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FOI


en lui qu’elle règne et qu’elle triomphe. » Dogmatique, trad. franc., Paris, 1877, t. i, § 41, p. 467. Cf. Salmanticenses, Cursus theologicus, Paris, 1879, t. xi, De fi.de, disp. I, n. 33, p. 17 ; C. Pesch, Prælectiones dogm., 3e édit., Fribourg, 1910, t. viii, n. 398, p. 183. Les mystères spécifient donc la foi, et lui communiquent les caractères particuliers que nous venons de signaler, et en outre celui d’obscurité. Voir ce qui sera dit de l’obscurité de la foi.

Ainsi, l’objet d’attribution de la foi, en un sens plus précis, c’est Dieu dans ses mystères. On peut serrer encore la question, et se demander si, parmi ces mystères eux-mêmes, il n’y a pas une hiérarchie et une subordination, en sorte qu’un seul domine. Dieu mettant l’ordre dans tout ce qu’il veut et ce qu’il fait, il est raisonnable de penser qu’il l’a poussé jusque-là dans sa révélation. Ce mystère suprême, au point de vue spéculatif, pourrait être la Trinité ; au point de vue pratique, la vision intuitive de Dieu, ou fin surnaturelle qui commande toute notre vie. Il y a d’ailleurs une étroite liaison entre ces deux mystères, puisque la contemplation de Dieu dans sa vie intime, dans sa Trinité, fera l’objet de notre béatitude surnaturelle. Saint Thomas désigne l’objet d’attribution, quand il dit des nombreux objets matériels de la foi : Tamen sub assen.su fidei non cadunt, nisi secundum quod habent aliquem ordinem ad Deum. Il le précise, en ajoutant aussitôt : prout scilicet per aliquos divinitatis effectus homo adjuvatur ad tendendum in divinam jruitionem. Sum. Iheol., IL II', q. i, a. 1. In divinam fruilionem, vers la béatitude surnaturelle : pourquoi la nommer ici à propos de l’objet d’attribution, sinon parce qu’il la regarde comme la suprême détermination de cet objet, comme le mystère suprême auquel se rapportent toutes les vérités révélées ? Et comme cette béatitude surnaturelle est en même temps l’objet d’attribution de notre espérance, voir Espérance, col. 631, on aurait là une explication plus profonde de la célèbre définition Fides est sperandarum substantia rerum, Heb., xi, 1 : la foi y serait définie par son objet d’attribution, la béatitude céleste qu’elle croit, res sperandæ. Et l’on conçoit qu’en parlant aux convertis du judaïsme, ad Hebrœos, il ait été plus opportun d’insister sur cet objet que sur le motif de la foi. Les juifs, en effet, habitués à s’enfermer avec la loi mosaïque dans le cercle étroit des promesses de biens temporels, avaient quelque peine à s'élever à la foi et à l’espérance des biens de la vie future. Au contraire, le motif de la foi, l’autorité de la parole de Dieu, ne leur offrait guère de difficulté, utumés qu’ils étaient « lis l’enfance, et par l’esprit public de leur race, à vénérer l'Écriture, la révélation divine. On n’avait donc pas, avec eux, à mettre en relief le motif de la foi ; il est d’ailleurs, dans cette dé tin il ion. indiqué imp icitement, puisque les mystères et les promesses divines ne peuvent être admis que sur l' nage « le Dieu.

Si Dieu n’avait pas élevé l’homme a la fin surnaturelle ni révélé de mystères, il n’aurait pas mis dans lis âmes la vertu infuse de foi. qui correspond a ce liant objet ; il aniait pu cependant révéler des vérités moins éloignées de notre raison, et l’homme aurait dû croire cette révélation : mais sa foi, quoique semblable a la nôtre par son motif ou objectum formate quo, aurait différé par Vobjectum formate quod, qui n’aurait pas été Dieu dans ses mystères. Elle aurait donc été d’une autre espèce que la nôtre ; et même, à proprement parler, n’aurait pas été un acte de vertu théologale,

du moins dans le même sens. C’esl l’opinion de saint Thomas : il rattache au mystère divin, comme a leui objet propre, nus trois eitus théologale !  : « L’objet des vertus théologales est Dieu lui-même…m tant qu’il '/r/„ ; ^< /, / connaissance de notre raison, Sum,

theol., I a IL, q. lxii, a. 2. Il les rattache même plus spécialement au mystère de la béatitude surnaturelle. Voir Espérance, t. v, col. 645, 646. « C’est par là, dit-il, que la vertu infuse de foi se distingue de la « foi » dans un sens plus général, qui ne serait pas ordonnée à la béatitude que nous espérons maintenant. » IIa-IIæ, q. iv, a. 1.

