assez considérable ; 2° le bulletin à partie spéciale et à partie commune. La partie spéciale est propre à chaque paroisse ; la partie commune — la plus étendue — est la même pour tous les bulletins. Cette forme de bulletins est de beaucoup la plus répandue, parce que ce genre de bulletins

coûte moins cher, les frais d’impression de la partie commune se répartissant entre tous les bulletins. Les Unions de bulletins ont adopté cette forme de bulletins. Il existe aussi des bulletins écrits à la main ou à la machine à écrire, et polycopiés à l’aide d’un duplicateur. Les bulletins sont généralement des publications mensuelles ; quelques-uns sont bimensuels ; un très petit nombre sont hebdomadaires.

Aux bulletins paroissiaux sont venus s’ajouter les Almanachs paroissiaux qui se composent d’une partie spéciale à chaque paroisse et d’une partie commune à tous les almanachs. Plusieurs diocèses publient maintenant chaque année un almanach paroissial diocésain. L’Union des bulletins édite chaque année 800 à 900 almanachs paroissiaux.

Nous ne voulons pas mentionner ici la presse politique catholique, mais seulement les principaux efforts de propagande catholique populaire qui aident l’action apostolique du clergé. La Maison de la Bonne Presse est le principal centre de ces efforts. En dehors du Pèlerin, qui date de 1873, et de la Croix quotidienne, qui date de 1883, elle publie, entre autres périodiques, les Questions actuelles, datant de 1887, recueil documentaire d’une importance capitale ; les Contemporains, datant de 1892 ; les Échos d’Orient, datant de 1896 ; V Action catholique, fondée en 1899 ; le Mois littéraire et pittoresque, fondé en 1899 ; la Chronique de la bonne presse, fondée en 1900 ; Rome, fondée en 1903 ; Jérusalem, fondée en 1904 ; la Revue d’organisation et de défense religieuse, fondée en 1908, pour traiter, au point de vue juridique, les questions de défense religieuse. On évalue à 350 000 le nombre annuel des lettres que reçoit ce centre puissant d’informations catholiques. Les Brochures périodiques d’Action religieuse publiées par l’Action populaire de Reims fournissent des orientations précieuses ; nous reviendrons plus bas sur ce groupement.

La Journée documentaire, organisée en 1913 par le Bureau d’informations religieuses et sociales, a montré le souci de plus en plus scrupuleux des catholiques pour une solide documentation et les services que peuvent leur rendre, à cette fin, l’Action populaire de Reims, le Comité de défense catholique, la Société bibliographique et le Bureau d’informations.

Il faut enfin faire une place spéciale à un moyen d’apologétique populaire inauguré avec grand succès dans les quinze dernières années : c’est la conférence avec projections. La revue les Conférences et la revue le Fascinateur, publiées depuis 1897 et depuis 1902 par la Maison de la Bonne Presse, sont à cet égard des guides précieux. Des collections entières de projections ont pour but de seconder l’enseignement du catéchisme. A un congrès sacerdotal tenu à Poitiers en 1906, 250 à 300 prêtres du diocèse manifestaient le désir de faire leur catéchisme avec le secours de projections ; dans le seul diocèse de Beauvais, en l’hiver de cette même année, huit œuvres diocésaines faisaient circuler à elles seules près de 70 000 vues. Le congrès des œuvres de projections tenu en 1912 a attesté que dans un diocèse comme Marseille le chiffre des conférences ainsi illustrées avait passé, en un an, de 219 à 420. Une œuvre diocésaine de prêts-projections a été organisée en novembre 1912, dans le diocèse de Paris. Dès juillet 1906, un publiciste protestant, M. Paul Doumergue, déclarait, à l’occasion du congrès général des œuvres de projection tenu à la Maison de la Bonne Presse, que c’est là une des « formes les plus modernes et les plus hardies de la propagande catholique en France. »

X. Les ressources actuelles de l’Église, l : n argent et en hommes. — Cette Église de France, qui essaie ou pour laquelle s’essaient tant de créations nouvelles, est cependant une pauvresse ; les res-