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FORME DU CORPS HUMAIN


proque. Certains manuels de philosophie l’attribuent à Locke ; on ne sait trop comment pareille théorie pourrait être même simplement déduite des doctrines empiriques de l’Essai sur l’entendement humain. Locke constate le fait des actions réciproques de l’aine et du corps, mais « la faible capacité de notre entendement, dit-il, ne peut les comprendre ni l’une ni l’autre. » Essai, Amsterdam, 1729, trad. P. Coste, III. c. xxiii, S 28. D’autres manuels en font la théorie de Descartes ; nous ne croyons pas non plus la chose exacte. Voir Descartes, t. iv, col. 550 sq. Euler, Lettres à une princesse a" Allemagne, Paris, 1859, passim, parle de l’influx physique de l’âme et du corps ; mais est-ce bien l’explication métaphysique de leur union qu’il entend exprimer par là ? Par contre, A. Legrand, Inslil. philosoph. secundum princii>in Rcnali Descaries, Londres, 1675, part. IX, a. 3, n. 5-8 : Storchenau, Instiluliones logicœct metaphysicx, Vienne, 1769-1771, Psycliologia, part. II, sect. ii, c. v, n. 196, soutiennent expressément que l’union de l’âme et du corps n’est pas autre chose que leur mutuelle action. Laissant à chaque élément du compose humain son action propre, et, partant, son principe d’action, sa nature individuelle, cette théorie détruit l’unité de nature de ce même composé et, par là, s’oppose à la foi catholique. Cf. Urrâburu, Instiluliones philosophicm, Yalladolid, 1898, t. vi, Psycliologia, ii, 1. II, disp. IX, c. iv, a. 3. S 2, 4, p. 842 sq., 861 sq.

0° S’oppose également à la conception catholique l’opinion dite de la perception du sens fondamental ou animal, quc Rosmini expose en maints endroits de ses œuvres, en particulier dans le Xuovo saggio sull’origine délie idée et l’Anlropologia, mais plus spécialement dans la Psicologia, t. i, 1. III, c. i, n. L’âme s’unit au corps par voie de sentiment ou sensation ; la relation de l’âme au corps est donc une relation de sensibilité ; l’âme ou plutôt le principe sensitit s’unit au corps par l’action même qui fait qu’elle le seul. à-dire par la perception qu’elle a de l’existence du corps, i.t c’est cette perception même cpii donne au corps d’être corps humain. Voir l’exposé de celle doctrine dans Alex. IVstalo/.za, disciple de Rosmini, /.’/ mente di Antonio Rosmini, p. 86, cité par Liberatore qui la réfute. Du composé humain, trad. franc., Lyon, i, e. Ml, a. S.

deux choses l’une : ou bien la perception du sens fondamental représente nue simple sensation. quelque chose par conséquent d’accidentel, et alors nous retombons dans l’erreur de l’inllux physique, niant l’unité substantielle de la nature humaine : on manifestation immédiate de la partie

itive d( lame s’unissant au corps, et alors nous’ions a l’erreur de J.-P. olivi ou de Gûnther. plus haut, col. 548, 561. En tout cas, cette doctrine mène Rosmini a nier que l’âme soit elle—’même forme substantielle du corps, el sous cet

pressément condamnée par le Saint-Office, Il décembn 1887. Voir prop. 24, Denzinger-Bannwart, n. 191 I.

il. mois opi holiqubs. I » Opinion tho l. i’/’"- Fidèli s a ridée fondamentale de ictrinc hylémorphiste, les thomistes n’admettent humain aucune autre forme rab I l’âme raisonnable, C’< I i

uni— dan, iii, n essence, multiple pu s, i vertu, au corps non seulement d’être humain, nique et simplement d’être.

