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cloche en cours de route, la fin doit clocher aussi, et la conclusion mesure sa certitude à celle de la prémisse la plus faible. » William James dirait : Une chaîne ne peut pas être plus forte que son plus faible anneau. A cette marche de la sàence on a voulu mal à propos assimiler celle de la foi. « La foi, continue Élizalde, au jugement des sages, a des préambules, et non des prémisses, à proprement parler. Ce n’est pas à elle à prouver ces préambules, elle ne s’en mêle pas ; mais quand ils sont établis, c’est alors que son acte commence, non par une déduction, mais en les présupposant. Or, il arrive que par ces préambules apparaît à l’intelligence une autorité qui mérite plus de foi que les préambules eux-mêmes n’ont mérité d’assentiment. .. Le témoignage de Dieu mérite plus d’adhésion que n’en mériterait une preuve d’évidence morale… Dans le processus qui commence par les préambules et qui finit par la loi, il y a plus de vertu motrice, et conséquemment plus de certitude, à la fin qu’au commencement… Aussi croyons-nous d’une foi le, soit quc le fait de la révélation nous ait été preuve par un seul miracle ou par cent, eu par l’autorité de l’Église, ou par la perpétuité de la foi et les vertus des saints, ou enfin par un moyen quelconque. Parce que tout cela n’est qu’application et préambule, la foi est toujours une, égale, semblable à elle-même. » Formd verte religionis qiuvrctuhv et inveniendse, Naples, 1662, n. 848-850, p. 560-5f>2. Ce que nous croyons. dit-il après avoir réfuté Suarez et Lugo, ce n’est pas le fait que Dieu a parlé, ce sont les saints mystères de la foi. rendus croyables par ce fait. Ainsi répondent les enfants, les bonnes femmes, tous les fidèles enfin, si ( ; ii leur demandent. Une croyez-vous ? N’être explication est donc naturelle, tandis que ces systèmes contraires ont été violemment improvisés pour résister à des difficultés pressantes auxquelles ils ne résistent pas. > Op. cit.. n. 862, p. 570.

I n disciple d’Élizalde, Thyrse Gonzalez, général des jésuites, ajoute dis précisions remarquables. Dans un ouvrage destiné à réfuter la Déclaration du clergé de France en 1682, et devenu extrêmement rare parce qu’à Rome on en supprima les exemplaires pour ne pas créer de difficultés avec Louis XIV, il résume brièvement son système : Après que les fidèles, au ii de témoignages humains, se sont fermement pi rsuadésdu fait de la révélation divine, ils s’élèvent de là : i un assentiment d’ordre supérieur sur les mystères, à cause cli i témoignage de Dieu. Cet assentiment ; bien qu’il regarde l’autoriti et la révélation nivines comme motif intrinsèque de croire, et objection formate quo, ni les regarde pourtant pas comme objection quod, comme matière qu’il croie et qu’il affirme… Il suffit <(iie la véracité divine soit supposée connue et affirmée pai li lumière naturelle, et qu’ainsi connue elle suit motif intrinsèque de croire le mystère. Que cela e, on le voil clairement quand il s’auil de croire idté divine elle-même comme révélée : nous la ris alors parce que Dieu l’a révélée avec une véradté que nous connaissons par ailleurs. Ce n’es ! pas en tant ((lie crue, c’est en tant que cennuc par la raison naturelle, que la véracité divine peut alors jouer li u motif (comme il suif di la réfutation du sys-’iii’’i' Su — i l><- infallibilitale romani ponlifleis… foniro récentes lui jus infallibilitalis impugnatores Irafheoloqicus, Home. 1689, disp. XIX, sect. [V, Dans un autre ouvrage qui renferme toute une apologétique, il développe davantage sa pensée. En fait d’ol jel formel, dit-il contre Suarez, ce qui fonde la foi au m stère avec sa certitude propre, ce n’est, pas rtltude de l’assentiment préalable a la véracité cité divine pi ise en die même ; la ne qui la propose n’esl qu’une condition quoi suffit une ci niiaissaiice d’ordre inférieur. » Mamiductio ad conversionem