Les auteurs n’ont point manqué qui, à la suite de saint Thomas, ont considéré la béatitude surnaturelle comme le suprême objet d’attribution de la foi. Fides primarie respieil beatitudinem, dit Louis de Torrez, S. J., et alia in ordine ad illam ; et ideo per objecta, quorum est spes, definita est fides. Heb., xi, 1. Disput. in II RW II*, Lyon, 1617, col. 454. A cela revient la thèse de quelques anciens scolastiques : Objectum altributionis fidei est Dcus sub ratione glorificatoris, ou celle de Lugo : Objectum… est Dcus secundum se, et utassequibilisanobis.Disput., t. i, De fide, disp. III, n. 14, p. 236. Et de nos jours le cardinal Billot : Dicendum, objectum altributionis (fidei) esse ipsum Deum ut finem supernaturalem. De virtutibus infusis, 2° édit., Rome, 1905, thés, x, p. 233, 234.

Quant aux objets matériels de la foi, en dehors de l’objet d’attribution, le même cardinal les classe en deux catégories. Il y a d’abord les vérités qui de leur nature se rapportent, d’une manière ou d’une autre, à l’acquisition de cette fin surnaturelle : soit qu’elles en indiquent les moyens, soit qu’elles signalent les obstacles à éviter, soit qu’elles proposent des modèles, des symboles, des figures de cette acquisition, soit qu’elles entrevoient les profondeurs que contemplera la vision céleste, etc. Ce sont les vérités qui appartiennent par elles-mêmes à la foi. Il y a ensuite des vérités qui n’ont pas par elles-mêmes cette valeur religieuse, qui n’ont été révélées que par « pure concomitance » , comme sont bien des faits historiques révélés dans l'Écriture et à ce titre objets matériels de la foi. Loc. cit., p. 235-238. Plusieurs donnent à cette dernière classe le nom de revelata per accidens. Ces choseslà n’ont pas été révélées pour elles-mêmes, mais seulement pour aider à connaître les autres, ad manifeslationem aliorum, dit saint Thomas, Sum. theol., Il » II æ, q. i, a. 6, ad l mn ; c’est un cadre qui fait ressortir les autres vérités, celles dont la révélation a été directement voulue. In Scripluris, dit Bellarmin, plurimu sunt, quse ex se non pertinent ad fidem, id est, quæ non ideo scripla sunt quia necessario credenda eranl, sed necessario creduntur quia scripla sunl. Conlrov., I, De verbo Dei, 1. IV, c. xii, dans Opéra, Paris, 1870, t. i, p. 229. Nous n’avons pas d’ailleurs à considérer ici les phrases de l'Écriture qui contiennent un ornement de parabole, ou une citation, ou une invocation, etc., et par conséquent point d’affirmation directe, point de témoignage de Dieu, point de vérité révélée, point d’objet matériel de la foi. Cet objet, d’après le cardinal Billot, peut se partager finalement en trois classes : objectum primarium ou altributionis — secun(liirium pure aceidentarium. I.oe. cit.

Xous ne traiterons pas davantage de l’objet matériel de la foi. Sous cette rubrique, les anciens théolo giens faisaient entrer l'étude des symboles de foi, l'élude de toutes les « règles de foi » , voir col. 160 sq., Écriture, tradition, conciles, pape ; l'étude de l'Église, alors moins fouillée qu’aujourd’hui, l’infaillibilité et son objet, etc. Aujourd’hui, ces vastes sujets mil quitté le traité de la foi v constituent des traités à part. Voir

Concili i olisb, I’api. Symboles, a propos de

l’objet matériel de la foi, on abordait aussi I histoire de la révélation dans l’Ancien et le Nouveau Testanu ni. comment la révélation s’est accrue peu à peu avant JéSUS-Christ, et surtout pat son enseignement et celui de ses apôtres ; coin ni eut au en nt 1 ail i. api i s la

moi ! dis apôtres, il n’y a plus de nouvelle révélation