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torité d’autant plus fortes que l’objet du témoignage est plus difficile à comprendre. — Oui ; dans un même livre d’un même voyageur, nous croirons sans peine et parfois sans aucune intervention de la volonté des choses très vraisemblables qu’il nous raconte, et puis notre croyance s’arrêtera en face d’un fait extraordinaire ou peu vraisemblable : il nous faudrait une garantie plus forte de son autorité. C’est que l’on n’a pas ordinairement en un seul homme une autorité absolument sûre ; tout à l’heure nous ne doutions pas des choses vraisemblables qu’il nous racontait, parce qu’aucun motif de douter ne se présentait à notre esprit ; maintenant, un récit invraisemblable nous rappelle l’insuffisance de son autorité, la possibilité chez lui d’une exagération ou d’une illusion. Mais quand il s’agit de Dieu qui témoigne, si nous saisissons bien ce qu’il est (et c’est le cas de Vevidentia attestanlis), nous aurons la confiance la plus absolue dans toute affirmation d’un pareil témoin, vraisemblable ou non. Si d’une part les mystères étonnent la raison, de l’autre la garantie d’autorité est toujours à la hauteur voulue : elle est absolue et infinie.

</i Dans ce syllogisme : Quod Deus révélât est verum : ati/ui Deus revelavit Trinilalem : ergo Trinilas est vent, il n’est pas exact de dire avec le 1'. Semeria que la conclusion signifie : Trinilas est vera extrinsece, loc. cit., p. 88, 89, — ou avec M. Bainvel : Vrai d’une vérité extrinsèque, vrai en tant que dit par un témoin véridique ; mais ce n’est pas là le jugement sur la vérité en soi de la chose à croire, et dont la formule exacte est : Cela est. ' La foi et l’acte de foi, Paris, 1898, pari. II. c. iv. p. 124, en note. Non, la conclusion du dit syllogisme est bien : La Trinité est. » Le fait de l’existence de la Trinité est affirmé simplement et sans restriction et comme objectivement vrai, bien que nous n’en voyions, pas le comment, ce qui enlève la connaissance intrinsèque. S’il y a deux espèces d'évidence et de connaissance, il n’y a pas deux espèces de vérité, l’intrinsèque et l’extrinsèque ; l'énoncé qui est prouvé vrai p. ii voie extrinsèque est aussi vrai, aussi conforme à la réalité objective que s’il élail prouvé par voie Intrinsèque. Dire encore avec le P. Semeria que vera équivaut à evidenter credibilis, n’est pas plus exact. Loc. cit. Le vrai est très différent du croyable, el ['évidemment vrai de ['évidemment croyable, commel’adtnettent tous les théologiens, malgré des différences d’explication. Voir col. 217-219. Aucune dialectique n’acceptera le syllogisme qu’on voudrait nous faire ici : Quod Deus révélai est verum : alqui Deus revelavit Trinitatem : ergo Trinitasest evidenter credibilis. Il y a vraiment trop de termes. Ajoutons en finissant que ce lystème, ainsi que d’autres, s’est souvent réclamé d’un prétendu texte de saint Ambroisc : ('.redire aul non eredere volunialis est : neque enim cogi potest ad id quod manifestum non est. In Episl. ml Rom., iv, I. I'. /… I. xvii, col. 82. La critique a reconnu, non seulement que les mots nei/ue eiiiiu c.ogi, etc., manquent dans plusieurs manuscrits et peuvent être une glose, mais nirtout ipie ce commentaire sur l'Épître aux Romains n’est pas de saint Ambroisc, mais d’un inconnu bien moins recommandable que l’on désigne sous le nom d Vmbrosiasti

.">. Système qui fuit consister l’influence spéciale île la volaille a choisir entre ileu.x manières différentes de croire au témoignage divin, et a appliquer l’intelligence a l’une de rrs deux manières, regardée comme itielle a la foi divine. Cette manière essentielle est d’ailleurs présentée diversement par divers défenseurs du système, qui pourrait ainsi se subdiviSuarez semble en avoir clé le premier auteur, en cant dans l’assentiment de foi une manière 1res particulière d’atteindre l’autorité divine et le fait de (lit ion ; nous en parlerons à propos de l’anal) se

