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2. Preuves d’une influence spéciale de la volonté libre dans la foi. — a) Les définitions de l’acte de foi. — Plusieurs Pères ont fait entrer l'élément volontaire dans les définitions mêmes qu’il donnaient de la foi. Voir col. 394. Le concile de Trente en fait autant dans sa description de l’acte de foi comme première disposition à la justification : libère moventur in Deum, credentes, etc. Voir col. 395. Comparons les définitions qu’en philosophie et ailleurs on donne de la science et de son assentiment : jamais on n’y mentionne cet élément volontaire, sans doute parce que le rôle qu’il peut jouer dans la science parfaite n’est pas aussi intime que celui qu’il joue dans la foi parfaite.

b) L’interprétation historique de la condamnation de Hermès sur la liberté de la foi, au concile du Vatican, canon 5, De fuie. Voir col. 395. Quelle était son erreur, d’après ses propres ouvrages ? Niait-Il la liberté de l’homme en général ? Non. Niait-il la liberté commune a la foi et à la science, la volonté appliquant l’intelligence à l'étude, le fait psychologique de l’attention volontaire ? Non : il dit lui-même que, pour arriver aux conclusions de l’enquête philosophique, apologétique, dogmatique, qui lui a rendu la foi, n il a dû traverser avec beaucoup d’efforts le labyrinthe du doute » où d’autres « refuseraient de s’engager. » Voir col. 282. Il suppose donc un rôle important de l’effort volontaire dans l'étude des préambules, et, en ce sens, dans la foi. Seulement, d’après lui, la volonté n’a pas autre chose à faire qu'à appliquer l’intelligence, d’abord à douter malgré les convictions acquises, ensuite à étudier profondément les raisons de croire, jusqu'à ce que ces raisons produisent « une absolue nécessité (ou détermination) de l’intelligence. » Loc. cit. La foi, d’après lui, est « la persuasion forcée que l’on a d’une vérité démontrée. » Voir les théologiens romains qui le citent, Collectio lacensis, l. vii, col. 529. La foi, pour lui, est produite par des » arguments nécessitants » , nôtigenden Grùnden. Voir sur le sens de ce mot l’explication de l'évêque de Paderborn dans son rapport au COftcile, ibid., col. 188. Ce que dit Hennés irait très bien à une définition de la science parfaite : mais, quand il s’agit de la foi, ce n’est pas lui donner assez de liberté ; là était son erreur. Le concile a donc implicitement affirmé, dans ce canon, que la foi doit avoir une liberté spéciale que n’a pas la science. L’a-t-il définiel On peut penser que non. la « définition » devant être une déclaration explicite. Mendive dit que la doctrine commune et vraie, » c’est de reconnaître à la foi j une liberté spéciale, que n’a pas la science, et qu’il | appelle » immédiate » : mais que l'Église ne l’a jamais j définie. Institution/s dogmalico-scholaslicse, Yalladolid. 1895, t. iv, n. Of., p. 361.

i) Le mérite spécial île lu /ni. — Il peut y avoir mérite même dans la science : ce mérite consiste uniquement dans la considération que la question, dans l’attention persévérante qu’on lui donne, consideralio //.c potest esse meriloria. S. Thomas, loc. cil. Mais

l'évidence parfaite met la conclusion scient i li(|lle à

l’abri des doutes, même imprudents : aucun sophisme ne s'élève contre la conclusion d’un raisonnement mathématique bien vérifié. Dans la foi. outre le mérite de la « considération » , il en a un autre qui n’appartient pas à la science. et qui tien) au défaut d'évidence rite. Même après la plus sérieuse considération motifs de crédibilité, des sophismes peuvent ever contre eux, grâce au procédé synthétique et

