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pulantur ; scd ab hxrcsi, qusc sacro concilio cxaminanda proponitur, sunt alienissima. Cotlectio lacensis, col. 534, 535.

Réponse. — L’opinion que ne veulent pas toucher ces théologiens, qu’ils regardent comme très éloignée de l’hérésie proposée à l’examen du concile, c’est une opinion de Tanner, auquel ils renvoient. Voyons donc ce que dit Tanner. Soutenant la thèse si commune de la certitude relative qu’ont les simples du fait de la révélation, avant la foi, voir col. 219 sq, il rapporte cette objection contre la thèse : Si l’on admet cette certitude purement relative, « il peut arriver à un fidèle, dans la suite des temps, qu’une religion fausse lui soit proposée comme plus croyable que la vraie, et par conséquent… qu’il abandonne prudemment la foi, pour embrasser quelque secte erronée… Car si par hypothèse il n’a eu pour la foi catholique que des motifs de crédibilité humains et défectueux, sous le couvert desquels on aurait pu aussi bien faire passer une fei fausse, rien n’empêche qu’ensuite une foi fausse lui soit rendue croyable par des motifs de même catégorie, mais encore plus impressionnants ; en sorte qu'à l’arrivée de ces motifs nouveaux et contraires, il puisse et doive juger prudemment qu’il ne peut plus, avec prudence, se laisser influencer par les premiers motifs qui l’avaient amené à la foi catholique, et qu’il ne doit plus croire. » Puisque cette conséquence est inadmissible et contraire au devoir de la persévérance dans la foi, conclut l’objection, la thèse de la certitude relative des simples, qui mène à de pareilles conséquences, est fausse elle-même. Adam Tanner, Theologia scholcislica, Ingolstadt, 1627, t. iii, De fuie, disp. I, q. il, n. 113, col. 108. Pour résoudre la difficulté, Tanner observe qu’on peut considérer la crédibilité de la foi catholique sous deux aspects : en tant qu’elle résulte des seuls motifs de crédibilité, extérieurement proposés, et en tant qu’on tient compte de tous les facteurs de la crédibilité, parmi lesquels sont les divers secours de la grâce ; crcdibilitas fidei prsecise quantum est ex parte propositions extermv, et credibilitas fulci undequaque spcclata. Loc. cit., n. 137, col. 114. La première considération est fragmentaire, la seconde est adéquate. Parlant de cette distinction capitale, il répond que la fâcheuse conséquence imputée à la certitude relative des simples serait en effet un accident possible, si l’on ne considérait la crédibilité que dans sa proposition extérieure et ses motifs, si imparfaits Chez les simples ; mais que cet accident apparaît impossible, dès qu’on prend la crédibilité adéquatement comme on doit le faire, dès qu’on tient compte des secours surnaturels qui aident le catholique soucieux i foi à avoir toujours des motifs de crédibilité rafflsants. Loc. cit., n. 137, col. 114. Or celle réponse > st précisément ce que nous axons soutenu : tout catholique, du moins s’il fait son devoir en matière « le foi, aura toujours et dans les moments les plus difficiles la crédibilité nécessaire a la conservation de sa foi, fait général et perpétuel qui ne peut s’expliquer, surtout chez les simples, sans l’aide de la grâce, en comprenant sous ce nom. avec des dons intérieurs, une providence surnaturelle de Dieu qui veille sans < i l.i conservation de noire foi. Tanner, il est vrai, est amené par cette object ion à parler Incidemment d’une question plus technique, c’est-à-dire de la perte de ['habilus fidei ou vei lu infuse de foi, qu’il appelle limplement perte de la foi » ; et a propos des catholiques qui apostasient, il dit que généralement ils perdront vertu, communiler amissuros (idem, mais pourtant que dans un cas extraordinaire un catholique pourrait la conservei tout en adhérant a l’hérésie ; i de même qu’au sentiment commun des théologiens ww enfant bapti é, élev< ! pai les hérétiques et qui de bonne dbère < un< si i te foi e, ne perd pas pour cela la

