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D. X. Innocenlio damnatas, etc. Païenne, 1683, p. 158, 159 ; Rassler, Conlroversia theol. de ultima resolutionc fidei, Dillingen, 1696, p. 367 sq., où il traite au long la question. Et de nos jours, Mendive, S. J., Inslitutiones theologicse, Valladolid, 1895, t. iv, p. 403, 404 ; Schifïini, De virtutibus infusis, Fribourg, 1904, p. 273, 274. En tout cas, la condamnation restant obscure aujourd’hui pour nous, on ne peut légitimement la faire tomber sur la concession susdite.

e) Dernière concession : on n’est pas obligé d’admettre, dans tout abandon de la religion catholique, le péché d’hérésie, ou d’apostasie, qui est appelé « péché formel contre la foi. » — Les théologiens ont appelé « péché formel contre la foi » — non pas un péché quelconque nuisant à la foi, même mortel — mais le péché principal et plus directement opposé à la foi, celui qui non seulement, comme tout péché mortel, détruit la charité et la grâce sanctifiante si elle est dans le sujet, mais qui détruit encore la vertu infuse de foi, cette dernière racine du surnaturel si l’on peut dire, laquelle subsiste dans les autres chrétiens pécheurs, et leur sert à ressaisir la grâce perdue, et à rendre leur conversion moins difficile. Voir le concile de Trente, sess. VI, c. xv, Denzinger, n. 808, cf. n. 838. Ce péché principal est appelé d’un nom général, infldelitas, dans Cet endroit du concile de Trente, et prend divers autres noms suivant les circonstances particulières : par exemple, « hérésie i s’il ne nie qu’un seul dogme ou quelques-uns, « apostasie » s’il rejette en bloc toute la loi catholique ; au reste, le péché d’hérésie détruit aussi bien la vertu de foi que s’il niait explicitement tous les dogmes, et l’on ne peut rejeter sciemment la foi catholique sur un point, sans la rejeter implicitement sur tous les autres, voir S. Thomas, Stun. theol., IIa-IIæ , q. v, a. 3 ; ce qui fait qu’on peut prendre le « péché d’hérésie o comme type du péché dont nous parlons, péché qui par la ruine qu’il cause en nous est le plus grand de tous les péchés (dans son genre, et toutes choses égales d’ailleurs). S. Thomas, loc. cit., q. x, a. 3, (i. Le péché d’hérésie, d’après saint Thomas, suivi par tous les théologiens, suppose qu’on nie le dogme, qu’on le corrompt » , et qu’on s'écarte ainsi de la foi sciemment, librement, « par élection » suivant l'étymologic du mot hæresis, q. xi, a. 1. Cf. Suarez, Opéra, Paris, 1858, t. xii, De fide, disp. VII, sect. iv, p. 214 sq. ; disp. XVI, sect. il, n. 2, p. 409 ; sect. v. p. 185 sq. On appelle souvent contumacia ou pertinacia, cette injure faite à Dieu sciemment et librement par l’hérétique proprement dit. — En dehors du péché d’hérésie, on peut considérer d’autres péchés qui seulement préparent la perte de la foi, et par conséquent l’attaquent de plus loin et plus indirectement. En elTct, le devoir général de persévérer dans la foi, affirmé par les documents de la révélation, voir col. 280, s’appuie de certains graves devoirs auxiliaires, qui lui servent pour ainsi dire de contreforts : par exemple, de continuer a s’instruire de sa religion et d’entretenir ce qu’on a appris ; d'éviter les occasions dangereuses à la foi, connue sont les faux prophètes, Matth., vii, 15, les

faux docteurs qui veulent changer l'évangile qu’on a

des apôtres, Gal., i, 7-9, ceux qui créent des divisions et des scandales en s'écartantde la doctrine enseignée aux fidèles, Rom., xvi, 17. ceux qui cherchent a les tromper par la philosophie et les sophismes,

Col., i, 8, les hérétiques, 'lit., iii, l". Us antechrists, les séducteurs, I Joa., Il, 18, 22, 26 ; IV, 1-3 ; Il 7-11, les livres dangereux, qu’il ne faut pas garder.

