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l’honneur à rendre à Dieu. — e) Enfin, la liberté de la foi, telle qu’elle est expliquée dans ce système par opposition à tous les autres, n’est pas une liberté de contrariété (comme dit l’école) entre le bien et le mal, entre la foi et le doute imprudent, entre la foi et l’incrédulité coupable. C’est essentiellement la liberté de choisir entre deux biens, entre deux assentiments fermes donnés au témoignage divin, la foi discursive et la foi non discursive. Assurément, la seconde est présentée comme très supérieure à la première, comme seule surnaturelle, seule satisfaisant au précepte de la foi. Mais, en admettant même cela, nous ne sommes pas obligés , r surnaturellement à chaque instant, ni de la manière la plus parfaite ; le précepte posilil de la foi théologale n’oblige pas pro semper : il laisse donc place à des actes de foi discursive ou « scientifique » auxquels il n’y a aucune obligation d’ajouter un assentiment supérieur loties quolies. Quant au précepte négatif delà foi, il n’est violé que par le doute volontaire ou la négation d’une vérité suffisamment proposée comme révélée : il ne peut donc être violé par une ferme adhésion à cette vérité, cette adhésion fût-elle sous une forme discursive ou scientifique qui n’a rien en soi d’immoral, et qui a son utilité au moins comme préparation rationnelle à la foi proprement dite. Ainsi, et îlel’aveu même des défenseurs du système, la liberté qui peut suffire à un acte de foi théologale consiste à choisir une foi plus parfaite au lieu d’une foi moins parfaite au témoignage de Dieu. Or, cette conception de la liberté essentielle de la foi ne semble pas répondre a celle que donnent les documents sacrés, qui doivent guider nos théories. D’après eux, la liberté de la loi ne consiste pas a choisir entre deux biens, mais entre l.i loi et le doute, entre la foi et l’incrédulité, ce que nous prouvons par les considérations suivantes. Le rôle de la volonté libre et son objet peut se déduire de celui de la grâce, puisque la volonté ne fait que consentir el coopérer a ce que la grâce lui inspire et opère en elle, homo libérant præstal ipsi Dca obedienliam Un fuir), gratiæ ejus, eni resistere posset, consentiendo operando. Concile du Vatican, c. m. Denzinger, n. 1791. Voyons donc le rôle de la grâce sur la volonté dans la foi, décrit par le I I f’concile d’Orange. Il dit que la volonté de croire, ipse creduliialis affeclus, est en nous par un don de la grâce, iil est. per inspiralionem Spirilus Sancti corrigenlem voluntatem nostram <ib infldelilate ad fidem, ab impielale ad pictalem. Can. â, Denzinger, n. 17X. La volonté doit donc, sous l’in-Qlience de la grâce, choisir non pas entre deux biens, Biais entre l’incrédulité et la foi, entre l’impiété el la L’Écriture nous donne déjà la même conception. La loi d’Abraham est donnée par saint Paul comme le prototype de la nôtre. Or en quoi consista son mérite, cl p. n conséquent sa liberté, racine du mérite ? Que loin saint Paul en lui’.' I.sl ce d’avoir adhéré au témoignage divin de telle façon plutôt que de telle autre, ferme cependant ? Non : mais d’avoir cru fermement au lieu de se laisser aller ; iu douteel a l’incrédulité : Non inprmalus est fuie…. mai hœsitavit <li]idtntia, etc. Rom., iv, II » . 20. Est-ce d’avoir fait abstraction de Vevidenlitt atlestantis qu’il avait’.' Non : mais d’avoir fait abstraction des raisons inliiulèques qu’il pouvait avoir <<- douter du miracle annoncé : nec considf ravit, etc., 19. Voir, sur ce texte, col. us, x.x. Ajoutons que saint Thomas, quand il explique (sommairement) le rôle de la volonté libre dans la foi, représente toujours la volonté comme fixant et déterminant l’intelligence, qui autrement

dt dans le doute, dans la fluctuation enln II deux assertions opposées. Sain, theol., IL II’, q. i. a. I. I >r veritate, q. xiv, a. I.

