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soit qu’il ne l’ait pas ; soit qu’il participe une modalité surnaturelle, ou non ; en toute hypothèse, c’est un assentiment intrinsèquement naturel, et, comme tel, il ne peut égaler la certilude de l’assentiment de foi, qui est intimement et spécifiquement surnaturel. » Cursus theol., Paris, 1879, t. xi. De fuie, disp. III. n. 54, p. 217. e) Les Salmanticenses cherchent donc une autre réponse. On nous objecte, disent-ils. qu’une conséquence de l’opinion thomiste, c’est que le philosophe chrétien ne pourra pas l’aire un acte de l’oi sur ces vérités, et qu’il sera sur ce point inférieur en certitude au Qdèle ignorant. Pli bien ! oui. nous admettons celle conséquence. Elle n’a pas d’inconvénient… Tout bien considéré, le philosophe chrétien n’est point mis par là dans une condition inférieure, mais plutôt supérieure. Car l’objet matériel principal et propre de la foi ne consiste pas dans ies vérités naturelles, mais dans les mystères surnaturels… Quand il ne peut pas faire un acte de foi sur une vérité naturelle, le philosophe chrétien subit un dommage, c’est vrai, niais sur un point tout extérieur qui n’appartient à la foi que par accident. Et ce dommage est abondamment compensi par trois avantages, a. Pu se retirant de ces objets naturels et en y cédant la place à l'évidence, sa foi se recueille et se ramasse dans son domaine propre, l'être surnaturel ; émondée, pour ainsi dire, et débarrassée de ces branchages extérieurs, elle pousse avec plus de vigueur les fruits qui lui sont propres, b. Si le Qdèle ordinaire étend sa foi à plus d’objets naturels que le philosophe, celui-ci étend la sienne à plus d’objets surnaturels, il connaît plus d’articles, c. I.e philosophe a le même mérite, a.anse de sa volonté de Croire (ces vérités naturelles), s’il n’en avait pas l'évidence, f.ue. nt.. n. 5 ;), p. 217, 21X. — Mais ce troisième avantage, comme Panez l’a remarqué, ne répond pas a la question, qui porte sur la certitude de l’intelligence, et non sur le mérite de la volonté. Le deuxième ne regarde pas non plus la certitude, mais l'étendue des connaissances religieuses ; d’ailleurs, il fait souvent défaut, puisqu’on peut être philosophe sans être théologien, et sans avoir plus qu’un autre fidèle la connaissance des vérités cachées à la raison. Reste donc uniquement le premier avantage ; mais il est fondé sur une idée fausse. Les vérités en question, existence et

attributs de Dieu tels qu’on les prouve en théodicée, vérités morales, etc. ne sont pas des objets extérieurs »

a la loi. des broussailles qui l'étoulTent : ce sont des

vérités révélées, des dogmes proposés par l'Église, par

exemple, au concile du Vatican, ou dans la condamna lion solennelle (le certaines propositions de morale ; d’après les thomistes eux-mêmes, ce sont des objets de

foi divine au moins pour les simples fidèles. Elles ne nuisent pas a l’objet principal, comme nuisent au fruit de l’arbre les rameaux superflus : au contraire, elles

m tout qu’un seul tout avec les autres parties de la révélation, un tout harmonieux, où tout s'éclaire et se soutient mutuellement. D’ailleurs, il n’y a pas en Dieu une partie naturelle et une partie surnaturelle : si nous di tinguons en lui l’auteur de la nature et l’auteur de

tee, des vérités naturelles, et des vérités c surnaturelles sur Dieu, ce ne sont la que dénominations de nos forces, de nos exigences et de notre manière de connaître, et des limites de tout cela ; la toute

lire de Dieu dans l’ordre de la nature n’est pas moins divine que dans l’ordre de la grâce, l’unité de sa nature n’est pas moins divine que la limité des personnes Quand il ne porte plus ces vérités accessibles à

on mais révélées, l’arbre de notre foi n’est donc pal (inonde, mais inutile.

ml d’achever cette recension des diverses réi preuve rationnelle de l’opinion affirmative, il Importe de partager les défenseurs de l’opinion e 1 n deux foii différentes. n. Les uns.

