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culte de L’analyse de la foi. De plus, quoiqu’il puisse y avoir des cas exceptionnels où le fidèle réfléchira sur cette illumination soudaine prenant la place des motifs de crédibilité, où il en reconnaîtra avec certitude le caractère miraculeux, d’ordinaire il n’en sera pas ainsi, p. 300 sq. Dans les cas exceptionnels où elle sera sûrement reconnue comme surnaturelle, Yillustratio suasiva jouerait le rôle d’une nouvelle révélation, agirait à la façon d’un objet ut quod, et ferait partie de l’objet formel de la foi, p. 280 sq. Mais en général elle agira seulement ut quo, d’une manière latente et du côté du sujet ; non pas comme un objet ou un motif, niais comme une simple application de l’objet formel ou motif spécifique de la foi ; et le sujet qui en sera aidé n’en discernera pas le caractère, p. 305. Voir ce que nous avons dit, ccl. 2.38. 129. Ce n’est donc pas retomber dans la théo-ie du discerniculum expérimentale. Voir col. 216 sq. Enfin, dit Rassler, si on veut laisser plus de jeu à la volonté libre, on doit supposer que cette illuslratio suasiva ne force pas la conviction, (ce qui est assez indiqué par le mot suasiva), en d’autres termes, qu’elle ne produit pas, ordinairement du moins l’cvidenlia ailes tanlis. Voir col. 399 sq. D’ailleurs, cette grâce, si elle fait joindre immédiatement les termes de l’énoncé, n’en montre pas la connexion comme le fait l’évidence parfaite, ce qui suffirait déjà pour qu’on ne puisse dire qu’elle donne » l’intuition » , p. 256 sq. Ulloa reprend ce système : « Quand nous sommes dociles, attentifs et déjà préparés par les motifs de crédibilité, dit-il entre autres chescs, Dieu met en nous cette faible lumière, ce crépuscule céleste (l’apprehensio suasiva)- qui est comme sa voix et son enseignement. Cette appréhension nous découvre l’existence et le sens de cette révélation faite autrefois, sans s’appuyer sur les arguments de crédibilité comme motifs, mais en supposant leur connaissance préalable. Car de même quc Dieu, dans sa providence ordinaire, ne fait croître les récoltes que si la culture du champ a précédé, ainsi dans sa providence ordinaire il ne donne cette sainte lumière qu’après la culture de l’intelligence par ces arguments. Grâce a cette appréhension Ive, la révélation, son existence, son sens, nous apparaissent donc immédiatement dans une demiuité, dans une demi-clarté, assez enfin pour que nous puissions donner notre assentiment à cette révélation pour elle-même. > Theologia scholastica, Augsbourg. 1710. I. m. disp. III, C. X, il. 157, p. 143. Celle explication rend plus acceptable la formule donnée par Kilber (suarézien). L’analyse de la foi s’arrête motifs de crédibilité comme à une disposition, ou dans la ligne des dispositions, tandis qu’elle n.i i’aucloritns Dei revelanlis dans la ligne propre de la foi. dans la ligne du motif spécifique, De fuie, . dans Mignc, Theologiæ cursus, t. vj, col. 538 ; formule reproduite par Mazzella, loc. cit.. disp. III, a. il, Naples, 1909, p. 433, et par d’autres. Au xvin i. nous voyons le.’! système suivi par plusieurs théolo rame Antoine Erber, Theologia speculativa, Vienne, 17 is, t. iv, n. 439 sq., p. 428 sq. ; Nicolas Schmitth, Tractalus de ftde, spe ri caritale, u, I 759, n. 15 I sq., p. 170 sq.

Critique du système.

