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la foi, dans Œuvres pastorales, Paris, 1872, part. I, p. 161, 162.

4. Les jugements de crédibilité, qui précèdent la volonté de croire, sont-ils surnaturels ? — Cette question est moins importante et moins claire que les précédentes ; elle est controversée entre théologiens. Un grand nombre pensent (à bon droit, ce semble) qu’il faut distinguer ici entre les jugements spéculatifs de crédibilité, et les jugements pratiques qui viennent après (voir l'énumération de ces jugements, col. 172, 173) ; que le dernier jugement pratique, celui qui préode immédiatement la volonté de croire, doit être surnaturel, quoi qu’il en soit des autres jugements de crédibilité ; Lugo dit de cette opinion : Verior est et communis jam inter nostros recentiorcs. Disput., 1891, t. i, disp. XI, n. 3, p. 463. C’est, en effet, un corollaire assez manifeste de la thèse générale de la grâce excitante ou prévenante. Avant tout acte salutaire, il faut une grâce excitante, qui pour l’intelligence consiste dans une bonne pensée surnaturelle, pia cogilalio, comme disent les Pères, c’est-à-dire un jugement éclairant la volonté libre, l’excitant à faire cet acte. Voir Grâce. Or la volonté de croire, en tant que libre et surnaturelle, est un acte salutaire ; et le jugement éclairant et excitant cette volonté, c’est précisément et surtout le dernier jugement pratique de crédibilité dont nous parlons. C’est donc ce jugement qui jouera le rôle de grâce excitante, et comme tel sera surnaturel. Sans doute, il ne sera pas toute la grâce excitante, puisque, sans parler des autres jugements de crédibilité qui l’ont préparé et qui peut-être font partie de la grâce excitante, celle-ci comporte aussi un mouvement indélibéré de la volonté, du cœur, une « délectation céleste » , comme dit saint Augustin ; mais nous ne considérons en ce moment que la part de l’intelligence dans la grâce excitante. Ajoutons enfin ce mol du docteur de la grâce : Quis non videal, pruis esse cogitare quam credere'.' Nullus quippe crédit aliquid, nisi prias coyilaveril esse credendum. De prsedestin. sanctorum, c. ii, n. 5, P. L., t. xliv, col. 962. Cogilaveril esse credendum, c’est exactement le dernier jugement pratique de crédibilité ; et cette cogilalio qui précède la foi divine, cet inilium fidei doit être en nous l'œuvre de la grâce, saint Augustin le prouve immédiatement après, dans ce passage. Si l’on demande quel principe surnaturel produit en nous ce jugement, les uns pensent que ce peut être Vhabitus fldei (en celui qui le possède), d’autres recourent à une autre vertu infuse comme la prudence, ou à une grâce actuelle. Voir col. 241.

Quant aux jugements qui précèdent celui-là, et surtout a <cux qu’on nomme « les jugements spéculnlil de crédibilité en commençant par le jugement sur l’existence de Dieu, sur le fait de la révélation, etc. rien ne prouve qu’ils doivent être surnaturels, a foi tiori, tous surnaturels. Ce sont de simples conditions présupposées, ou du moins ils n’ont (prune Influence éloignée sur la volonté de croire et l’acte de foi ; ils n en sont pas le moteur immédiat, à la façon du dernier jugement pratique. C’est une forte exagération, que de dire avec quelques auteurs : La nature, un acte naturel, ne peut jamais d’une façon quelconque influer sur un acte surnaturel, l’occasionner, l’exci leT, Un tel principe part d’une idée arbitraire du surnaturel, et créerait des difficultés énormes quand il s’agit d’expliqué ! la coopération de notre faculté naturelle a l’acte surnaturel, ou de montrer le poinl d’insertion 'in urnaturel dam la nature, de l’acte surnaturel dans la séiie de nos actes ps eholopques. El puis, il est démenti par des faits certains. Exemple : un prêtae h étal de péché mortel a l’intention lège de consacrer ; cette intention est un acte purement naturel puisque mauvais ; el | tant ellea une pari