comme ceux que nous venons d'énumérer, mettent réellement le philosophe chrétien dans un état d’infériorité à l'égard des vérités en question. Ils ne lui accordent ni le pouvoir d’appuyer sa conviction sur le témoignage de Dieu, ni une certitude de même ordre que celle des fidèles ignorants, c’est-à-dire la certitude suprême et intrinsèquement surnaturelle de la foi. — b. Les autres évitent ces inconvénients, ou à peu près. Ils concèdent que la démonstration scientifique n’empêche pas de s’appuyer sur le témoignage de Dieu, ni d’avoir une certitude intrinsèquement surnaturelle de ces vérités démontrées, une certitude égale à la certitude de foi des fidèles qui n’ont pas la démonstration. Seulement, ils ne veulent pas appeler « foi » cet acte surnaturel fondé sur le témoignage de Dieu. parce que, disent-ils, il n’a pas cette obscurité qui est un élément essentiel de la foi. Les premiers s’opposent à l’opinion affirmative sur une question de chose et quant au côté positif de l’assentiment du philosophe chrétien ; les seconds ne lui sont opposés que sur une question de mot, ou du moins sur un élément négatif. A la seconde catégorie appartiennent des noms illustres. Dès le commencement du xve siècle, Capréolus, « prince des thomistes » , écrivait : « Le fidèle qui a acquis la science de celle vérité. Dieu est un, la tient par un double moyen (de preuve), c’est-à-dire par l’autorité de Dieu et par un moyen démonstratif. Mais il ne suit pas de là que l’assentiment causé par ces deux moyens soit un acte de science et de foi en même temps (comme Durand le prétendait), mais seulement de science. Car on ne peut pas dire de tout assentiment causé par l’autorité (d’un témoignage) qu’il est un acte de croire, assensus creditivus : il y faut encore cette condition, que l’autorité en soit la cause totale, ou du moins, que l’autre moyen, qui concourt avec l’autorité, n’enlève pas la raison formelle de l’objet de foi (l’obscurité). Or, un moyen nécessaire (de science évidente) enlève cette condition, et par suite empêche que ce ne soit un acte de foi. » Defensiones theologix

S. Thomas, 1. III Sent., dist. XXV, a. 3, S 2. ad : î

Tours, 1901, t. v, p. 331. Tout le monde comprendra qu’on puisse réserver le nom d’acte de foi, ou le mot croire, dans le sens le plus strict du mot. à l’assentiment où l’autorité du témoignage figure comme cause totale. Voir Pesch, Prselectiones, ' ! ' édit., 1910, I. viii, n. 409, p. 188, 1X9. Capréolus est d’autant plus en droit de refuser le nom de o foi t à l’assentiment en question qu’il envisage le cas de simultanéité le plus complet, simultanéité mathématique, bien plus, le cas où les deux actes n’eu font plus qu’un seul, ayant deux motifs ou moyens > qui concourent ensemble ; or les principaux défenseurs de la simultanéité n’osent admettre, pour des raisons psychologiques, une simultanéité aussi parfaite, ni soutenu* qu’un tel acte unique, s’il était possible, dut être appelé » foi » . Voir col. I") I. Du reste Capréolus ne refuse pas de faire directement Intervenir, dans l’acte en question, la vertu infuse de foi aussi bien que le témoignage de Dieu : Dans un tel assentiment, causé par le concours de la divine autorité el du moyen nécessaire, il y a deux éléments, la fermeté d’adhésion (certitude), et l'évidence de l'énoncé auquel on adhère. Pour le premier de ces éléments, la cause de l’assen I inient de foi (sans

doute la vertu infuseï agit directement, / "<. cit., ad i, p. 33 I. C’est probablement aussi ce que voulait

dire liane/, cité plus h. ml ; voir ce qu’il ajoute, op. cit..

q. ii. a. Pi. 2° conclus., p. 201. Gonet, plus développé

cl plus clair que Pane/., cite Capréolus. et conclut : Le philosophe chrétien ne peut avoir en même temps la science < la fui de cette proposition : Dieu existe, ou : Dieu est un. Il peut néanmoins eu avoir en même

temps la nrtitiiiii de teience et la certitude de foi. la première, en tanl qu’il s’appuie surtout iut t> moyen