Complexe du raisonnement, a la nature des Vérités morales et religieuses, qui gênent les passions, a une mauvaise formation ou a un défaut de l’esprit. Voli ' "i 210, 211. Bien que réprouvés par le bon sens, ces sophismes peuvent être utilisés par une volonté plus ou moin niai disposée. Il y a donc un mérite, bien

i' ii itlque de la foi chrétienne, a combattre cette

mauvaise volonté, par une volonté droite et pure, qui, tendant à un bien supérieur, détourne l’intelligence de ces vains sophismes, et coupe ainsi par la racine les doutes qu’ils produisent ou qu’ils produiraient. Voir col. 95, 96. Tandis que la science évidente n’a pas d’autre mérite que de considérer tant qu’elle peut la question sous toutes ses faces, d’aborder directement toutes les difficultés, car plus elle voit, plus elle atteint son but, dans la foi, au contraire, l’esprit sous l’influence de la volonté ne considère pas certaines objections sophistiques, et il y a là un mérite que loue saint Paul dans Abraham : Ncc consideravil… Rom., iv, 19. En face de la toute-puissance divine, les impossibilités physiques, si obsédantes qu’elles fussent pour l’esprit d’Abraham, n'étaient qu’un vain sophisme, qu’il n’y avait pas lieu de considérer, contre lequel la volonté même devait réagir, rendant ainsi gloire à Dieu. Voir col. 68, 88. La science, qui par sa nature même tend louablement à voir le plus qu’elle peut, et qui peut sans inconvénient laisser sa conclusion scientifique en suspens, s’efforce de résoudre directement les difficultés. La foi, qui n’exige qu’une demilumière, et qui ne peut laisser le doute planer sur les vérités auxquelles elle adhère immuablement (voir col. 284286, 300-304), se contente d’une solution Indirecte des objections. Voir col. 326. La science aborde la nature intime de son objet, son développement, l’enchaînement de ses causes et de ses effets, le comment et le pourquoi des choses ; son but est la connaissance intrinsèque, son mérite est d’y tendre. La foi reconnaît que son objet principal est le mystère, qu’elle ne peut voir ni pénétrer ; la volonté arrête l’intelligence au seuil du mystère, la force à se contenter de la connaissance extrinsèque, basée sur un simple témoignage. Voir col. 107 sq. De là un mérite spécial, célébré par le Maître : Beali qui non viderunt et crcdidcrunl. Joa., xx, 29. Et les Pères de l’Eglise célèbrent cette retenue de la foi, cette obéissance aveugle au témoignage divin : ils l’opposent à la vision, à l’intuition, à l’expérience, à la science, à la curiosité, à la recherche du comment et du pourquoi. Voir leurs textes, col. 112-115. Ils disent avec saint Ephrem : « Comme les tempêtes agitent la mer, ainsi une curiosité vicieuse trouble l'âme (en face des mysIVrcsi… Comprime l’avidité de savoir et tu sentiras la domination pacifique de la foi. » Très sermones ci indice Yii/iiiinn. serm. il, dans Opéra, Home, 1713. t. iii, si/riacc et Inline, p. 192. Ils disent avec saint Augustin : « C’est le triomphe de la foi. si ce que l’on croit est Invisible : quel grand mérite y a-t-il à croire ce que l’on voit ? » In./ou., tr. LXXIX. n. 1. /'. /.., I. xxxv. col. 1X37. Avec saint Grégoire le Grand : l.a foi n’a pas de mérite, si la raison humaine fournil l’expérience, i llomil. in evangeliû, hoinil. xxvi. n. 8, /'. /.., I. i.xxvi, col. 1202. l.a vraie foi a donc un mélite spécial, qui n’est pas dans la science. Mais de

même que le mérite suppose essentiellement la liberté.

de même un mérite spécial suppose une influence spéciale de la volonté libre : il faut donc admet Ire celle influence dans l’acle de foi.

(/) /, < péché spécial contre la fui. il y a une faute

commune qui attaque la foi comme la science : c’est

s’instruire comme on le devrait, il y a

une faille spéciale contre la foi seule : quand l’Objet a

été suffisamment présenté à l’intelligence, ce qui ne

comporte pas une évidence irrésistible (Voir col. 215

217). la volonté libre peut faire refuser l’assenlinient :

c’est I' Infidélité ou l’hérésie. le péché direct

re la foi. déjà étudié par les Pères. Saint Augustin

décrit l’hérétique en ces termes La doctrine de la foi catholique lui étant manifestée, il a préféré résister,

il a ainsi choisi l’opinion conl i aire ipii lui plaisait Dl

bapllsmo cont. donattslas, c, xvi. /'. /.., t. xLtft, col.