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FONDAMENTALE OU GENERALE (THÉOLOGIE)


gable de sa mission divine. « La caractéristique de cette méthode consiste en ce que, sans passer par la démonstration préalable de la divinité de la religion chrétienne, distinguée de la religion catholique, sans s’engager dans le dédale des problèmes d’exégèse et de critique historique, on va droit à la crédibilité du magistère divin de l’Eglise catholique, considérée comme témoin vivant et parlant qui prouve lui-même sa mission divine par ses caractères subsistants… La crédibilité du magistère divin de l’Église une fois acquise, on écoute celle-ci parlant au nom de Dieu et nous renseignant elle-même sur ses autres titres, sur les livres sacrés, sur sa propre histoire et ses rapports avec les révélations incomplètes qui ont précédé. » Le Bache1 et, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, ail. Apologétique. Apologie, t. i, col. 232. Par voie de conclusion théologique, on arrive donc, une fois le magistère infaillible admis par les incrédules, à leur prouver tous les autres points intéressant La révélation en général.

On a voulu essayer de procéder semblablement par voie de conclusions théoriques en partant de la personne même de Notre-Seigneur dont on prouverait la divinité. Ami du clergé. 1901, p. 382. Mais, en ce cas, la conclusion théologique portera sur la véracité de Notre-Seigneur et sur la vérité de son enseignement : mais il restera encore à chercher historiquement quel est cet enseignement et où il se trouve. Ce procédé apologétique semble donc condamné d’avance, et il faut en venir à la conclusion du cardinal Billot : Sola Ecclesia est. queun si semel credibilem esse ostenderis qualem se hominibus exhibe !, ipso facto tenes lotam de integro revelationem absque ulla possibili ambiguilule. De Ecclesia Christi, Rome, 1898, t. i, p. 29.

2. Vis-à-vis d’adversaires acceptant un point commun de la foi chrétienne. — Yis-à-vis d’adversaires de ce genre, c’est, en effet, le lieu d’appliquer le principe énoncé par saint Thomas : Sacra doctrina disputât cum neganle sua principia, argumenlando quidem, si adver~ sarius aliquid concédai eotum quie per divinam renelationem habentur, sicut per auclorilales sacræ doctrinee disputamus contra luvrclicos, et per unum artirulum contra negantes alium. Sum. theol., I q. i. a. 8. La démonstration de l’existence d’une tradition vivante, est un des objets de la théologie fondamentale, lit cependant, contre les protestants orthodoxes, on peut l’obtenir par voie de conclusion théologique, en partant de l’Écriture sainte, dont ils admettent le caractère inspiré. Et ainsi, pour démon lier la crédibilité de la révélation catholique, on peut procéder par voie de conclusion théologique, en partant des autorités qu’acceptent ceux avec qui on discute. Si, par exemple, on discute avec des Juifs, on apportera les autorités de l’Ancien Testament, si c’est avec des manichéens, qui rejettent l’Ancien Testament, il faudra seulement se servir des autorités « lu Nouveau. Que si avec des schismatiques, qui reçoivent l’Ancien et le Nouveau Testament, mais n’admettent pus la doctrine de tios saints, comme sont les grecs, il faut, avec’appuyer sur 1rs autorités du Nouveau ou de l’Ancien Testament et des docteurs qu’ils admettent, > s. Thomas, Quodl., IV, a. 18. Toute cette argumentation échappe a l’apologétique rationnelle.

