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est, ut huinana ratio plenissimam verbo Dei fldem al quc auctoritatem concilicl. Simili modo ralio déclarât evangelicam doctrinam mirabilibus quibusdam signis, tanquam certis certae verilalis argumentis, vel ab ipsa origine emicuisse : atque ideo omnes, qui Evangelio fidem adjungunt… rationabili prnrsus obsequio intelligentiam et judicium suum divinse subjicere auctoritati. IUud autem non minoris pretii esse intelligitur, quod ratio in pcrspicuo ponat, Ecclesiam aCliristoinstitulam(ut statuit Vaticana synodus) « ob suam admirabilempropagationem, eximiam sanctitatem et inexhaustam in omnibus locis fœcundilatem, ob catholicam unitatem invictamque siabilitatem, magnum quoddam et pcrpetuum esse motivum credibilitatis et divinæ suce legationis testimonium irrefragabile. » Acta Leonis XIII, Rome, 1881, t. i. p. 268 ; cf. t. xix, p. 168.

la vérité même, qui ne saurait s'égarer ni tromper. D’où il résulte clairement que la raison humaine concilie à la parole de Dieu la plus grande autorité et le plus grand crédit. De même, la raison fait voir que la doctrine évangélique, dés son origine, a brillé par des signes merveilleux, comme par des arguments certains d’une vérité certaine ; que par suite tous ceux qui ajoutent foi a l'Évangile sont tout à fait raisonnables de soumettre à l’autorité divine leur jugement et leur intelligence. Enfin, ce qui n’est pas moins précieux, la raison met en pleine lumière ce fait constaté par le concile du Vatican, que l’Eglise du Christ, « par son admirable propagation, son éminente sainteté et la fécondité inépuisable qu’elle montre en tout lieu, par son unité catholique et sa stabilité invincible, est ellemême un grand et perpétuel motif de crédibilité, et un témoignage irréfragable de la divinité de sa mission. »

7° Ces actes qui préparent rationnellement la foi doivent-ils avoir la fermeté de la certitude ? Le semi-fidéisme. — Nous avons vii, parmi les catholiques ou les hérétiques, des écrivains qui ont refusé à la raison humaine et individuelle toute intervention antérieure à la foi, toute preuve des fondements de la foi divine. Est-il juste de confondre avec eux, quand même ils s’en approchent, d’autres auteurs qui, pourtant, reconnaissent à la raison le droit et le devoir d’intervenir et de prouver les préambules ou fondements de la foi ? Si les premiers ont reçu le nom de fidéistes, aux seconds, pour mettre une différence et une atténuation, on pourrait donner le nom de « semi-fidéisïes » .

Par « semi-fidéisme » , nous entendons le système qui refuse à la raison, dans la preuve des préambules de la foi, la possibilité d’arriver à un jugement ferme ou, du moins, qui n’exige pas ce jugement ferme comme une condition de l’acte de foi. Peur bien délimiter la question présente, bien plus délicate que la précédente, nous ne considérons encore dans la certitude qu’un seul élément, la fermeté de l’assentiment ; nous ne nous occupons que de ceux qui peuvent étudier sérieusement et pénétrer suffisamment les preuves des préambules, réservant à plus tard la question de la « foi des simples » ; nous ne nions pas que les motifs de crédibilité étudiés par la raison ne puissent laisser des doutes imprudents, et que la volonté n’ait de ce chef une part légitime dans la production du jugement ferme sur les préambules. Voir Croyance, t. iii, col. 23842387. Dans ces limites, les théologiens scolastiques s’accordent tous à exiger un jugement certain sur les préambules, comme condition de l’acte de foi. Voici les principales raisons que l’on peut donner pour leur thèse, et contre le semi-fidéisme :