d’influence sur la consécration de l’hostie, opération surnaturelle s’il en fût. Concluons que, s’il n’y a pas d’arguments efficaces pour prouver la surnaturalité de ces jugements spéculatifs, il vaut mieux la nier, car on ne doit pas multiplier le surnaturel sans nécessité ; et en remontant la chaîne des actes qui précèdent un acte surnaturel, il faut bien finir par s’arrêter à quelque chose de naturel. Du reste l’opinion qui nie la surnaturalité de ces actes a beaucoup de partisans, elle est même appelée communis apud auctores par Mendive, S. J., Inslituliones theol. dogmatico-scholastiav. Valladolid, 1895, t. iv, De fide, n. 165, p. 417. Notons cependant que, lorsqu’on nie la surnaturalité de ces actes, on nie seulement leur surnaturalité intrinsèque, quoad subslanliam, laquelle rendrait physiquement et absolument nécessaire, pour les produire en un cas quelconque, une grâce qui élèverait nos facultés. On ne nie pas qu’une grâce facilitante, surnaturelle au moins quoad modum, les aide souvent, et qu’en certains cas elle devienne moralement nécessaire, à cause des difficultés toutes spéciales que l’on rencontre à établir ces jugements de crédibilité. Nous n’insisterons pas ici sur ce rôle de la grâce dans la crédibilité, l’ayant déjà longuement développé. Voir col. 237 sq.

II. LA VER1V INFUSE DE FOI ; SON INFAILLIBILITÉ. — Nous parlerons uniquement de ce qui lui est spécial, supposant expliquée ailleurs la théorie générale des vertus infuses. Voir Vertu. Nous traiterons les points suivants : 1° son existence, d’après les preuves spéciales à cette vertu ; 2° sa nature et son activité ; comment l’acte de foi lui doit sa surnaturalité intrinsèque ; 3° son infaillibilité, communiquée à son acte.

Preuves spéciales de son existence.

1. Dans

l'Écriture. — Ce principe surnaturel, intérieur et permanent des actes surnaturels de foi, cette espèce de faculté nouvelle que Dieu donne au chrétien est déjà indiquée dans quelques-uns des textes qui prouvent que l’assentiment de foi est surnaturel. Voir col. 362 sq. Saint Paul l’appelle spirilum sapientiæ et revelationis, Eph., i, 17 ; spirilum qui ex Deo est, ut sciamus, I Cor., il, 12 ; sensum Cliristi, 16 ; divitias pleniludinis i nielledus, in agnitionan musterii. Col., ii, 2. Saint Jean l’appelle une intelligence, îiâvotav, (ledit nobis sensum ut cognoscamus, I Joa., v, 20 ; unelionem quam habetis a Suncto ; …maneal ; … docel vos de omnibus, il, 20, 27.

2. Dans l’ancienne tradition.

Le nom de « fidèle » , qui vient de /ides, désigne dans la langue sacrée ceux qui ont la foi, comme le nom d' infidèle » désigne ceux qui ne l’ont pas. Or c’est le baptême qui rend fidèle, d’après les Pères et les liturgies. L’adulte instruit par l'Église, mais qui n’a pas encore reçu le baptême, le catéchumène, est ('(instamment opposé au fidèle. Aux catéchumènes qui, suivant un grave abus de l'époque, retardaient indéliniinent leur bap ténie, saint Grégoire de Na/ian/.e dit : Xe dédaigne/ pas l’avantage d'être fait » et d'être nommés fidèles. HomiL, xi., n. 16. /'. G., t. xxxvi, col. 379. Les cale cliumènes ne pouvaient, en règle générale, être supposes déjà justifiés (cl a ce litre possesseurs des vertus infuses), niais seulement par exception : d’autre pari, ils axaient fait profession de la foi chrétienne, ils reniaient le symbole, ils avaient accompli en règle généi aie Vmlr de foi. Quelle foi pouvaient dune avoir en vue les

Pères, quand ils disaient d’eux que le baptême leur

donnerait la foi. les rendrait fidèles'.' Ils ne pouvaient

avoir en vue que la perfu de foi. un principe perma

lient qui n’a pas besoin d'être en acte pour existe i Ceci devient enrôle pins clair, quand nous vovons que même les I ont petits, les in/nnlrs. baptisés BVanl

di raison, sont appelés fidèles : ce ne peut être ici

Varie de loi. dont ils sont incapables, qui leur vaul., titre. Dans les catacombes, on voit des inscriptions comme celle-ci Hic requiescil m pure Fllipput infant