mahumetanorum, Dillingen, 1689, part. I, 1. II, n. 100, p. f.G. Par là se résout la fameuse difficulté, non potest esse firmius œdificium quant jundamentum. « La certitude de foi, répond-il, n’est pas fondée sur la certitude de la connaissance scientifique préalable de la véracité de Dieu, mais sur cette véracité elle-même qui est signifiée par une telle connaissance : à cause de cette véracité, l’intelligence élevée par la vertu infuse, et aussi sous l’influence de la velouté, croit avec une certitude suprême les mystères révélés. » Loc. cit., n. 108, p. 100. « La certitude de l’acte de foi est mesurée à l’habitus fidei, à la pieuse disposition habituelle, à l’autorité de Dieu qui révèle, et non pas aux raisons naturelles qui nous ont fait juger que Dieu est véridique et qu’il a révélé ce mystère. Au contraire, la certitude d’une conclusion scientifique doit se mesurer aux motifs (ou preuves) qui ont amené l’intelligence à adhérer aux prémisses, parce que la science procède par déduction, » n. 111, p. 102. « La foi du mystère n’est pas fondée sur la science ou sur la foi (humaine) qui nous persuade que Dieu souverainement véridique a révélé ce mystère, et elle n’est pas mesurée (à cette science ou foi humaine), mais elle est fondée in ipsa veracitate et revelatione divine, » n. 159, p. 121. Voilà bien la distinction entre la chose et l’énoncé qui l’applique : la chose invariable, l’énoncé prouvé de diverses manières, science, foi humaine, et ayant (d’après la nature de ses (neuves) tantôt une certitude absolue, tantôt une certitude seulement relative. « Le cardinal de Lugo, dit-il encore, semble partir d’un faux supposé, c’est quc l’assentiment de foi, qui affirme le mystère à cause de la véracité de Dieu, affirme par là même l’existence de cette véracité. Il n’est pas nécessaire que le motif intrinsèque d’un acte d’affirmation soit affirmé par cet acte lui-même, si on le suppose préalablement affirmé. Et l’acte de foi n’est pas tenud’atteindre directement la véracité, comme un objet qu’il connaît, objectum quod, mais il lui suffit de l’atteindre indirectement, comme un objel par lequel il connaît, objectum quo. » Loc, cil., n. 103, p. 98. « De ce que l’acte de foi se rapporte intrinsèquement à la véracité divine comme à son objet formel (en ce sens seulement on peut dire qu’il l’atteint), Lugo (disp. I, n. loti et Ripalda tâchent vainement de conclure qu’il l’affirme ; la seule conclusion qu’on puisse légitimement tirer est disjonctive : tu bien l’acte de foi affirme la véracité divine, ou bien, parce qu’il doit affirmer des mystères cachés par eux-mêmes, et impuissants à exercer la fonction de motif, l’acte de foi suppose essentiellement un autre acte, qui lui propose la véracité et la révélation comme motif, n. 106, p. 99. L’acte de foi n’affirmant pas son objet formel, mais seulement son Objel matériel, ne peut renfermer un discursus en lui-même, et pour ainsi dire à l’intérieur : mais ne peut-il en former un avec l’extérieur, avec ces énoncés préalables qu’il suppose ? Gonzalez ne le pense pas : « Cet autre assentiment présupposé à l’acte de foi ne forme pas avec lui un discursus, parce qu’il n’est pas présupposé comme une prémisse l’est à sa conclusion, mais comme une application du motif (de l’objet formel), en vue duquel nous donnons au mystère l’assentiment de foi. plus certain que ! < précédent a cause de l’influence de la volonté, n. 118, p. 104. Il observe ensuite que bien des théologiens regardent l’acte de foi comme ne formanl pas avec ses préambules un véritable discours. Il dit avec Coninck : Pour qu’il ail discursus, il ne suffii pas d’affirmer une proposition a cause d’une autre clu.se. connue par un acte distinct : mais il faut affirmer cette proposition à cause de la connaissance de celle autre chose… (n. ceci n’a pas lieu dans la foi : cal je ne croil pas la trinlté purée que ir croit que Dieu l’a révélée, mais simplement !