2° La théologie fondamentale et la détermination des

lieux théologiques. Avant d’aborder l’étude des dogmes particuliers, hthéologien doit avoir eu main les instruments sûrs qui lui permettront d’entreprendre cette étude s ; i ii s crainte d’erreur, el de déterminer, sans hésitation possible, les conclusions théologiques qui doivent en être hrésultat. Or, la révélation est contenue dans les Livres saints et les traditions [objectives] non écrit » i que les apôtres ont reçues de M bouche lu Christ OU qu’ils nous ont transmises.

sous l’inspiration du Saint-Esprit, et qui sont parvenues jusqu’à nous. » Concile du Vatican, sess. nr, c. ii, Denzinger-Bannwart, n. 1787. Cf. concile de Trente, sess. iv, n. 783. Le champ île la révélation ainsi délimité reste encore immense, vague et comme en friche. Une question de méthode se pose : comment rendre exploitable ce champ, c’est-à-dire manifester à la conscience chrétienne les vérités révélées et à tous les degrés où elles le sont ? Le magistère de l’Église se présente lui-même tout d’abord avec l’autorité qu’il a en matière de foi, comme le critère indispensable et authentique de l’Écriture et de la tradition : Fide diinna el catholica ea omnia credenda sunt, qux in verbo Dci scriplo vel tradilo contincntur et ab Ecclesia sive sollemni judicia sive ordinario et univcrsali magisterio tanquam divinilus revelata credenda proponuntur. Concile du Vatican, sess. ni, c. ni, Denzinger-Bannwart, n. 1792. Ce magistère se manifeste par l’intermédiaire de ses organes authentiques, autorité enseignante de l’Église universelle, des conciles, des souverains pontifes. Cf. concile du Vatican, loc. cit., et sess. iv, c. iv, n. 1832-1839. Mais, collatéralement au magistère officiel, les Pères et les théologiens et canonistes travaillent à défricher le champ de la révélation. Les premiers ont eu l’avantage de vivre dans un milieu pénétré encore des influences primitives et sont presque des témoins de l’objective réalité de la révélation ; les autres s’efforcent de pénétrer, sous la direction de l’Église, le sens et les virtualités de renseignement révélé. L’influence du magistère, de la tradition active, toujours vivante dans l’Église, les enveloppe et les pénètre et il est impossible que leur labeur ne contienne pas, pour une bonne part, une illustration pénétrante de la révélation. Sans doute, leur témoignage n’a pas la valeur apodictique du critère officiel du magistère, mais il a néanmoins une grande valeur que l’Église approuve, recommande au point même de nous interdire en certains cas de nous en écarter. Cf. concile du Vatican, sess. iii, c. ii, Denzinger-Bannwart, n. 1788 ; Syllabus, prop. 13e, n. 1713. Ce n’est pas font encore : les docteurs, les théologiens et canonistes ne travaillent souvent sur la révélation qu’en faisant appel ; la raison naturelle, considérée d’abord en soi et dans sa valeur abstraite, ensuite dans le témoignage autorisé des savants. Dans le premier cas, elle donnera sur l’objet révélé non seulement des probabilités, mais des certitudes dans leur ordre, comme celles qui ressortissent aux preuves de l’existence de Dieu. Dans le second, si le témoignage concerne des doctrines, nous aurons l’autorité de l’histoire. Mais, comme en théologie, la raison ne prouve qu’en vertu de l’approbation plus haute de la révélation, ce n’est plus la raison pure, c’est la raison théologique. Et ici encore. l’Église intervient pour nous encourager à utiliser ce prolongement du dépôl révélé dans la raison naturelle. Cf. concile du Vatican, sess. iii, c. iv, Denzinger-Bannwart, n. 17961799. C’est ainsi que, s’appuyanl sur le magistère de l’Église, comme principe surnaturel de raisonnement, la théologie fondamentale détermine les dix lieux théologiques, leur mode d’emploi, et la valeur (les arguments qui leur sont empruntés, en un mol, toute la méthodologie théologique. Ici encore, la théologie fondamentale dépasse l’apologétique, cette dernière n’ayant aucune qualité pour déterminer et analyser les différents arguments ex auctorilate, qui sont

le propre de la théologie. Sut tout te sujet, voi 1 I deil, lu notion du lien théologique, Paris. 1908, p. Il 15, passim, el lui s rHÉoLooiQi i -.

i Conclusion : justification du nom di

iim’di.im.ii FONDAMENTAL ! 01 QÉNÉRALB. i. a théofondamentale est donc spécifiquement ou analo giquement une théologie, suivant l’objet formel auquel