Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée
293
294
FOI


quam habere possunt juslam causam mulandi…, Denzinger, n. 1791, peut très bien signifier, dans sa généralité absolue, que ces catholiques, quand le doute ou l’apostasie s’offre à eux, non seulement n’ont pas de raison objectivement valable pour y céder, mais encore qu’il ne peut jamais leur arriver, par la grâce de Dieu, d’avoir une persuasion subjective qu’ils peuvent y céder, fondée sur une erreur vraiment invincible et dont ils ne soient pas responsables. Que le sens de la phrase ait cette plénitude, les mots nullam unquam l’insinuent. Car si l’on voulait s’en tenir au seul sens objectif, il faudrait dire, contre la fausse égalité introduite par l’indifïérentisme : « Les catholiques, étant dans la religion seule véritable, n’ont pas de juste cause d’en douter ou d’en changer, » sans les mots nullam unquam. Ainsi procède le canon 6, qui semble affirmer moins crue le c. ni : il n’a pas les mots nullam unquam. Denzinger, n. 1815.

.Mais, même en négligeant ces mots, et en admettant que cette phrase du chapitre m se prête également par elle-même soit au sens purement objectif de Grand crath et de Vacant, soit au sens plein et complet, à la fois objectif et subjectif, c’est alors au contexte, et surtout au contexte immédiat, à déterminer la vraie signification. Or ce contexte détermine le second sens. Examinons la phrase qui précède immédiatement, cl qui dans la série des idées est plus étroitement liée avec celle que nous voulons expliquer, puisque de la première on conclut la seconde ; ce n’est donc pas une parenthèse » , comme le suppose Vacant sans en donner aucune preuve, Éludes théologiques, p. 171 ; et un concile, toujours soucieux de la clarté, n’intercale pas une immense parenthèse de vingt-cinq lignes comme celle qu’on voudrait voir ici. Voici donc les deux phrases avec leur enchaînement, telles qu’elles sont dans le concile : « Les égarés, le Seigneur si bon les excite et les aide par sa grâce, pour qu’ils puissent venir à la connaissance de la vérité ; et ceux qu’il a fait passer des ténèbres â son admirable lumière, par sa grâce encore il les affermit pour qu’ils persévèrent dans celle même lumière, n’abandonnant jamais s’il n’est luimême abandonné. En conséquence, quoeirca, tout autre est la condition de ceux qui ont adhéré à la vérité catholique, et de ceux qui… suivent une fausse religion, etc. » Si dans cette dernière phrase il élail question d’une différence purement objective entre catholiques et hétérodoxes, comment de la phrase précédente conclurait-on cette différence-là? Vous voulez prouver contre une certaine théorie indifîérentiste et libérale que la religion catholique a objectivement sur ses fidèles un droit que n’a pas une autre religion sur les siens, et que ses enfants n’ont pas le droit d’apostasie. Lites que, le droit venanl de Dieu, il n’y a pas objectivement de droit a l’erreur, ni au mal ; qu’on a tort de reconnaître les mêmes droits ; l’erreur qu’a la vérité : que la religion catholique est la seule vraie, ce cjui se prouve par l’apologétique ; que seule elle a donc le droit de garder ses enfants, et que seuls ils ont objectivement le devoir (le persévérer dans leur religion, soi I qu’ils connaissent ce devoii ou ne le connaissent pas. Voilà d’où l’on peut tirer la différence purement obp. Mais comment la tirer d’une différente opération de la grâce que nous ne voyons pas, et qui n’est donc pas une source de preuve ? C’est tics vrai, théologiqucincnt, quc Dieu par sa grâce aide les catholisévérer dans leur religion, et leur en facilite le devoir, tandis qu’il aide les autres a sortir d’une religion fuisse. Mais ce travail de la providence surnaturelle et de la grâce est ordinairement Invisible, et ne peut donc servir de preuve pour discerne ! on est i.i on, ou est objectivement le droit ; et d’autre part, une religion reste objectivement vraie « ntre toutes les autres par son origine divine, et sa