a) Il perfectionne le précédent en ceci : après avoir laissé les motifs de crédibilité à la porte du sanctuaire de la foi, il prend soin de l'éclairer surnaturellement et de faire entrevoir l’autorité divine et le témoignage divin par une nouvelle lumière.
b) Nous avons déjà admis la possibilité de l’illustratio suasiva. Voir col. 255. Mais nous n’avons pu accorder qu’on généralise son existence. Voir col. 256 Or ce système la généralise chez tous les fidèles puisqu’il en fait un postulat nécessaire de la genèse et de l’analyse de la foi.
c) En cas d’insuffisance des motifs de crédibilité, on comprend que Dieu recoure à ce genre de suppléance surnaturelle pour venir en aide à une âme bien disposée qui ne voit pas ou qui ne voit plus ce qu’il lui faut pour croire. Voir col. 300, 316 sq. Mais dans le cas contraire, quand les motifs de crédibilité donnent la certitude morale suffisante, on ne conçoit pas pourquoi Dieu, après s’être servi de ces motifs, de ces causes secondes, leur substituerait soudain, au moment de l’acte de foi, son action immédiate et en quelque sorte miraculeuse, pour ne pas donner plus de lumière en fin de compte ; car cette intervention divine, d’après ses défenseurs, laisse l’objet formel, qu’elle devait éclairer, dans la demi-obscurité d’un crépuscule ; et c’est une bien singulière manière de connaître, où l’on affirme sans voir la connexion des termes. —
d) S’il n’y avait pas d’autre élément surnaturel dans la foi, ce serait une raison d’admettre cette grâce dans tous les fidèles. Mais il y a déjà une grâce actuelle prévenante, distincte de cette suggestion divine. Voir col. 256, 365. Il y a la vertu infuse de foi, qui produit l’acte même, et influe peut-être déjà auparavant sur la perception de la crédibilité. Voir col. 240 sq., 366 sq. —
e) Si c’était la solution unique et nécessaire du problème de l’analyse, ce serait une raisou d’admettre cette hypothèse. Mais si d’autres solutions ont une égale probabilité avec moins de complication, et sans multiplier autant le surnaturel et le quasi-miraculeux, c’est une raison de les préférer.

4e système : Lugo. —

Comme les systèmes précédents, celui-ci tient pour objet formel de la foi ces deux propositions ou prémisses : « Ce que Dieu révèle est vrai. Il a révélé, par exemple, l’incarnation. » Lugo, Disputation.es scholaslicse, De flde, disp. I, n. 77, Paris, 1891, t. i, p. 50. Cf. n. 114, p. 67. Comme les précédents, Lugo veut que l’assentiment surnaturel de foi, produit par la vertu infuse, affirme cet objet formel lui-même, et non pas seulement l’objet matériel et direct : « L’incarnation est vraie. » Il reconnaît s’accorder avec Suarez en ce point. Op. cit., disp. I, n. 82, p. 52 ; cf. n. 116, p. 67. En conséquence, comme Suarez, il admet un discursus virtuel dans l’acte même de foi. Il considère même comme possible un discursus formel, où la foi surnaturelle affirmerait par des actes successifs les deux prémisses et la conclusion. Disp. VII, sect. i, p. 359 sq. ; disp. I, n. 74, p. 49. Enfin, comme les précédents, il part de ce principe que, le fondement devant clic aussi solide que l’édilice, ces deux prémisses, qui composent l’objet formel, doivent avoir une certitude au moins égale à celle de leur conclusion, qui est l’objet matériel. Voila pourquoi, comme les précédents, il veut que ces prémisses soient affirmées par la faculté élevée, par Vhabilus fidci qui leur donnera une certitude supérieure. Disp. I. n. 82, p. 52 ; n. l n i. i u ;, . p. 62, o.’!. Elles demandent donc pour être perçues au moment de l’acte, la lumière subjective de la vertu infuse, qui se tient du côté du sujet et agit ut quo. Voir col. 238, 240.

Où il se sépare des précédents, c’est sur la lumière objective qui doit montrer ces prémisses à l’assentiment de foi, et conséquemment sur le genre de connaissance auquel elles appartiennent du côté de leur motif. Le premier système disait : « Dans l’acte mime de lui. elles ne sent plus admisea cause de leurs preuves. elles sont crues sur la parole de Dieu, c’est une connaissance de foi au sens propre du mot. Le second et le troisième disaient : « Elles ne sont pas admises a cause de leurs preuves, ni non plus sur la parole de Dieu, mais immédiatement en elles mêmes, sous l’empire de la volonté et de la grâce » , Lugo dira, en se rapprochant de dite dernière formule, mais en l’interprétant différemment : « Elle sont admises immédiatement en elle mêmes, non pas en ce sens qu’on les prenne séparément de leurs preuves, mais en ce sens qu’on prend, au contraire, chacune de ces prémisses avec ses preuves vi. n.