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aisément qu’elles ne lui fassent pas perdre sa certitude. — Il y a d’abord celles qui ne tiennent pas devant le bon sens. Souvent le bon sens naturel est plus développé dans un esprit simple et sans prétention que Chez un demi-savant. Joint à l’humilité et à la droiture, ce grand bon sens trouvera des solutions, comme le remarque Fénelon à propos de l’objection des protestants qui vantent leur libre examen et attaquent l’autorité doctrinale de l'Église : « Tous les hommes, et surtout les ignorants, ont besoin d’une autorité qui décide, sans les engager à une discussion dont ils sont visiblement incapables. Comment voudrait-on qu’une femme de village ou qu’un artisan examinât le texte original, les éditions, les versions, les divers sens du texte sacré?… Toutes les nouvelles sectes, suivant leur principe fondamental, lui crient : Lisez, raisonnez, décidez… Qui voulez-vous que cet ignorant suive, ou de ceux qui lui demandent l’impossible, ou de ceux qui lui promettent ce qui convient à son ignorance et a la bonté de Dieu ?… Au lieu des livres et des raisonnements… il ne lui faut que son ignorance bien sensée pour décider. Cette ignorance se tourne pour lui en science infaillible. Plus il est ignorant, plus son ignorance lui fait sentir l’absurdité des sectes qui veulent l'ériger en juge de ce qu’il ne peut examiner. » Lettres sur divers sujets de métaphysique et de religion, lettre v, dans Œuvres, Paris, 1851, t. i, p. 132, 133. Le même bon emploi de son ignorance, dont parle Fénelon, lui donnera une réponse facile a toute cette catégorie d’objections rationnelles qui attaquent comme absurdes les prof onds mystères de notre religion : et, à vrai dire, un tel moyen de résoudre ces difficultés de la raison contre les mystères n’est pas spécial à l’homme peu instruit ; il est à l’usage de tous, puisque l’intelligence humaine la plus développée s’arrête devant des mystères insondables. Qu’est-ce, par exemple, que la matière ? Les physiciens et les chimistes, après bien des hypothèses opposées, reconnaissent franchement l’impuissance de la science à percer ce mystère ; ils mtonnent dans les apparences, dans les phénomènes. Cela étant, de quel droit viendrait-on traiter d’absurde ce que la foi nous enseigne, d’une manière d’ailleurs vague et générale, sur divers états surnat ni ils de la matière, par exemple, sur l'état du corps du Christ dans l’eucharistie, ou sur l'état des corps glorieux après la résurrection ? Pour répondre aux objections sur les détails de ces mystères, n’est-ce pas assez, comme disait tout à l’heure Fénelon, i d’une Ignorance bien sensée ? » A plus forte i aison connaît-on assez la nature divine, pour décider qu’il est absurde qu’elle se communique à trois hypostases réellement distinctes entre elles ? N’ous concevons déjà bien vaguement ce qu’est notre < nature » , notre personne » : mais ces concepts humains ne s’appliquent a Dieu qu’imparfaitement, qu’analogiquement ; comment alors décider à leur sujet, et avec certitude, ce qui est absurde et ce qui ne l’est pas ? Revenons au fidèle peu instruit. Son bon sens naturel peut s’exercer dans bien dis directions encore. Les Réponses de Mgr de Ségur donnent de bons exemples de ces solutions populaires, « pii sont a 'a portée d’un simple fidèle, en face d’une objection courante. Il résoudra facilement aussi une autre l’objections, (elles qui dénaturent notre

religion pour la mieux réfuter, et qui mettent sur le Compte de II lie ce qu’elle n’enseigne pas. [.instruction religieuse, que le catholique dont nous parlons a souci d’entretenir et d’améliorer en lui, lui (ourdira tout de suite la réponse a « es attaques plus fréquentes qu’on ne croit, qui reposent uniquement sur des malentendus, et sur une extrême ignorance du catholicisme. Quand il entendra dire aux protestants ou aux Incrédules que 1rs catholiques adorent comme une déesse la sainte Vierge, reconnaissent le pa] e

