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FLAGELLANTS

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Inswgunt hæreses, vilipenduntur proprii saccrdotes, conlemnuntur confessores et psenitentia sacramentalis, c.vtorquentiir dolosis modis pecuniæ, otia quæ pigros occidunt niilriuntur. Silemus de furlis, de stupris et adiiltcriis. Contra seclam flagellantium, Opéra, t. ii, col. 660-664. De telles accusations ne concernaient nullement les pénitents de l’Aragon, mais s’appliquaient trop bien aux flagellants de l’Allemagne pour que le concile n’en tînt pas compte.

Quelques indices prouvaient, en effet, que la secte n’était pas morte ; elle avait reparu un instant en 1372, Baronius, Annales, an. 1372, n. 33, et en 1400 dans les Pays-Bas. Lea, A history of Ihe Inquisition of Ihe middle âges, New York, 1888, t. ii, p. 403. Mais ce fut surtout dans la Thuringe et dans la Basse-Saxe qu’elle exerça sa funeste influence peu avant le concile, en 1414. Sans doute, ces nouveaux sectaires ne se manifestaient pas en public à la manière de leurs prédécesseurs du xiiie et du xive siècle ; mais ils étaient infectés de quelques-unes des pernicieuses erreurs de Wiclef. Baronius, Annales, an. 1414, n. 14, édit. Thcincr, t. xxvii, p. 369. S’autorisant, eux aussi, de la fameuse lettre qu’ils croyaient avoir été apportée du ciel sur l’autel de saint Pierre à Jérusalem le 25 décembre 1348, ils soutenaient qu’une nouvelle économie religieuse, symboliquement figurée dans l’Évangile par le changement miraculeux de l’eau en vin aux noces de Cana, avait remplacé l’ancienne. Le baptême de sang, disaient-ils — et c’est ainsi qu’ils appelaient la flagellation qu’ils se donnaient volontairement — est beaucoup plus agréable à Dieu que le baptême d’eau. La flagellation est la vraie robe nuptiale qui rend digne de s’asseoir au banquet céleste ; le sang ainsi répandu est plus précieux que celui des martyrs versé par les païens. Jointe à quelques prières et au jeûne rigoureux du vendredi, la flagellation remplace toute espèce de pénitence et tous les sacrements de l’Église ; elle abolit le sacerdoce de la loi évangélique tout connue celui-ci avait remplacé celui de la loi mosaïque lorsque le Christ chassa du temple à coups de fouet les vendeurs et les acheteurs. Le clergé catholique, cause de ions les malheurs, ressemble au prêtre et au lévite qui descendirent de Jérusalem à Jéricho sans porter le moindre secours au voyageur maltraité par les brigands, tandis que les flagellants remplissent l’office du bon Samaritain en portant Jésus-Christ sur leurs épaules et en l’honorant par leur obéissance et leur piété.

unie tant d’autres sectaires du moyen âge, ces flagellants de la Thuringe et de la liasse-Saxe témoignèrent un mépris absolu contre l’Église et le clergé : ils rejetaient les indulgences, la sépulture ecclésiastique, la prière pour les morts, toutes choses qui ne mil qu’aux Vivants pour remplir leur bourse ; ils n’admettaient ni le purgatoire ni le culte des saints qu’ils traitaient « l’idolâtres ; ils s’opposèrent i ii multiplication des [êtes, ne consentant à célébrer que celles de Noël et de l’Assomption ; en fait de Jeûne, ils n’acceptaient que celui du vendredi, qu’ils pratiquaient scrupuleusement même quand la fête de Noël tombait ce jour-là. Par ailleurs, afin d soustraire aux poursuites et aux mesures répressives de l’inquisition, ils conservaient tous les dehors des

catholiques et n’hésitaient pas, le cas échéant, a

parjurer, sauf a expier ensuit)

péchés par une flagellation volontaire. Ils racontaient volontiers que le prophètes rlénoch <-i Elle avaient

ru dur. le monde, l’un dans la personne d’un ut péri sur le l, ù< lier quelque n

auparavant a Erfurt, l’autre dans la personne, i< leur inaitre Conrad Sehmid, qui allait bientôt i’les morts, car le Jugement dernier

