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FORME DU CORPS HUMAIN

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Conclusion.

Sans vouloir imposer un sentiment,

il est permis d’indiquer les raisons d’une préférence. L’opinion thomiste semble répondre seule adéquatement aux définitions de l’Église : les autres opinions, la dernière surtout, sont obligées de procéder par adaptation et le terme forme n’est plus employé dans son sens strict et obvie. Mais c’est principalement le côté philosophique de la doctrine thomiste qui nous plaît. La doctrine catholique étant sauve chez saint Thomas comme chez Scot, comme chez les modernes partisans de l’école chimique, il restera toujours loisible au véritable philosophe d’affirmer la rigueur logique et la v « Jeur métaphysique du système de l’angélique docteur. Si on rejette ce système, il n’y a plus, philosophiquement parlant, d’unité vraiment substantielle dans les êtres matériels. « Tous les êtres de la nature, y compris les vivants, ne sont plus que des agrégats accidentels. Les théories atomistes et mécaniques peuvent bien ne pas reculer devant une telle conséquence.. Il ne nous semble pas que la saine raison philosophique, d’accord ici avec le plus ferme bon sens, permette de l’accepter… La nature du vivant, … telle que nous l’a exposée saint Thomas, est autrement riche, autrement intime ; les principes qui la constituent autrement rationnels, autrement féconds. » Pègues, op. cit., p. 312.

Ne pourrait-on pas trouver la raison des divergences qui séparent les théologiens catholiques dans le fait que bon nombre d’entre eux étudient la composition des corps plus avec leur imagination qu’avec leur intelligence. Les problèmes métaphysiques demandent à être traités avec la seule raison. Voir S. Thomas, /n IV Sent., 1. I, dist. XXXY11, q. ii, a. 1, ad 4°"’; Opusc. De substanliis separalis, c. ix. 1 Iabitués que nous sommes a nous imaginer le corps et l’âme comme des substances complètes, voir Kleutgen, op. cit., c. ii, § 7, nous éprouvons quelque difficulté à les concevoir comme des principes partiels incomplets d’un même tout. C’est le défaut de la philosophie imaginative de plusieurs théologiens antithomistes et de beaucoup de modernes de nier l’existence de principes ontologiques incomplets et partiels et de ne que des êtres complets s’asso ciant on s’unissant entre eux. Au philosophe sérieux, qui veut approfondir la nature des corps, apparaîtra toujours la nécessité d’aboutir à la thèse des prini métaphysiques d’acte et de puissance, de forme et de matière, en un n es élns incomplets

(riilia ut (/nions) qui, par leur union, constituent les complets (rntia ut qum) corporels. Cf. Remer, Summa prseleetionum philosophie scholasticse, Prato » , t. ii, p. 22.

VI. Corollaire : le siège de l’ame dans le Il nous reste à examiner brièvement une dern tion, qui n’est d’ailleurs qu’un coroll

ions précédentes : le siège de l’âme dans le . Selon, en elfel. que l’on adopte, touchant l’union de l’âme et du corps, une opinion contraire à la iine de l’unité substantielle du composé humain ou une opinion catholique, on est oblii der à

. ou le rôle d’une i

cttnle ou celui d’une cause formelle. Dans le premier de l’âme esi extrinsèque au corps luii tout au moins à plusieurs de se, pai

tOUt lé

di anciens philo i.iinmeni pi ;, ion. voir plus haut. col. 558 gq., "ant, eon I âme, te cerveau, la tête, le

il ou quelque autre partie du corps humain. On :

pillions dans I

, , ur « i » — 777 sq. cr. Tertullien, De’» « ’» P. L t. ii, col. 671 tance, D<

opiflcio Dei, c. xvi, P. L., t. vii, col. 64-65 ; S. Grégoire de Nysse, De opificio hominis, c. xii, P. G., t. xliv, col. 156. Les philosophes et savants de la décadence de la scolastique, voir plus haut col. 559, avec leur théorie de la multiplicité des âmes, tombèrent dans la même erreur. Van Helmont, dans son De sede animée, place l’âme à l’orifice inférieur de l’estomac ; on connaît d’ailleurs la célèbre opinion de Descartes, relative à la glande pinéale. Les passions de l’âme, part. I, a. 31 ; cf. Descartes, t. iv, col. 552. D’autres ont donné la préférence soit aux ventricules du cerveau, soit au centre oval, soit au corps callcux.CL Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques, art. Ame. Quant à Leibniz, sa théorie de la monade l’amène logiquement à nier toute causalité d’une monade sur une autre ; l’âme n’est donc dans le corps que par sa perfection. Il est d’ailleurs inutile, pour le but théologique que nous poursuivons, de nous arrêter à nuancer les divergences philosophiques qui séparent tous ces philosophes non catholiques de doctrine.. Il nous suffira de démontrer que leur opinion, assignant à l’entité même de l’âme un siège particulier et déterminé dans le corps ou hors du corps, est une opinion théologiquement inacceptable.

On le prouve, parce que cette opinion : 1° suppose entre le corps ou certaines parties du corps et l’âme une union purement accidentelle, et détruit par conséquent l’unité substantielle du composé humain, cf. S. Thomas, De anima, a. 10 ; 2° ne peut rendre raison de la définition du concile de Vienne, expliquée par Pie IX : l’âme rationnelle est la forme du corps humain, par elle-même, immédiatement, essentiellement ; Suarez, De anima, 1. I, c. xiv, n. 7, fait celle même remarque à propos de la définition du IV P concile de Lalran ; 3° renouvelle indirectement l’erreur du vitalisme, les opérations vitales étant immanentes et se produisant dans toutes les parties du corps indistinctement ; or, si l’âme ne résidait qu’en un point du corps humain, les opérations des autres parties devraient procéder d’un principe différent de celle âme. Cf. Urrâburu, op. cit.. p. 781.

Le fondement de cette philosophie est dans l’opposition qu’elle place entre la simplicité et l’inextension de l’âme et l’extension et la divisibilité du corps. Celle difficulté, provenant de l’imagination, ne peut être résolue que par l’exposé des principes philosophiques sur lesquels se hase l’opinion commune des docteurs catholiques.

II. OP/OTOA DBS TBÈ0L061ENS < ITBOLIQUBS. —

Fondements philosophiques.

Saint Thomas les

expose dans la Sum. theol., I’. ([. i.xxvi, a..S. Il faut,

pour les bien comprendre, lire le commentaire de Cajétan. 1. 1.a question générale qui se pose est celle-ci : La forme est-elle tout entière dans le composé ci tout entière dans chacune dis parties du composé : ’i Tout

entière peut avoir trois significations : il y a. en effet, le tout quantitatif, qui se divise pai— parties quantitatives ; il y a le tout essentiel, qui se divise par éléments de composition (parties de la définition pour le tout défini dans l’ordre Intentionnel, matière et forme pour l’être corporel, dans l’ordre réel ; il y a en lin le loui

tenliel, qui se divise par parties virtuelles. 2. Toutes les

formes ne se rapportent pas également au tout, pris selon CCS trois acceptions, Cl a ses parties. Certaines

formes se rapportent indifféremment au tout ou a ses

parlics ; par exemple, dans l’ordre des formes accidentelles, la blancheur peut affecter indifféremment

toute une superficie OU une partie seulement de cille

superficie ; dans l’ordre des formes substantielles, la

forme de l’eau se ret rOUVe également sous un grand o lume de liquide ou sous une simple goutte. D’aul formes, au contraire, ont pour premier perfectible l’individu tout entier ; elles ne se rapportent aux