connue infaillible dans tout ce qu’il dit, ou même comme impeccable, que l'Église en concédant des indulgences donne pour de l’argent l’autorisation de commettre tel ou tel péché, il saura bien ce qu’il faut répondre. Au contraire, une âme moins soucieuse de bien connaître sa religion, et par orgueil prompte à la condamner, pourra perdre la foi pour un malentendu semblable. Ainsi en advint-il de la fameuse M me Roland, peu avant la Révolution : « La première chose qui m’ait répugné, dit-elle, dans la religion que je professais avec le sérieux d’un esprit solide et conséquent, c’est la damnation universelle de tous ceux qui la méconnaissent ou l’ont ignorée. » Mais l'Église ne lui enseignait pas cela. L'Église laisse espérer le salut d’hérétiques qui la méconnaissent de bonne foi, tic païens qui l’ignorent ; encore moins fait-elle de cette » damnation universelle » un article de foi. « Je suis trompée dans cet article, c’est évident, se bâta de conclure M me Roland : ne le suis-je pas sur quelque autre ? Examinons. Du moment où tout catholique a fait ce raisonnement, l'Église peut le regarder commeperdu pour elle, » etc. Mémoires, édit. Dauban, Paris, 1864, II" partie, p. 65. Enfin l’expérience de la vie, qui renforce les motifs de crédibilité chez les catholiques dont nous parlons, voir col. 321, lui fait aussi mieux connaîlre les ennemis de sa religion tels qu’ils sont le plus souvent, les sectaires haineux et passionnés qui font flèche de tout bois, et recourent à toutes les falsifications et à tous les sophismes, les Ilomais de l’anticléricalisme et de la maçonnerie, les rhéteurs aux grands mots sonores et vides, etc. Par le fait même de leur provenance, leurs objections sont mises en quarantaine ; elles sont bien loin de faire sur lui l’effet foudroyant que d’aucuns se figurent, mais sont plutôt méprisées.

I). Objections qu’un simple fidèle nipeut résoudre par lui-même. Quand on a déjà la preuve d’une thèse ou d’un fait, il est raisonnable et logique de rejeter une objection cou Ire cette thèse ou ce fait. Lors même qu’on ne pourrait directement la résoudre, on voit indirectement qu’il doit y avoir là quelque chose de faux, le vrai ne pouvant contredire le vrai que l’on tient déjà. Xotre catholique est convaincu de la vérité de sa religion par des motifs suffisants pour lui ; dès lors la prudence même l’invite à repousser ce qui contredit sa conviction. J.-.I. Rousseau lui-même reconnaît ce principe ; il n’est pas, dit-il, de (eux qui rejettent « une vérité claire ou suffisamment prouvée, pour les difficultés qui l’accompagnent et qu’on ne saurait lever. » Loc. cit., p. 163. « Mais les objections I dit-il encore… Donnez-moi un système où il n’y en ait pas… Pourvu que mes preuves directes soient bien établies, les difficultés ne doivent pas m' arrêter, i p. 171.

Et qu’on ne dise pas que / » « / lu force des choses une

Objection non résolue ébranle noire ccililadc, el nous fait douter : il y aurait la une étrange erreur psychologique, Quand nous sommes convaincus d’une chose, notre premier mouvement, en face d’une objection qui vient l’attaquer, n’est pas de douter ni par conséquent de lâcher notre certitude acquise, mais au contraire de la maintenir, soit que nous cherchions une solution

quelconque de in difficulté nouvelle, soit même quc

nous n’ayons pas le loisir d’en chercher. Lu joui, un étudiant qui se trouvait sur le passage d’Arago attira l’attention du savant professeur sur une boule

métallique, fixée comme ornement a la balustrade de

lier. Chose étrange ! tandis que le soleil donnait sur celle sphère, l’hémisphère exposé a ses rayons

était relativement froide, et c'était l’autre, ou te su

leil ne donnait pas, qui était chaullée. Quoique ce tait

semblât contredire les lois du rayonnement telles qu’il les avait admises toute i avant eut il sur ces