vertu infuse de foi reçue au baptême, parce qu’il n’a jamais péché formellement contre la foi. » Loc. cit., n. 139, col. 115. Cet endroit de Tanner, dans sa brièveté, n’a pas tous les développements désirables ; c’est justement celui que citent les théologiens romains comme n'étant pas touché ni condamné par le schéma qu’ils proposent, tout en reconnaissant qu’on est là sur un terrain dangereux et où il faut marcher prudemment. Mais Granderath et Vacant ne peuvent arguer de leur concession contre notre exégèse du con : cile, car cette concession, nous la faisons nous-même ; j nous défendrons plus loin cette dernière assertion de Tanner, d’une importance d’ailleurs plutôt secondaire, et nous ferons voir qu’elle ne contredit nullement ce que nous avons affirmé jusqu’ici de la vériI table pensée du concile. Quant à Platel, subsidiaire ! ment cité par les théologiens romains, il ne fait que ! rapporter l’opinion de Tanner, que du reste il condense i dans une formule assez peu exacte. Synopsis cursus [ theol., Douai, 1706, De fide, n. Gl, p. 236.

I. Enfin Vacant invoque contre notre explication 1 du concile l’autorité de plusieurs théologiens ; et il ne voit en notre faveur que Schmid, Erkenntnisslehrc, 1 1890, t. i, p. 99.

Réponse. — A part Granderath, les théologiens in ' voqués n’entrent pas dans la discussion de la ques

tion. D’ailleurs ils ne sont pas exclusifs
ils se con

I tentent d'énumérer sommairement les erreurs prin , cipales ici condamnées, sans prétendre que le concile,

! en rejetant ces erreurs avec plus de développement

| au c. iii, n’y ait pas énoncé la vérité que nous croyons

, y voir. Enfin ils traitent seulement de ce que le concile

a défini : et nous ne prétendons pas que le concile soit

allé jusqu'à définir cette vérité. Leur témoignage reste

donc en dehors de la question présente. On peut en

dire autant de Schifilni. De virtutibus in/usis, p. 274.

De notre côté, outre le D r Schmid, nous pouvons citer

de graves autorités que Vacant ne mentionne pas : elles

disent nettement que la vérité en question a été sinon

définie, du moins affirmée par le concile, ce qui nous

suffit.

Kleutgen d’abord : son autorité est d’autant plus grande ici qu’il est précisément le théologien, et le seul théologien, qui travailla pour Pévêque de Paderborn et mit au point le schéma primitif. Voir Granderath, Histoire du concile du Yalican, trad. franc., Bruxelles, 1911, t. n b, p. 12, 13. Mieux que les théologiens du schéma primitif, dont on aime à citer les notes, Kleutgen est à même de nous renseigner sur le sens du schéma nouveau, c’csl-à-dire du texte tel qu’il a été en définitive adopté par le concile ; écoutons-le. « Celte question, dit-il, dépend surtout de l’assistance de Dieu et de la lumière de la grâce. Puisque c’est Dieu qui donne la persévérance, dans la foi, puisqu’il a [ait de cette persévérance la condition du salut éternel, il ne refuse certainement pas son secours à celui qui le demande, et ne prive pas de la grâce de la foi celui qui par sa résistance ne s’en est pas rendu indigne. » (Voilà noire thèse.) i C’est ce '/'"' dit le concile du Vatican : Benignissimus Dominas… in hoc codera luminc ut persévérant, gratia sua confirmai, non deserens nisi deseniliir. « Die Théologie der Vorzeil, 2° éilit., .Munster, 1874, t. v, n. 612, p. 161. Et plus loin :. I sonne ne perd la foi sans une faute contre la foi. i

Loc. cit., ]). 165. El à celle objection, qu’un catholique pourrait être amené par la recherche scientifique a

changer d’avis sur la crédibilité de s ; i religion, il répond entre autres choses : L'Église avait toujours supposé ce qu’elle a formellement expliqué (au concile), que le croyant ne peut jamais avoir un juste motif de quitter la foi Pour les hétérodoxes, restés en dehors de la vraie religion, bien qu’ils aient pu sans aucune faute adhérer aux croyana dans leur