1. Un premier argument peut se tirer de quelquesuns des documents ecclésiastiques que nous venons de citer contre le fldéisme, quand ils disent que la raison peut, et même doit, constater avec certitude, avant la foi, les divers préambules, a) Ils ont parfois le mol même de certitude, de connaissance certaine : Deum… ccrlo cognosci possc (Vatican) ; ccrlo sibi conslel, Deum esse loculum (encyclique Qui pluribus). Cf. Cekti tude, t. ii, col. 2165. — 6) Ils le disent ailleurs équivalemment'. soit en attribuant à la raison de « démontrer les fondements de la foi » (Vatican), or une démonstration est une preuve certaine, qui produit un jugement ferme chez ceux qui peuvent la saisir, les seuls dont nous nous occupons en ce moment ; soit en disant à peu près de même que « la raison montre > (oslendit)hs perfections de Dieu, et surtout sa science et sa véracité ; que « la raison met en pleine lumière » (in pcrspicuo ponit) la divine mission de l'Église (encyclique JEterni Palris), soit enfin en présentant les preuves de la révélation divine ou de la mission de l'Église comme des signes très certains, des notes manifestes, un témoignage irréfragable (Vatican), des « arguments admirables, splendides, qui doivent porter dans la raison humaine une conviction entière et lumineuse r> (encyclique Qui pluribus). Tout cela doit se vérifier au moins dans ceux qui peuvent pénétrer ces arguments, ces notes, ces signes ; or ceux-là nous suffisent, car ce sont les seuls que nous considérions en ce moment.

2. Un second argument peut se tirer d’autres documents ecclésiastiques que nous n’avons pas encore cités :

a) Innocent XI a condamné en 1679 cette proposition 21e :

L’assentiment de foi surnaturelle et utile au salut est conciliable avec une connaissance seulement prébable de la révélation, et même avec la crainte que Dieu n’ait pas parlé.

Assensus fidei supernaturalis et utilis ad salutem stat cum notitia solum probabili revelationis, imo cum formidine, qua quis formidet ne non sit locutus Deus. Denzinger, n. 1171 (1038).

a. Occasion de la condamnation. — Un contemporain, le carme Raymond Lumbier († 1684), atteste que cette proposition a été condamnée à cause de certains théologiens du temps qu’il ne nomme pas, d’après lesquels, pour faire un acte de foi sur un objet particulier, il suffisait que cet objet fût probablement contenu dans un objet général ou vague, certainement révélé, de sorte que le fait de la révélation de l’objet particulier ne serait que probable. Summa, t. iii, n. 1773. Exemple : proposition générale certainement révélée : « La grâce est nécessaire au salut. » Or, je conçois la grâce de telle façon systématique et seulement probable, mettons, comme une prédétermination physique ; cette prédétermination probablement s’identifie avec la grâce, et par suite est probablement révélée comme nécessaire au salut : cela suffirait pour que je puisse croire de foi divine l’existence et la nécessité de cette prédétermination. Autre exemple : voici un texte de l'Écriture susceptible de plusieurs sens. J’ai des raisons probables, plus probables, de préférer tel sens : c’en serait assez, d’après cette opinion, pour que je puisse identifier ce sens avec l'Écriture inspirée dont Dieu est l’auteur, et faire un acte de foi divine sur la doctrine qui résulte de cette interprétation seulement probable.

b. Sens de la condamnation. — Il est bien suffisamment déterminé soit par cette origine de la condamnation au rapport de Lumbier, soit par le sentiment commun des auteurs de l'époque qui ont fait des ouvrages spéciaux sur les propositions censurées par Innocent XI, soit surtout par l’examen direct du texte lui-même. La « probabilité » pas plus que la certitude, ne pouvant se trouver dans cet acte incomplet de l’esprit, que les scolastiques nomment « simple appréhension » , mais seulement dans l’acte complet qui est le « jugement » , il s’ensuit que les mots notitia revelationis, avec l'épithète probabilis, signifient un jugement sur le fait de la révélation, et un jugement distinct de l’acte de foi, puisqu’on énumère ici deux actes, dont l’un est appelé assensus fidei, l’autre