fi. Système qui explique la liberté ipécialt de In foi par la résolution de préférenci, qui doit régner dam la

volonté du fidèle. — Cette résolution générale de croire tout ce que Dieu a révélé, de persévérer toujours dans la foi reçue et de la préférer à tout ce qui viendrait la contredire, est demandée par les documents positifs, voir col. 320 sq. — fondée en raison, voir col. 331 sq. Elle doit servir à expliquer l’appréciation souveraine, super omnia, qui est requise dans la foi comme dans les autres vertus théologales, et qui fait de ces vertus un suprême hommage rendu à Dieu. Voir col. 383 sq. Elle influe d’une manière spéciale sur l’adhésion aux vérités révélées, et concourt à donner à la certitude de la foi son caractère propre. Voir col. 387. Il était donc naturel que cet acte de la volonté libre, cette disposition régnante, fût utilisée dans l’explication du pius affeclus et de la liberté spéciale de la foi. Saint Thomas, si l’on rapproche plusieurs de ses paroles, semble avoir indiqué cette direction aux recherches des théologiens. Même les vérités révélées qu’on ignore, on doit avoir l’âme prête à les croire, crederc in prseparatione animi, > être prêt à croire tout ce que contient la divine Écriture. » Sum. theol.. II » II’. <[. ii, a. â. L’hérétique formel « est attaché â sa propre volonté… ; il n’est pas prêt â suivre en tout la doctrine de l’Église. » q. v. a. 3 ; au contraire, les fidèles sont « prêts â croire tout, » q. v. a. 1, ad l" nl. Ceux-là mêmes, parmi eux, qui ne connaissent que peu d’articles, « comprennent… qu’il ne faut en aucune façon s’en écarter et dévier, » q. viii, a. ], ad 2°"’. Quand on a cette disposition générale, « cette promptitude de la volonté à croire, on aime la vérité que l’on croit, el l’on cherche des raisons (pour la défendre, ou se la rendre à soi-même plus croyable) : ainsi employée, la raison humaine n’exclut pas le mérite de la foi. au contraire, elle est signe d’un plus grand mérite, iq, ii, a. in. « Les raisons démonstratives qui apparaissent à l’esprit pour prouver les préambules de la foi… ne diminuent pas cet amour, par lequel la volonté est prête a la loi quand bien même ces raisons n’apparaîtraient pas : c’est pourquoi le mérite n’est pas alors diminué. > /.oc. cit., ad 2’"". Notons ici que, si les « preuves des préambules > sont démonstratives » - étant donné le sens que les scolastiques attachent au mot o démonstration « ---c’est Vevidentia atlestantis : saint Thomas la juge donc compatible avec le mérite (et par conséquent la liberté) de la foi. el cela, à cause de la volonté générale de croire en toute hypothèse, qu’il y ail ou qu’il n’y ait pas celle évidence de luxe. Car nous ne devons pas exiger celle évidence et il suffit d’une crédibilité inférieure. Voir col. 215 sq. Au contraire, la loi des démons » non seulement est dépourvue de cette volonté générale de rendre à Dieu le plein hommage de la foi, mais encore est accompagnée d’un déplaisir, parce que leur foi. même forcée, est après tout un hommage matériel qu’ils lui rendent el qu’ils ne voudraient pas lui rendre, en sorte que, pai

celle opposition de leur volonté, leur hommage n’esl

pas formel. Voir système précédent, col. 128. Cela même déplaît aux dénions, dit saint Thomas, que les pieuses de la révélation soient m évidentes qu’elles

les forcent a croire. (|. v. a. 2. ad 3 Ce n’esl donc

pas précisément V évident la atlestantis qui détruit la liberté et le mérite de la foi : mais tout dépend de la

volonté et de la disposition gêner. de qui lègue : disposition toute contraire dans le vrai fidèle qui aurait cette évidence, el dans le démon qui l’a. I.e premier

i l.i pieuse affection
le second, la résistance impie

de la volonté. Saint Bonaventure donne les mêmes indications. Il tant que l’Intelligence adhère a la souveraine Vérité propter se et super omnia… Celle

rectitude, on ne l’a pas sons la vouloir, mais en la voulant, on veut captiver son Intelligence pour rendre hommage au Christ. In IV Sent.. I. III, dlst. XXIII, a. i. q. i. Opéra, Quaraccht, 1887, t. m. p. 171. I i