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FLEUR Y

FLORENCE fCONCILE DE’24

pour la direction des religieuses. Enfin, on a publié de lui un certain nombre d’ouvrages posthumes plus ou moins étendus. On les trouve, ainsi que les précédents dans les Opuscules de l’abbé Fleury, publiés par Rondet, 5 in-8°, Nimes, 1780, dans les Œuvres de l’abbé Fleury, publiées par A. Martin, gr. in-8°, Paris, 1837 : ce sont des Extraits de Platon, des Ré/lcxions sur Machiavel, des lettres, des discours académiques, des vers latins et des ouvrages également publiés à part : Discours sur la prédication, in-12, 1783 : Le soldat chrétien, in-12, 1772 ; Traité du droit public en France, 4 in-12, 1769 ; un Portrait de Louis de France, duc de Bourgogne et des Avis au duc de Bourgogne, in-12, 1714. En 1807, l’abbé Émery publia encore sous ce titre : Nouveaux opuscules de l’abbé Fleury, in-12, Paris, des œuvres de Fleury, inédites ou inexactement publiées, entre autres, un Discours sur les libertés de l’Église gallicane, que Fleury avait écrit en 1690, mais qu’il n’avait pas publié. Une première édition en avait été donnée en 1724, mais avec des notes d’une telle violence contre les papes qu’elles ne sauraient guère être de Fleury. Plusieurs éditions avaient suivi plus ou moins modifiées. Émery donna l’édition authentique, d’après le manuscrit autographe. Le jurisconsulte Boucher d’Argis a donné également une ou deux éditions de plusieurs œuvres de Fleury.

Mais Fleury est connu surtout par son Histoire ecclésiastique, 20 in-4°, Paris, dont le I er volume parut en 1691 et dont les autres se succédèrent jusqu’en 1723. Rondet en a donné une 2e édition en 1740, en y ajoutant une Table générale, in-4°. Le P. Fabre de l’Oratoire continua le travail de Fleury qui s’arrêtait à 1414 et le conduisit jusqu’en 1594, y ajoutant, à partir de 1726, —16 in-4°. Voir t. v, col. 2051. Dans la première partie du xixe siècle, l’abbé Vidal découvrit à la Bibliothèque royale le manuscrit de trois livres inédits de l’Histoire de Fleury, publia, en 1836, une Histoire du christianisme connue sous le nom d’ecclésiastique, par l’abbé Fleury, augmentée de quatre livres, comprenant l’histoire du xve siècle publiée pour la première fois d’après le manuscrit de Fleury, appartenant à la Bibliothèque royale et continuée jusqu’au xviiie siècle par une société d’ecclésiastiques, 6 gr. in-8°, Paris. Voir Revue des questions historiques, t. iv, p. 566. Les Discours préliminaires, mis par Fleury à son Histoire, ont été publiés à part, dès 1702.

UHisloire de Fleury fut, jusqu’à Rohrbacher, consultée par tous. Pendant la Révolution, constitutionnels et réfractaires ne cessèrent de lui demander des arguments. Une traduction allemande en parut à Gœttingue, 17 in-4°, 1746 sq. Sainte-Beuve, qui le compare à Tillemont, son contemporain, Port-Royal, t. iv, p. 34, proclame Fleury « supérieur par la composition, par l’étendue du point de vue qu’il embrasse dans ses discours généraux, par l’honorable indépendance du jugement…, par le mélange de solidité et de douceur… » Mais la critique de Fleury n’est pas exempte d’erreurs ; de plus, il est gallican et plus près du gallicanisme parlementaire que son protecteur Bossuet ; son Histoire, son Institution au droit ecclésiastique, son Discours sur les libertés de l’Église gallicane sont à l’index. Au xviiie siècle, le jésuite Lanteaume faisait paraître des Observations théologiques, historiques, critiques, … sur l’Histoire ecclésiastique de jeu M. l’abbé Fleury, 2 in-4°, Avignon, 1756, 1757 ; en 1802, l’ex-jésuite Rossignol publiait des Ré/lcxions sur l’Histoire, etc., in-8°, Paris, 1802, etc. ; mais Rohrbacher dépasse tous ces critiques par la violence de ses attaques ; pour lui, Fleury ne comprend rien aux origines chrétiennes, au moyen âge, sollicite les textes, en un mot, apporte de l’inintelligence et met de la mauvaise foi. Histoire universelle, nouvelle édi tion revue par Mgr Fèvre, Paris, 1880, Considérations générales, t. i, p. 186. Jager a également fait une critique de l’Histoire ecclésiastique, dans sa Notice sur Claude Fleury, considéré comme historien de l’Église, in-8°, Strasbourg, 1847.

