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une froide et mathématique équation, c’est ce faux système de Locke, qu'à la suite de Newman.W. G. Ward a combattu sous le nom d' « équationnisme » . Voir Croyance, t. iii, col. 2390, 2391. Ces causes subjectives comme l’habitude et le sentiment, venant fortifier l’adhésion de la certitude, ne donnent pas plus de lumière, plus de preuve, soit ; mais elles rendent la persévérance plus facile et plus sûre. Inutiles à une raison idéalement parfaite, elles servent beaucoup à une intelligence imparfaite, guettée par les mauvaises passions du dedans et les sophismes du dehors, incapable de lutter à armes égales avec des esprits plus déliés et plus habiles, et ne conservant qu'à travers bien des dangers le trésor de vérité reçu par un bienfait de la providence. Autre remarque : on ne peut pas exiger l’impossible d’un esprit peu exercé à la critique, par exemple, qu’il sache toujours faire un discernement exact entre un doute sérieux, reposant sur un motif vraiment probable, et un doute déraisonnable et sophistique. S’il lui arrive de mépriser et de supprimer par un coup de volonté un doute de la première espèce, en le prenant pour un doute de la seconde, et de traiter comme n’ayant absolument aucune valeur une difficulté qui ne serait pas sans valeur pour des yeux plus perspicaces, il agit même alors en toute sincérité et avec une suffisante prudence, puisque la prudence est relative aux conditions du sujet. Rien donc n’empêchera sa persévérance dans la foi d'être même alors prudente et légitime. L’acte de foi est indépendant d’un accident semblable, et peut continuer à procéder de la vertu infuse de foi, puisque la prudence a été observée, que l’intention est droite, et que le fidèle croit très fermement, à cause du témoignage de Dieu, une vérité qu’il a vraiment révélée. Enfin une dernière cause qui facilitera à tous la persévérance dans la foi, c’est la résolution de persévérer, dont il nous reste à parler.

4° Résolution de persévérer dans la foi et, pour cela, de préférer la révélation divine à tout ce qui la contredit. — Puisque la persévérance dans la foi est un grave devoir, et que le fidèle, dans ses actes de charité, s’il veut aimer Dieu sérieusement, dans ses actes de contrition et même d’attrition, s’il veut obtenir le pardon de ses fautes, doit avoir le « ferme propos » d’accomplir tous ses graves devoirs, il s’ensuit que la résolution de persévérer dans la foi doit être assez souvent renouvelée, au moins d’une manière implicite comme faisant partie de cette résolution plus générale. Mais le rôle si fondamental de la foi et les attaques si spéciales auxquelles elle est en butte demandent un renouvellement explicite et fréquent de cette résolution de persévérer. Et comme l’obstacle à cette persévérance, du côté de l’esprit, provient soit des autorités humaines, soit des raisonnements que l’on est tenté de préférer à l’autorité de la révélation divine, la résolution de persévérer dans la foi implique celle de préférer la 'ation divine telle que l'Église nous l’enseigne à tout ce '/m contredit cette révélation, c’est-à-dire de sacrifier tout ce qui la contredit plutôt que de l’abandonner elle-même. — Sur cette résolution, ou ferme disposition de la volonté, nous traiterons les points suivants : 1. Documents qui la concernent. 2. Cette résolution, st elle prudente <i raisonnable ?, . Doil elle descendre dans le détail, et dans quelle mesure ? l. Formes qu’elle prend en pratique parmi les fldi li foi implicite

1. Documents scripturaires rt traditionnels sur relie résolution ou disposition. a) Écriture. Suint Paul Mâmi i ni l’inconstance d<, qui, trou blés et séduits par quelques docteurs ludalsants, au lieu de repo usser ces discours ce Ifl foi.