de la foi. Étant donnée même Vevidentia altestanlis, il y a pour lui deux assentiments possibles. Le premier prend cette évidence pour fondement, causa per se. Ce n’est point la « foi simple » , mais un acte discursif étranger à la nature de la foi, non habetur (assensus) ex simplici fide, sed per discursum alienum et exlraneum a fide. Le second ne s’appuie pas sur Vevidentia altestanlis avec ses preuves, simple phénomène « concomitant » , mais sur l’autorité de Dieu admise parce que Dieu la révèle, crue et non pas vue. Disp. III, sect. viii, n. 25, 26, p. 78 ; cf. sect. vi. n. 5 sq., p. 64. Entre ces deux espèces d’assentiments possibles, il y a une indétermination qu’il appartient à la volonté libre de faire cesser en commandant celui-ci plutôt que celui-là. Toutefois Suarez n’est pas très clair sur la liberté de la foi, et semble hésiter entre diverses explications, loc. cit.. et disp. VI, sect. vi, où il condamne d’ailleurs le despotisme de la volonté, n. 8, p. 185. .Mais ses disciples ont tiré plus clairement la conséquence de ses principes. Ainsi Coninck explique la liberté malgré Vevidentia altestanlis dans les prophètes, les apôtres, etc. par leur manière de croire, non pas déductive, mais immédiate propter ieslimonium Dei eliam eredilum. Et la volonté était nécessaire alors, non pas seulement pour choisir cette seconde manière de croire plutôt que l’autre, mais encore parce que cette seconde manière < rend l’objet formel obscur et incapable de déterminer l’assentiment. » De acluuiu superualuralium. etc. Anvers. 1(12 : 5. dis]). XIII. n. 39. p. 2'.. Mazzella a donné une formule très claire du système : Etant donnée l'évidence du fait de la révélation, dit-il. duplex potest oriri assensus in verilatem revclalam : iinus, qui in illum lendit ob aucloritalem et revelalianem evidenter notam ; qui proinde dclcrminidur ab ipsa prsesenlia objecti, et est necessarius : aller qui fcrtur in illam verilatem ob ipsam aucloritalem et revelalianem créditant ; qui proinde delcrminatur ab imperio volunialis, et est liber… Jamvcro assensus divinse fidei fertur in auctoritalem et revelalianem non ut evidentem, sed ut créditant ; adeoque supposiia evideniia concomitante aucloritatis et revelationis, adluie intégra manet libertas fidei. De virtutibus infusis, Home. 1879, n. ~'M. p. 384. F.t ailleurs : Possum abslraIwre a motivis quæ evidentem reddunt divinam auctoritalem… Si ergo ab his abslrahendo clieio assensum fidei, hic nequit ab evideniia determinari. Delerminabitur ergo a voluntate, imperante actum [verum fidei assensum). quo simul credo ex <jr. incarnulioncm. el aucloritalem Dei revelanlis. l.oe. cit., n. 72n, p. : '>7(i. Mais à partir de la ! 5 édition, une évolution se fait chez le cardinal Mazzella. Celle difficile théorie de Suarez. qu’il faut dans l’acle de foi croire les préambules comme on croit les mystères et pour le même motif spécifique (voir ce qui sera dit au sujet de l’analyse la foi), il l’abandonne et la combat maintenant. Mais pour la liberté de la foi. Ma/./.clla garde au fond la même explication : faire abstraction des motifs de crédibilité et de leur évidence plus ou moins stricte, laquelle demeure concomitante ; et. en dehors de tout cela, affirmer l’objet formel « le la foi d’une

nouvelle manière, sous l’influence de la (douté libre. Ce reste de silaré/.ianisme lui permet de conserver. mu la liberté de la foi. le texte primitif que nous venons de citer : seulement, au mol eredilam qui suppose la

théorie de Suarez, il substitue non visam. Voir 6e édit.. 1909, n. 668, p. 340. Celle nouvelle expression est

empruntée a saint Thomas : Objeelum fidei est res divina non visa. Sum. Ilieul.. [II » , q. VII, a. 3, Ou equivalemment : Veritas Prima non est objeelum proprium

fidei, nisi suh hue ralione praul est non apparent. Quæst. disp.. De venlale. q, xiv. a. '.', . ad 0'"". Mais

en réalité l’auteur détourne ces paroles de leur vrai sens, et applique a l’auctorilas Dei revelanlis,