Saint-Simon, Mémoires, t. xx, p. 2, fait de Fleury, le plus bel éloge : « Il était respectable, dit-il, par sa modestie, par sa piété sincère, éclairée, toujours soutenue, une douceur et une conversation charmantes et un désintéressement peu commun. »

En dehors des Mémoires du temps, des Mémoires de Saint-Simon, par exemple, qui renseignent surtout sur les séjours de Fleury à la cour, de la Correspondance de Bossuel, des ouvrages déjà cités, Moréri, Dictionnaire, t. v ; Rondet. Notice sur l’abbé Fleury, en tête de son édition des Opuscules ; A. Martini, Essai sur la vie et les œuvres de Fleury, en tête de son édition des Œvures ; Sainte-Beuve, Port-Royal, passim ; Druon, Histoire de l’éducation des princes dans la maison des Bourbons de France, 2 iu-8°, Paris, 1897 ; Vanel, L’abbé Fleury à l’index et la diplomatie du cardinal de Tencin, dans le Bulletin du diocèse de Lyon, 1902, t. iii, p. 143-149 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. IV, col. 1173-1179.

C. Constantin.

    1. FLORENCE (CONCILE DE)##


FLORENCE (CONCILE DE). Le concile de Florence, suite et continuation régulière de celui de Bâle, voir t. i, col. 113 sq., compte comme XVIe ou XVII e concile œcuménique, suivant que l’on admet ou pas l’œcuménicité du concile de Constance. Il se divise en trois périodes dont chacune porte le nom de la ville où successivement il se trouva transporté : Ferrare, Florence, Rome (Latran). Officiellement ouvert le 8 janvier 1438, il ne se termina que le 4 août 1445. Ces trois phases du concile de l’Union, comme on l’appelle souvent, forment aussi tout naturellement les trois grandes parties de cet article. — I. Ferrare. II. Florence. III. Rome.

I. Ferrare (8 janvier 1438 au 10 janvier 1439). — 1° Causes du concile.

Tandis qu’à Bâle, le concile,

d’une part entravé par les légitimes difficultés que ne cessait de lui créer le pape et de l’autre poussé par l’esprit des docteurs parisiens, se jetait de plus en plus dans des voies schismatiques et révolutionnaires, se laissait envahir par l’élément démocratique qui l’entraînait à commettre fautes sur fautes et, de ce fait, depuis sa pénible ouverture, le 23 juillet 1431, semblait comme frappé de stérilité, Eugène IV, lui, malgré les innombrables difficultés politiques et religieuses contre lesquelles il se débattait, n’était pas sans agir. Les Pères de Bâle avaient surtout comme objectifs de leurs tumultueuses séances la réforme de l’Église et l’hérésie hussite. Sans, certes, fermer l’oreille aux ouvertures que les grecs leur faisaient en vue de l’union des Églises, ils ne suivaient pas, cependant, avec une attention particulière, cette affaire, oubliaient d’envoyer des instructions à leurs ambassadeurs à Constantinople, puis, par trop visiblement, cherchaient à attirer les grecs à eux, moins pour trouver un terrain d’entente en faveur de l’union désirée que pour être par là plus forts dans leur lutte contre le pape. Ce fut, au contraire, le grand mérite d’Eugène IV de saisir avec clarté la situation du moment et de chercher, avant même le sien propre, l’intérêt de l’Église. Ce fut aussi la cause de son succès religieux qui fut, par surcroît, celle de son triomphe personnel.

Il avait, en effet, surgi entre 1431 et 1437, à côté de la question qui passionnait toujours les esprits : la réforme de l’Église, une nouvelle question non moins importante, celle des grecs. Sous la menace des Turcs qui campaient déjà aux portes de la capitale, les Byzantins comprirent qu’ils n’avaient plus chance de vaincre que s’ils se tournaient une fois encore vers Rome et lui demandaient secours et argent. L’union