Aii.. xix, 19. Manquer gravement et délibérément a

quelqu’un de ces devoirs auxiliaires de la foi sera un

péché mortel 'le négligence ou d’imprudence, mais ce i.i pa ! ' péché d’hérésie, qui, nous lavons vii, suppose essentiellement la négation d’un dogme, n< lion qui alors n’a pas lieu, et la cri u infuse de foi in séra pas détruite par cette négligence ou cette imprudence, d’après le sentiment presque unanime des théologiens. « Celui qui s’expose par sa faute au danger moral (prochain) de perdre la foi, perd-il par là même l’habitus fideil » Non, répond Lugo, parce qu' « il est encore dans la disposition de ne pas rejeter la foi, de croire tout ce qui lui est suffisamment proposé. » Disputaliones, Paris, 1891, t. i, disp. XVII, n. 82, p. 784, 785. Suarez, au sujet de celui « qui se constitue dans un danger moral de tomber dans l’hérésie, » admet qu’on puisse dire « qu’il veut l’hérésie indirectement ou virtuellement : » mais il maintient « qu’il n’est pas hérétique à proprement parler, parce que cette qualification est tirée d’un acte (nier le dogme) qui ne se trouve pas encore dans cet homme. » Op. cit., disp. XIX, sect. iv, n. 18, p. 485. A propos du fidèle qui néglige de continuer à s’instruire de sa religion, et qui l’oublie, Banez dit : « Nous ne nions pas que cet homme puisse pécher mortellement, si son ignorance est coupable ; son péché sera contre la vertu nommée sludiositas, qui nous oblige à savoir et à chercher ce qui appartient à notre état… Mais il ne viole pas le précepte de la foi, qui nous oblige à recevoir (les dogmes) et à ne jamais les nier. » Commentaria in // am // » , Douai, 1615, q. xi, a. 2, concl. D, p. 272. D’autres soutiennent que ce genre de péché, bien que très différent du péché d’hérésie, peut être appelé encore < péché contre la foi » , qu’il attaque indirectement : ainsi Oviédo, De fide, spe et carilede, Lyon. 1651, cont. X, part. V, n. 64, 65, p. 159, 160. Cette divergence sur la question de dénomination et de classification des péchés est chose secondaire : on s’accorde pour le principal, c’est-à-dire que ce n’est pas là h : péché par excellence « contre la foi » , l’hérésie, qui seule détruit la vertu infuse. Voir IIéiœsie, Hérétique.

Ces notions étant supposées, considérons maintenant le fidèle qui, sans avoir jamais douté d’un dogme, s’est rendu gravement coupable de négligence ou d’imprudence en matière de foi. On ne peut certes pas dire epic de son côté il ait été fidèle au devoir de bien garder sa foi, d’en procurer la persévérance, ni qu’il ait droit à cette providence spéciale de Dieu, promise comme nous l’avons vu au fidèle qui fait son devoir. Il peut donc arriver qu’ayant abandonné Dieu par un péché mortel se rapportant à la foi, il soit abandonné à son tour ; que dans une circonstance critique il ne trouve pas. pour la conservation de la crédibilité, le secours extraordinaire qui lui serait actuellement nécessaire, et qu’une providence surnaturelle eû1 mis infailliblement à sa disposition, s’il avait préalablement accompli son devoir. N’ayanl plus la crédibilité qui réponde à son état d’esprit actuel, il ne peut réellement pas faire l’acte de foi, et il peut facilement se persuader que, la foi lui étant impossible, il doit renoncer. S’il le fait, on ne peut pas dire, du moins avec certitude, qu’en rejetant le dogme dans ces conditions il commette le péché d’hérésie. Ce péché consiste a rejeter le dogme en voyant (malgré les sophismes dont on

cherche à s’obscurcir la vue) qu’il est suffisamment proposé par l'Église, suffisamment croyable comme révélé de Dieu ; or l’homme dont nous parlons n’a pas celle condition essentielle, de voir que le dogme lui est suffisamment proposé comme révélé, puisque, par hypothèse, il manque maintenant des motifs de crédibilité nécessaires. En d’autres termes, son ignorance actuelle « le la crédibilité du dogme, bien que coupable dans son origine et pouvant ainsi se rattacher a l’ignorance que les théologiens appellent vinctbllis, snllil i. pendant a excuser du pi i lie d’hérésie, d’autant plus que fmur le moment elle est Invincible et forcée, ce qui empêche la eonliunai i<. une noie essentielle du p

d’hérésie. Dans ces conditions, on n’abandonne pas la vérité sciemment et librement. De la vient que plu-