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de son~curé, ; la divine mission du Christ et de l’Eglise ; à ces autorités, voici que s’en ajoutent de nouvelles et toujours de nouvelles ; ce sont des catholiques distingués, prêtres ou laïques, qu’il lui arrive de rencontrer, de savants livres qu’il entrevoit, des grands génies dont on lui parle et qui ont cru comme lui, une société immense de témoins qui s’accordent, c’est-àdire l'Église considérée comme société humaine, voir col. 150, qu’il connaît maintenant avec la même absolue certitude que le gouvernement de son pays et les différentes nations voisines. Quant aux signes miraculeux du christianisme et de l'Église, tantôt il entend un prédicateur ; un conférencier qui développe quelque point d’apologétique ; tantôt ce sera un journal religieux ou une brochure de propagande qu’il lui arrive de lire ; ici lui apparaît la sainteté chrétienne dans une âme toute de dévouement et de vertu ; là, c’est la sainte fécondité de l'Église dans des œuvres de charité admirable qu’il voit de ses yeux, ou dans les récits de ce que les missionnaires font et souffrent dans les pays lointains. Tantôt c’est le parfum pénétrant de la vie d’un grand saint ; tantôt c’est le spectacle du bien que fait la religion dans des individus ou des familles ; tantôt c’est une belle manifestation de l’unité catholique, avec sa hiérarchie et son souverain pontife, avec sa foi unique eu tant de pays différents. Ici, c’est un miracle de Lourdes : là, c’est une conversion extraordinaire. Ou bien, c’est un dogme dont il entrevoit la sublimité, ou qu’il sent répondre aux besoins de son âme ; c’est la pureté morale de la doctrine en général. Ou bien encore, c’est un trait de l'Évangile qui va au cœur en même temps qu'à l’esprit, un miracle de Jésus naïvement raconté, une parole simple et puissante du Christ affirmant la vérité, ou établissant la mission de l'Église : Qui vous écoute, m'écoute…, Allez, enseignez toutes les nations… Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. » D’autres fois, c’est l’expérience intérieure d’une remarquable lumière, d’une prière exaucée, d’une grande force reçue dans le malheur ou contre la tentation ; c’est une grâce obtenue dans un sanctuaire de Marie ; c’est une communion faite avec une foi et une ferveur plus qu’ordinaire : O vere ardens /ides corum, probubile existens argumenium sacræ prœsentiic tuai Imitation de Jésus-Christ, 1. IV, c. xiv. De tant d’indices venant de tous côtés, lors même que pris séparément chacun ne lui donnerait que probabilité, naît un faisceau puissant de certitude, peut-être de certitude absolue (ce qui n’est d’ailleurs pas nécessaire comme nous l’avons dit). Voir la théorie des probabilités convergentes, col. 195 sq. Sur l’expérience de lu vie chrétienne accroissant la certitude de la foi, voir Expérience hkligieusk, t. v, col. 1840, 1811. c. Expérience de la vie, serrant à mieux comprendre certains motifs île crédibilité. - lui dehors même de ce qu’on appelle l’expérience religieuse, l’expérience ordinuire que l’on acquiert spontanément par l'âge sert à beaucoup mieux saisir d’importants motifs de crédibilité, qui supposent la connaissance pratique de la le. Tels sont les miracle moraux a : par exemple, la transformation extraordinaire des mœurs accomplie par le christianisme au sein du paganisme gréco-romain, l’héroïsme des martyrs, et la sainteté héroïque néral. Le i : arai tér< mirai uleux de ces faits vient de ce qu’ils surpassent les forées morales de la iii, dure humaine, el ne peut 'ire saisi que par celui qui se fait une idé< i / nette de ces rorces et de leurs limites. <ii i, ii observation de son propre cœur, soil observa lion de son entourage social, il arrive que plus on a Vécu, plus on se rend compte « le la faiblesse humaine,

m 'i'- la limite de vertu que par ses propri - Forces elle m M' pa < re ; par suite, mi saisit le caractère sm naturel rh certains héroïsme* : surtoul s’il ne pa eulement d’une sublimité passagère, mais d’un

