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tant de la possibilité de la persévérance dans la foi.

VII. Rôle de la grâce dans la préparation rationnelle de la foi.

Cette difficile question, liée à la précédente, et où l’on a été souvent tenté de chercher la solution de la précédente, a donné lieu à plusieurs systèmes, soit anciens, soit contemporains ; on peut même dire qu’elle est à l’ordre du jour. On en trouverait difficilement un exposé détaillé et précis ; c’est ce que nous allons essayer. Quelques notions préliminaires prépareront utilement l’exposé et la critique des systèmes.

I. NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

1° S’il s’agissait ici de la grâce extérieure de la révélation, tout serait déjà dit : nous avons suffisamment montré qu’elle est absolument nécessaire à l’acte de foi et comment, aidée des motifs de crédibilité, elle le prépare. Voir ccl. 122 sq., 172 sq. Mais quand saint Augustin, et avec lui l'Église, a contre les pélagiens défendu et expliqué « la grâce » , il ne s’agissait pas de la grâce de la révélation, admise par les adversaires eux-mêmes ; c’est sur autre chose que portait la lutte, c’est à autre chose qu’Augustin a réservé par excellence, le nom de « grâce » . C’est parfois une providence spéciale, qui a sa part dans le mystère de la prédestination, rejeté des pélagiens ; c’est surtout la grâce intérieure, qui comprend, avec les vertus infuses, ces principes permanents d’action surnaturelle, les secours passagers de la grâce actuelle, destinés soit à exciter, soit à aider, soit à suppléer les vertus infuses. Voir Grâce.

Nous n’examinerons pas encore le rôle de la grâce dans l’acte de foi lui-même (voir ce qui sera dit de la foi, vertu surnaturelle), mais seulement dans la préparation rationnelle dont nous venons de parler. Aussi nous ne limitons pas notre regard à ces opérations les plus sublimes qui sont dites surnaturelles quoad sulstanliam, et qui appartiennent à la déification du chrétien ; nous considérons aussi, suivant un sens plus ample du mot « grâce » , tout l’ensemble des secours spéciaux que Dieu nous donne, soit qu’il s’agisse d’une providence spéciale ou d’une grâce, interne, et dans le second cas, soit qu’il s’agisse de la grâce qui élève la nature à des opérations absolument au-dessus de ses forces, ou simplement d’une grâce qui facilite l’action que la nature ferait difficilement toute seule. l’une grâce qui réponde à une impuissance non pas physique, mais seulement morale. Voir Grâce.

La connaissance de Dieu est un des préambules de la foi, et peut, elle aussi, être parfois facilitée par un secours de la grâce. Voir Dieu, t. iv, col. 860, 861, 864. Mais la connaissance du fait de la révélation offre généralement à l’homme beaucoup plus de difficulté que la connaissance de Dieu, laquelle est, en un sens, spontanée dans la raison humaine. Elle demande donc bleu <l : r antage à être aidée, des avant la foi, de quelque secours de la grâce. Aussi le concile du Vatican mentionne-il les secours de l’Esprit-Saint » en même temps qui [< preuvi s du fait de la révélation, c. iii, Denzinger, n. 17 : hi (1639) ; et il ajoute plus loin : jnissimus Dominus errantes gratia sua excitât aique adjuvat, ul ad agnilionem veritalis ventre postinl, n. 1794 ; a qui les pèse, ces mots errantes, possint font Il nlir qu’il ne s’agit encore que de la préparation plus nu moins éloignée a la vérité que saisira l’acte de fui, 'i que i.i grâce travaille déjà, d’après le concile, a mieux recevoir les motifs de crédibilité. Elle est encore plus nécessaire, dans le développement successif de l’esprit et au milieu des objections et des tentations contre la foi qui surviennent, a maintenir perpétuellement la crédibilité indispensable ; i la Toi. mais c’est I., un point que nous traiterons a part. Vota ce qui it de la persévérance dans la foi.

