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immédiatement une proposition essentiellement médiate, d’admettre sans preuves une proposition neutre par rapport à nous. Dispulationes, De fuie, disp. I, n. 86-98, Paris, 1891, t. i, p. 54 sq. Nous avons nousmême parlé de ce souvenir confus des preuves, qui peut suffire à faire raisonnablement admettre un énoncé. Voir col. 178, 316, 317. Nous avons cité la théorie de Newman sur cette accumulation spontanée de petits faits maintenant oubliés, cpii ont laissé dans l’esprit certaines conclusions. Voir col. 319, 320. William G. Ward, tout en admirant l’observation psychologique de Newman, a bien fait remarquer (comme Lugo) que ces conclusions laissées dans l’esprit dépendent toujours des prémisses anciennes qui les ont données, et dont on garde le souvenir confus, qu’elles en tirent tout ce qu’elles ont de force et de certitude, Dublin revit iv. octobre 1869, p. 427 sq. Quoi qu’il en soit, nous saisissons dans Arriaga le passage du 1 er système au 2e, grâce à une interprétation trop large du credere de Suarez, et à d’autres modifications ; et nous voyons le principe fondamental du 2° système déjà nettement posé.

Viva en cherchant à rester suarézien, a adopté plusieurs points de la théorie d’Arriaga, qu’il cite plusieurs lois et croit un disciple de Suarez. « Les motifs de crédibilité et l’autorité de l’Église, dit-il, nous amènent à une connaissance moralement certaine de l’i xistence de la révélation. Ensuite, oubliant ces motifs, ou les rejetant, nous pouvons affirmer immédiatement l’existence de la révélation à cause de sa vérité intrinsèque. » Cursus llwologicus, 7° édit., Padoue, 1755, part. IV. disp. I, q. iv, n. 8, p. 42. 11 dépend de la volonté libre, d’après lui, de nous faire adhère) à l’existence de la révélation de l’une ou l’autre manière : soit à cause de ses motiis, soit sans ses motifs (pourvu qu’ils aient précédé comme condition). cit., n. 9, 11. p. 43, 44. On trouvera des citations plus abondantes de Viva, avec leur réfutation, dans Pesch, Prælectiones.3’édit., t. viii, n. 347, p. 157, 158.

Au i siècle, quand on reprit les éludes’.colasI tiques, on commença par ne connaître sur l’analyse de | l.i foi que les deux systèmes de Suarez et de Lugo ; plu- > se croyaient obligés de choisir OU l’un ou l’autre, ’et pensaient prouver l’un simplement en réfutant l’autre (pal exemple. Eranzelhi. lue. cit., p. 649)., Kleutgen, après avoir défenou celui de Lugo dans la première édition de sa Théologie der Vorzeit, s’aperçut, aux critiques de Schazler et de Scheeben, que sterne n’était pas pleinement satisfaisant ; il l’avoue dans son volume complémentaire. Ileilui/rn. etc., bue. 3e, Munster, 1875, part. 11.’/.mLehre vom Glauben, p. 49. Mais il ne proposa point un troisième me différent de ceux de Suarez et de Lugo. M..// ! li.i eui alors le mérite d’essayer un tertium quid. Revenu du système de Suarez, qu’il avait auparavant suii sans enthousiasme, nous dit-il des sa.’! ’édition, il parcourt à peu près le même chemin qu’Arriaga.’' lui, il part de la formule suarézienne credere

cilalem Dei, en changeant le sens du mot credere. Comme lui, il note qu’on pourrait garder cette formule en ce sens, que la foi, c’esl à dire la vertu Infuse de foi, atteint l’objet foi mei en même temps que l’objet matériel, celui-ci médiatement et par le motif spécifique de l.i f (, i. ce qui est proprement croire. celui-là immédiatement et non polnl par le uiotil ae la loi, qui jetterai ! inévitablement dan le cercle vicieux, ou us m infinitum. t>r oirlulibuu infusis, Ut., Naples, 1909, prop. 31e, n. 816, 817, p. 417, i théorii d’Arria lui an Ivenl. du i cite. Ibtd., n. « i". 409.