prétention à garder ses fidèles reste objectivement le droit, quand bien même ses enfants seraient dans l’impossibilité de la reconnaître et d’y persévérer, quand bien même la grâce ne les y aiderait pas. Que vient donc faire ici cette considération du concile sur les opérations différentes de la grâce dans les différents sujets, s’il ne s’agit de prouver qu’une différence de valeur objective et de droit objectif entre les religions ? Au contraire, cette considération vient à point, s’il s’agit de prouver une différence subjective entre les adeptes de la vraie et de la fausse religion, quant à la possibilité pratique de tenir toujours ferme dans la religion de leur enfance, et d’avoir toujours les motifs de crédibilité suffisants. A ce point de vue, peu importe que la grâce leur soit visible ou non, qu’elle soit ou non une source de preuve en elle-même, pourvu qu’elle obtienne le double résultat qu’elle poursuit : fournir au catholique, dans une crise quelconque, à l’aide des ressources infinies de la puissance divine, le nécessaire pour persévérer dans sa foi première ; au contraire, laisser parfois sentir à l’hétérodoxe, à mesure que son esprit se développe, l’impossibilité de rester prudemment dans sa religion en face d’une autre qui est la vraie, et l’aider à se tourner vers celle-ci ; en d’autres termes, maintenir jusqu'à la mort chez les catholiques, et ébranler chez leurs frères égarés, la persuasion subjective de leur confession religieuse, persuasion par laquelle tous avaient également débuté à l’aurore de leur vie intellectuelle. C’est sur l'état subjectif du catholique, comme étant plus intéressant pour nous, que le concile insiste davantage. Puisque la grâce le pousse à persévérer toujours, il ne sera jamais apostat, s’il est fidèle à la grâce. Ce que le concile fait encore ressortir en disant de Dieu, à propos de cette grâce qu’il lui donne : non deserens nisi descratur. Dieu n’est jamais le premier à abandonner : si clone ce catholique se trouvait un jour comme abandonné à une impossibilité subjective de croire, à cause du milieu, des objections qu’il entend, du manque de secours humain et de crédibilité nécessaire et marchait ainsi fatalement à l’apostasie, Dieu n’aurait pu permettre cette situation pour qui aurait cherché sérieusement à garder la foi. pour qui l’aurait invoqué dans la tempête, pour qui n’aurait pas le premier « abandonné » ,

b. Cette déclaration faite par le concile, non deserens nisi deseratur, « affirme seulement qu’ils ne perdront la grâce sanctifiante et les vertus surnaturelles qu’autant qu’ils auront commis un péché formel… Cette déclaration est tirée, en effet, du concile de Trente, sess. Vf, c. xi, qui, parlant de la possibilité d’observer tous les commandements, enseigne, des hommes en état (le grâce, que Dieu ne les abandonne que s’il en est abandonné, jusdficalos non deseril nisi ab cis prias deseratur. « Vacant, Éludes (héol. sur le concile du Vatican, t. ii, p. 172, 173. Cf. Granderath, loc, cil., p. 67, 68.

Réponse. — La persévérance dans l'étal de iini<< regarde les seuls justes, fusliflcalos ; mais la persévérance dans la foi regarde tous les membres de l'Église, justes et pécheurs : car en perdant la charité et la grâce sanctifiante par un péché moi tel autre que le péché contre la foi, infldelilas, on garde néanmoins la foi et on est encore chrétien et no in' re de l'Église. Voir le concile de Trente, sess. VI, c. xv, et eau. 27, 28, Denzinger, n. 808, 837, 838. Or le concile du Vatican ne traite pas, comme le concile de Trente, de la justiBcation et de l'état de grâce, in.iis seulement de la foi,

disposition éloignée à la grâce Sanctifiante, et don

moins sublime. Il ne parle pus ici des seuls fUSles, niais de tous les enfants de l'Église, flltot suos cerlin rcs faclt (Ecdetia) ftrmluinw nili fundamento fUttm

quam profitrnliir ; de tous ceux qui font profession de la foi catholique, fulem… profltentur. qui lui donnent