nous appartient pas d’exposer toutes les philosophiques et physiologiques que com] o llcation di ce système ; on se demande

surtout e., , nu, , ni | a menu âme préside a i.. mixtion

nous (lirions aujourd’hui aux coml.i i â l’eut., tien <t au :

développement du corps humain. Sur la question de la mixtion des éléments, il y a divergence d’opinion dans l’école thomiste. Albert le Grand admettait la permanence des formes élémentaires dans un état d’amoindrissement et de subordination à la forme du composé. Saint Thomas n’admet qu’une permanence virtuelle. L’école de Suarez semble avoir suivi Albert le Grand. Pour toutes ces discussions, d’ailleurs purement philosophiques, voir Zigliara, op. cit., c. vi ; Albert le Grand, De gencralione et corruplione, 1. I, tr. VI, c. vi, xi ; S. Thomas, Di lib. de gencralione et corruplione, 1. I, leet. xxiv sq. ; Opusc. De mixtione clementorum ad magislrum Philippum ; Suarez, Dis put. meiaph., disp. XV, sect. x, § 51. On trouvera la réponse aux diflicultés dans tous les manuels de psychologie thomiste ; citons cependant S. Thomas lui-même, Sum. theol., I » , q. lxxvi, a. 4, 5 ; De spir. créât., a. 2-4 ; De anima, a. 9, et spécialement ad 7° «  el ad 14 » m ; Conl. génies, 1. II, c. lviii ; Zigliara, op. cit., part. I, c. vi-x ; Liberatore, op. cit., c. viii, a. (>, 7 ; Pègues, Commentaire littéral de la Somme théologique, Toulouse, 1909, t. iv, p. 307.

Une seule âme, voilà la formule catholique ; une seule forme substantielle, l’âme, voilà la formule thomiste, que l’angélique docteur a comme stéréotypée dans son De spir. créai., a. 3 : in hoc homine non est alia forma substanlialis quam anima ralionalis, cl per cam homo non solum est homo, sed animal cl vivum et corpus et substanlia et ens. L’âme est si bien la forme du corps, par elle-même, essentiellement et immédiatement, que d’elle comme du principe formel actuant la matière, le corps tient tout ce qu’il a d’être, de substance actualisés. C’est, on le voit, une simple application au composé humain de la théorie péripatéticienne de la matière et de la forme.

Au point de vue strictement théologique, la théorie thomiste présente, au premier abord, une dilliculté sérieuse. Si l’âme raisonnable entre comme élément constitutif intrinsèque du corps humain, comment en sauvegarder la spiritualité et l’immortalité ? Mais la solution de la difficulté se trouve dans la différcnce qui existe entre les formes substantielles subsistantes, telles que l’âme humaine, et les formes substantielles purement matérielles. Voir Forme, col. 513. Les premières ont l’existence indépendamment de la matière à laquelle elles sont unies et à Laquelle elles communiquent leur existence propre ; les secondes n’existent que dans le composé et par l’existence du composé. D’où il résulte que lame raisonnable, toute proportionnée qu’elle soit au corps, le dépasse cependant et Cil demeure, dans son existence, indépendante. Enfin, les théologiens thomistes font remarquer que lame est un élément constitutif intrinsèque du corps en tant qu’elle remplace la forme corporelle dont elle contient virtuellement les aptitudes, mais non pas en tant quaille spirituelle. S. Thomas. De spir. créât., a. 3 ; Sum. theol., I q. lxxvi, a. l : Suarez, Metaph., disp. XV, sert, xiii : Jean de Saint Tbimas, Cursus philosophicus thomisticus, Paris, 1883, t. iii, Phil.ndL, part. 111. q ix. a. 2. Cf. Billot) />’sacramentis, Rome, 1907, t. i. th. xiii, §2, ad l ain ; Remer, Summa presteetionum philosophiez senolaslicse, Prato, 1895, t. ii, p. 2.S(i ; Zigliara, "/ » . cit.. pari. III, c. iv. L’opinion thomiste est soutenue par l’unanimité des théologiens

dominicains, sauf quelques rares exceptions aux

xiii ei xiv siècles, et par la quasi-unanimité des théologiens de la Compagnie « le Jésus, cf. Mazzella, l>i Deo créante, n. 620. Citons également les Salman ticenses. Cursus llwiil..y. I, disp. I : cf. Il IV di p. I, dub. ii, n. 31 ; SylviUS, In / » part. Sunim.r theologii q. lxxvi ; l’.stius, ii, IV Sent., I. II, dlst. Wll § V ; quoique ce dernlei semble hésitant, au point de vue