Comme eux, il cherche à oublier les motifs de crédlbl llté, d’n fait abstraction » et, après avoir ainsi ouille en quelque sorte l’objet formel di preuves nécessaires, il recourt à un coup d’état de la volonté libre pour faire admettre immédiatement et sans preuves un objet formel qui est loin d’être immédiatement évident. Loc. cit., n. 819, p. 419 sq. Le motif spécifique de la foi, au moment même où il fonctionne, il l’appelle non visum, non apparens, croyant suivre en cela saint Thomas, qui n’avait pourtant donné ces qualifications qu’à l’oLjet d’attribution, aux mystères. Voir ce que nous avons dit du système de Mazzella sur la liberté de la foi, très lie à la question présente, col. 422, 423. Cette obscurité qu’il veut mettre élans l’objet formel quo, dans le motif spécifique de la foi, est d’autant plus étrange que ce motif est destiné à éclairer du dehors le mystère qu’il fait admettre, et à faire passer l’esprit du connu à l’inconnu. Mais Viva. qui suivait Mazzella, avait cru répondre à cette difficulté en disant : « En quel sens le motif doit-il être plus connu que l’objet matériel ? En ce sens qu’il doit être connu en premier lieu, et plus immédiatement ; mais non pas en ce sens qu’il doit être plus clair, plus évident. Il est vrai, dans les connaissances naturelles, l’intelligence, pour éviter le danger de se tromper, va du plus connu au moins connu ; mais cela n’a pas lieu dans les connaissances surnaturelles, où il n’y a aucun danger d’erreur (comme si l’homme avait conscience de la surnaturalité de son acte pour se préserver du danger d’erreur, et comme si le surnaturel changeait les lois essentielles de l’esprit humain !) » Loc. cit., q. iii, a. 2, n. 12, p. 36. Ainsi, sous l’influence directe ge Viva, se forma le système. Présenté sous le patronage de saint Thomas, il lui bien accueilli par ceux que frappait l’insuffisance des systèmes de Suarez et de Lugo, dont Mazzella. d’ailleurs, donnait une bonne réfutation. Mais plusieurs finirent par abandonner le sien à son tour quand ils en eurent constaté les défauts, quand ils comprirent qu’en dehors de ces trois systèmes en pouvait encore trouver autre chose.

M. Bainvel en a fait brièvement la critique. « Le motif intrinsèque de la foi n’est donc (pour Mazzella) ni l’autorité en tant que vue, ni l’autorité en tant que crue. Qu’esl-ce alors ? » Lu foi et l’acte de foi, 2° édit., 1908, ]). 54. Et plus loin il note quc cette idée de chercher l’obscurité de la foi du côté du motif, de l’objet formel, n’est pas acceptable. Op. cit., part. I, c. vi, p. 95. Voir ce que nous avons dit. col. 139. « C’est la volonté, dit encore M. Bainvel, qui fait passer l’esprit de la science à la foi. L’esprit perd-il pied dans ce passage, fait-il vraiment le saut dans la nuit ?… L’acte de foi ne saurait se faire ainsi, étant un acte intellectuel, un acte de connaissance. La vérité ne cesse pas d’être présente a l’esprit, et présente dans une lumière d’évidence. Ce n’est pas l’évidence du vrai, mais c’est l’évidence de crédibilité, i Part. II, c. x. p. 181. 185. « il ne faut donc pas regarder l’acte de foi comme un acte aveugle autant vaudrait dire qu’on peut voir en fermant, les y eux la lumière ne manque pas un instant… Elle ne cesse de me montrer que j’ai raison d’affirmer. f.or. cit., p. 186, 187. Mais a côté de ces passades de M. Uaiuvcl. nous en lisons d’autres du même auteur qui rendent un son différent et se rapprochent beaucoup de Mazzella : Mon seul motif est l’autorité de celui qui parle : je m’y arrête s.ms songer plus loin, je fais abstraction de mon évidence préalable. > Op. cii., part. I, c. iii, p. 37. si je lai. abstraction de l’évidence de crédibilité, comment reste-t-elle présente a l’esprit » ? Et plus loin : i Les uns (LugO, et en général les partisans de la foi scientifique) font entier dans Parle de loi la vue, au moins Indirecte, de la vérité ; les ai (Su. ne/, ci en général la foi d’autorité que soutient M. Bainvel), tout en supposant cette vue comme condition préalable, rn /ont abstraction dans l’acte