vaient plutôt abandonné leur foi première, quelque*les dogmes reçus par l’enseignehient de l’apôtre,

i, 6-7. Et pour leur inculquer la disposition d âme où doit être un véritable fidèle, de rejeter avec horreur toute doctrine contraire aux dogmes qu’il a reçus, quelle que soit l’autorité apparente de cette doctrine nouvelle, il ne craint pas de dire, sous la forme la plus énergique : « Quand un ange descendu du ciel vous annoncerait un autre évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème I » i, S. Cette vigoureuse détermination qui leur a fait défaut, il la leur avait apprise déjà dans leur instruction première : « Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : Si quelqu’un vous annonce un autre évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » 9. b) Pérès grecs. — Saint trénée donne un exemple de cette énergique disposition de la volonté dans ces barbares si attachés à la foi reçue, et si ennemis de l’hérésie. Voir col. 242. Saint Basile pose cette règle pratique, qu’un fidèle doit être résolu à suivre : « Il ne faut pas douter de ce que dit le Seigneur, mais, en dépit des résistances de la nature, avoir une ferme conviction que toute parole de Dieu est vraie, et d’une réalisation possible » (quand c’est la promesse d’un miracle). « C’est là qu’est le combat de la foi… Il ne faut pas s’appuyer sur ses propres raisonnements pour rejeter ce que le Seigneur a dit, mais partir de ce principe, que les paroles du Seigneur sont plus dignes de foi que notre propre persuasion. » Moralia, reg. viii, P. G., t. xxxi, col. 712-713. Voilà bien la résolution de préférer pratiquement la révélation divine à nos vues personnelles, ce qui ne se fait pas sans « combat » . Saint Cyrille de Jérusalem veut que nous soyons dispesés à préférer le témoignage divin au témoignage même de nos sens : « Ne regarde, pas (l’eucharistie) comme un pain et un vin ordinaire : c’est le corps et le sang du Christ, sa parole en est garant. Si les sens te suggèrent (le contraire), que la foi te rassure. Ne juge pas d’après le goût ; mais par la foi sois convaincu sans aucun doute que le Christ t’a donné son corps et son sang. «  Cal., xxii, n.6, P. G., t. xxxiii, col. 1101. Voir Cyrille de Jérusalem, t. iii, col. 2534, 2538, 2569, 2570. Saint Cyrille d’Alexandrie veut que le fidèle établisse la doctrine de l'Église comme une base dans le sanctuaire de son cœur. Voir col. 280. Que peut exprimer cette image, sinon la rés..'ution de persévérer dans cette doctrine révélée, et de la préférer inébranlablement dans son cœur à tout ce qui la contredirait ? c) Pères latins. — Saint Augustin prêche cette disposition de l'âme, quand il dit : « Si les infidèles tirent de leur littérature quelque chose de contraire à nos Livres saints, c’est-à-dire à la foi catholique, mettonsen la fausseté en lumière, si nous en sommes capables, nu du moins, croyons sans aucun doute que c’est absolument faux. » De Genesi ad lilleram, 1. I, n. 41, P. L., t. xxxiv, col. 262. Saint Vincent de Lérins commente avec force le texte cité de saint Paul aux Galates sur la « ténacité avec laquelle nous devons garder notre foi première » et conclut « que l’apôtre ordonne (cette ténacité) à toutes les générations ; qu’il a toujours fallu, qu’il faudra toujours anathématiser ceux qui affirment quelque chose de contradictoire au dogme une fois reçu. » Commonitorium, c. viii, ix, P. L., t. L, col. 619. Le même Père donne cette belle définition du » vrai catholique : (.'est celui qui ne préfère rien à la religion divine, à la foi catholique, ni l’autorité de quelque homme que ce soit, ni l’amitié, ni le génie, ni l'éloquence, ni la philosophie : restant, au mépris de tout cela, fixe et solide dans la foi, il prend la décision (decemii) de garder et de croire tous les anciens dogmes de l'Église catholique, et rien d’autre (d’opposé). » Op. cil., c. w, col. 665. En 852, l'Église de Lyon, ou en son nom le diacre Florus, fait une déclaration srmblable sur la méthode et l'état d'âme du vrai croyant : t Tout fidèle doit ermmeiiccr par apprendre très exac-