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

sacrifice prolongé et constant. On y voit donc une action miraculeuse de la grâce, qui par là signale aux yeux la vraie religion, et ne pourrait faire briller de telles merveilles en faveur d’une religion fausse. De même, l’expérience de la vie montre assez combien les hommes ont peine à s’entendre, à s’unir entre eux, combien facilement ils se divisent : ainsi comprendrat-on ce qu’il y a d’extraordinaire dans l’unité d’une Église si vaste et répandue en tant de nations diverses et parfois ennemies ; surtout si l’on compare cette « unité catholique » à la division et à l'émicttement des sectes religieuses séparées d’elle. Et si l’on songe après cela combien cette unité catholique a duré, quelle a été 1' « invincible stabilité » de cette Église au milieu de tant de causes de désagrégation et de ruine, la continuation de ce pontificat romain à travers tant de hasards et d’influences contraires dont i ! dépendait, alors l’expérience des révolutions et de la fragilité des institutions humaines fait comprendre cet indice d’une spéciale assistance divine. De même, sur le terrain de l'économie sociale, l’expérience des misères sociales, de la haine et de la lutte des classes, attire à l'Église qui sait donner si providentiellement le remède. Ainsi, à mesure qu’on avance dans la vie, tous ces signes moraux de la divine mission du Christ et de l'église deviennent de plus en plus convaincants, non seulement parce que les faits eux-mêmes sont attestés au catholique par un nombre toujours croissant de témoignages ou d’expériences, mais encore parce que le caractère surnaturel de ces faits lui devient toujours plus manifeste grâce à son expérience croissante de la vie. Un enfant, un jeune homme, ne comprendrait pas ce qu’il y a là de prodigieux ; il ne juge guère que par autrui des choses morales et sociales, et de la complexité de la vie pratique, et encore même, pour comprendre ce qu’on lui affirme, lui manque-t-il certaines notions et certaines données que l’expérience de la vie peut seule fournir ; et Newman, à propos d’apologétique, au dernier chapitre de sa Grammar of assenl, renvoie à ce passage d’Aristote : « Les jeunes gens peuvent liés bien devenir géomètres, mathématiciens, et même se rendre fort habiles en ce genre de sciences. Mais il n’y a guère de jeune homme, ce semble, qui soit prudent. La cause en est toute simple : …le jeune homme n’est lias expérimenté, car c’est le temps seul qui procure l’expérience. On pourrait se demander encore, comment il se fait qu’un enfant même puisse devenir mathématicien, tandis qu’il ne peut être ni sage, ni versé dans la connaissance des lois de la nature. Ne peut-on pas dire que ceci tient à ce que les mathématiques sont des sciences d’abstraction, tandis que la science de la sagesse (c’est-à-dire des choses morales et de la vie pratique) et la science de la nature tirent leurs principes de l’observation et de l’expérience ? Ne peut-on pas ajouter que, pour ces dernières, les jeunes gens ne peuvent pas avoir d’opinions personnelles, et qu’ils ne font que répéter ce qu’on leur enseigne, tandis que dans les mathématiques la réalité (abstraite) n’a lieu

d’obscur pour eux ? n Moralea Nicomaque, 1. VII, c vi, trad. de Barthélémy Saint-Hllalre, 1856, t. » , p. 216.

On voit comment, de bien des manières, l’clfi cadté « les motifs de crédibilité peut croître même naturellement, selon le développement de l’esprit, de

manière i conserver au catholique, à mesure qu’il avance en fige et en pénétration, la crédibilité suffisant a la persévérance dans la foi. Ainsi se jusljheul les paroles du concile de Cologne eu 1860 : Argumenta

qulbus mi credendum homo inductus est hujusmodi su ni, ut //un magii perpenduntur, en clarlora et graviora apportant ; umie consequitur, eautam air homo, quasi nia

non suffieinnt, fidem suspemlnl, < uslere nuni/unm passe. l’art. I, e. i. dans i, i Collectio læen$U, I. v. col. 27 !). Rappelons-nous d’ailleurs que, pour 'appropria une

M. - Il