La grâce vient donc au secours de la raison pour préparer la foi : mais comment doit on expliquer son action ? On peut la concevoir de deux manières fort différentes, qu’indiquera une comparaison. Pour arriver à voir un objet extérieur, à s’en rendre compte, on peut employer deux espèces de moyens ou intermédiaires, le visible ou l’invisible. Un verre dans un télescope, c’est un moyen de voir qui ne doit pas être vu : plus cet intermédiaire est invisible, plus il sert à bien voir ; il manquerait son but. s’il avait le moindre défaut capable d’intercepter ou de réfléchir la lumière comme un objet, ou s’il était irisé : l'œil trompé par ce qu’il voit projetterait cet accident très rapproché de lui dans le royaume lointain des objets qu’il cherche à découvrir. Au contraire, il y a des moyens de voir qui doivent être vus, qui ne servent qu'à la condition d'être vus : ainsi l’aurore est un moyen d’apercevoir déjà dans son reflet le soleil, de se rendre compte de sa position et de prévoir le jour. A l’espèce invisible appartiennent certains moyens de connaître, certains secours qui se tiennent plutôt du côté du sujet, comme la puissance native de l’organe, la facilité acquise par l'éducation et l’habitude, la détermination et comme le déclenchement produit par l’objet extérieur dans le sujet pensant, ce que les scolastiques dans leur théorie de la connaissance appellent la species impressa ; tout cela rentre dans les moyens de voir qui n’ont pas besoin d'être vus ou qui ne peuvent pas l'être, médium quo viilrtur et non pas quod videtur. A l’espèce visible appartiennent, par exemple, les symboles et les signes, qui doivent être connus les premiers pour nous faire par là connaître la chose signifiée ; les prémisses, qui, manifestées dans leur liaison, nous déterminent à la conclusion ; les motifs de crédibilité qui, présentés à l’esprit, rendent prudente l’intervention de la volonté et peuvent nous amener à croire ; tout cela rentre dans le médium quod videtur, médium cogniium.

Ainsi l’action de cette grâce, qui vient au secours de l’intelligence, pourra se concevoir de deux façons : soit comme un moyen par lequel on est aidé à connaître sans le remarquer, médium quo ; soit comme un moyen que l’on connaît.sur lequel on doit même réfléchir pour s’en aider, médium quod. Les théologiens, pour abréger encore les formules, disent, dans le premier cas, oii la grâce agit comme médium qun, qu’elle agit ul quo ; dans le second, qu’elle agit ul quod. A la première catégorie de secours appartient, comme grâce extérieure, la providence spéciale qui, sous l’apparence du hasard et sans avoir besoin d'être reconnue, procure à ce païen un missionnaire juste à temps pour l’instruire de la foi avant sa mort, à cet hérétique en train de se convertir, mais embarrassé de préjugés et de difficultés, ce livre, cette conversation qui les résoudra ; comme grâce intérieure, l’opération cachée par laquelle Dieu applique les facultés endormies ou distraites, surtout celles de l’enfant, de l’ignorant, à bien écouter le catéchisme ou la prédication, à bien saisir les motifs de crédibilité proportionnés à leur esprit ; ainsi « le Seigneur ouvrit le cœur de Lydia pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul. t., xvi. III, es secours de cette première espèce aident les motifs de crédibilité, mais ne peuvent les remplacer. A la seconde catégorie de secours appartiennent les visions, les i miracles internes » , qui bien examines peux eut apparaître, à la réflexion, avec plus ou moins de certitude, comme de vrais motifs de crédibilité. Car « le même que nous appelons miracle un phénomène qui d au cours ordinaire des lois physiques ou biologique ainsi pouvons-nous appeler miracle i un effet qui dépasse le cours ordinaire des lois psychologiques, comme sont les lois de l’association, |, , Idées. Su are/ nous en donne les exemple ! suivants. 1. Action miraculeuse sur l’intelligence far exemple, si un païen, qui n’a jamais peu, , -.m crr.it. nr., , it (oui a