était proche. Ils mêlaient ainsi les rêves du mysticisme aux erreurs doctrinales et à l’indiscipline ecclésiastique ; ils étaient un danger pour la foi et pour l’Église. A Sangerhausen, en Thuringe, l’inquisiteur Henri Schonfeld, de l’ordre des frères prêcheurs, en convainquit plusieurs d’erreurs doctrinales, et dut, sur leur refus de se convertir, les livrer au bras séculier. Leur exécution par le feu ne réussit pas à supprimer radicalement le mal ; car une trentaine d’années plus tard, en 1454, malgré les condamnations du concile de Constance et l’action des inquisiteurs, des flagellants reparurent dans les mêmes parages. On en arrêta plusieurs à Sangerhausen et à Aschersleben, qui se réclamaient encore de Conrad Sehmid ; beaucoup purent se sauver par la fuite ; vingt-deux furent condamnés au bûcher ; quant à ceux qui abjurèrent, ils durent désormais porter un vêtement spécial qui permît de les reconnaître. On en arrêta encore d’autres à Anhalt, en 1481. Cf. Lea, A history of the Inquisition, t. ii, p. 408. Finalement ils disparurent de l’Allemagne comme ils avaient déjà disparu dans le reste de l’Europe. Ceux qui avaient paru un moment en Prusse, en 1445, ne semblent pas avoir partagé les erreurs des flagellants de la Thuringe et de la Saxe ; car, loin d’être inquiétés et poursuivis, ils furent entourés de l’estime publique. Ceux cpii parurent en Allemagne en 1501 n’étaient que des troupes de pénitents italiens, qui allaient de paroisse en paroisse, restant peu de temps dans chacune et menant une vie qui rappelait bien celle des flagellants pour certaines pratiques, mais qui ne comportait pas la flagellation ; ils n’admettaient pas de femmes parmi eux, ne donnèrent lieu à aucun trouble et disparurent au bout de cinq ans.

I. Sources.

Klles se trouvent éparses dans des Chroniques, Annales ou Vies, dont nous ne signalerons que quelques-unes : Amalric Auger, Ai tus romanorum ponlificum, dans Muratori, Scriptores rcrum ilulicurum. Home. 1721, t. iii, p. 175 sq. ; Jean de Saint— Victor, Vite démentis V et Joannis XXII, dans Bosquet, Ponlificum romanorum qui c Gallia oriundi, in ea sedcrunl, hisloria ub anno Christi 1305 ad annum 1394, Paris, 1032, et dans.Muratori, Scripl. rcr. ttal., t. iii, p. 500 sq. ; Albert de Strasbourg, Chronicon (1273-1378), dans Urstisius, Germanix hislorici illustres, Francfort, 1585 ; Cornel. Zantfliei, Chronicon, dans Martèue, ’cicrnm scriptorum amplissima collectio, Paris, 1724, t. v ; Pierre de llerentals, Vita Joannis XXII, lleneilicti XII et démentis’l, dans Bosquet, Pontif. rom… hisloria ; dans Baluze, Vils paparum Avenionensium, Paris, 1693, i. i, et dans Muratori, Script, rcr. ital. ; Chronicon Magdeburgense, dans Meibom, Res Germanise, Helmstadt, 1688, ei dans Mencken, Scriptores rcrum Germanicarum, Leipzig, 1728, t. m ; Continualio Guillelmi de Nangis, dans d’Achéry, Spicilegium, Paris. 1655, i m ; Qutgesta pontiftcum Tungrensium, Trajectensium ci Leodiensium scripse runi, auclores prsecipui, dans Martène, i et. script, amplissima collectio, t. iv ; Tri thème, Chronicon insigne monasteril Hirsaugiensis (830-1370), Bâle, 1559 ; Annules Hirsaugienses (1371-151 L), édit de Mabill m. Saint-Call, 1680

Parmi res documents, ceux qui regardent les Pays-Bas (d la Flandre oui été réunis par Smet. Dits die exa llente cronike van Vlænderen’, Die aider excellente crongeke non Bra boni, Hollant, Seelani, Vlænderen im gênerai (Jusqu’en 1486), cf. Potthast, Bibltotheca historlca main mol, Berlin, 1866 ; 2 édit. 1696 ; el ceux qui regardent l’Allemagne pai Pertz, dans Vfonumenla Germanise htstorica unie uh anno c.hrisii su/ usque ad annum 1600, Hanovre, 1826 ; Berlin, 1866, l xvi

m |i : sm Gerson, Contra seclam flagellantium

(>i>cru, Anvers, 17011. 1 ii, roi. 660 664 ; Baronius, innales édit Thelner, Bar-le-Duc, 1864sq., 1 Jtxii, p. 52-54 ; t. xxv, p 171 ; 1 wvn, p 369 ; d’Argentré, Collectio fudlclm /h— nni’is errortbus, Paris, 172s, 1. 1, p 361 168 ; Bolleau. Histoire’les flagellants, Amsterdam, 1701 ; Thiers, Crtliqtii île rhislotrt’la flagellants, Paris, 1703 ; Fflrstemann, DU christlichen Geisstergesselscha/ten, Italie, 1828 ; Frusta, hir Flagellanlismus und die Jesultenbeichte, histortsch-psgeholo hiente ihr Gelsselungsinlltuut, KlostertUchtlgung