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GLOIRE - GNOSE

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dettes, Baldelli, loc. cit. n. 18 ; 4, quand on simule la sainteté avec la volonté de ne point l’acquérir, Baldelli, loc. cit., n. 19 ; 5. quand on simule le mal, à cause du scandale grave qui en résulte ; les saints, pour s’humilier, n’ont jamais fait que des actes en soi indifférents, et n’ont jamais positivement provoqué des jugements en leur défaveur. S. Alphonse, édit. Gaudé, loc. cit., n. 67.

Mais puisqu’en soi la vaine gloire n’est qu’un péché véniel — la coquetterie, par exemple, en est une manifestation, Baldelli, loc. cit., n. 23 — une conclusion s’impose, c’est qu’un motif de vaine gloire ne vicie pas substantiellement, dans les cas ordinaires, la moralité d’une bonne action. En effet, la vaine gloire ne s’opposant pas à la vertu de charité, laisse subsister l’influence d’autres motifs louables. Lehmkuhl. Theologia moralis, t. i, n. 34, donne plusieurs exemples de ce principe touchant les pratiques de dévotion et la réception des sacrements. Si le motif de vaine gloire ne vient qu’en second lieu et laisse la place principale à un motif louable, la valeur de l’acte posé en est d’autant moins diminuée. Lehmkuhl, loc. cit. Si c’est l’inverse, et que prédomine le motif de vaine gloire, pourvu que cependant ce motif ne soit pas exclusif, l’acte posé ne sera pas encore vicié substantiellement, du moins selon l’avis d’auteurs sérieux, tels que Silvestre Prierias, Summa, Venise, 1612, au mot Varia gloria ; Navarrus, op. cit., c. xxiii, n. 13.

Péchés dérivés.

La recherche de la vaine gloire,

étant une manifestation de l’orgueil, doit être considérée, au même titre que l’orgueil, comme un vice capital. S. Thomas, loc. cil., a. 4. Certains auteurs distinguent même la vaine gloire de l’orgueil et comptent ainsi huit vices capitaux. Cassien, Collaliones, V, c. ii, P. 4., t. xlix, col. 611 ; S. Jean Damascène, De oclo passionibus, n. 1, P. G., t. xcv, col. 80. Voici comment le docteur angélique expose tous les dérivés de la vaine gloire, a. 5 : « La fin de la vaine gloire est de montrer sa propre excellence ; ce que l’homme peut faire de deux façons : d’abord, d’une manière directe, en se vantant dans ses paroles, comme fait la jactance. Si ce sont des choses qui provoquent l’étonnement, on l’appelle présomption des nouveautés, ce que les hommes admirent beaucoup d’ordinaire ; si ce sont des choses fausses, c’est l’hypocrisie. Il y a encore une autre manière de manifester sa supériorité, mais indirectement, en ne voulant pas paraître inférieur aux autres. Cela peut avoir lieu de quatre façons : 1. quant à l’intelligence, en refusant d’abandonner son sentiment pour se rendre à un avis meilleur, et c’est ce que l’on appelle Y opiniâtreté ; 2. quant à la volonté, en ne voulant pas céder pour faire la paix, et c’est ce qu’on appelle la discorde ; 3. dans les paroles, en se disputant avec bruit, et c’est ce qu’on appellela contention ; 4. dans ses actions, en refusant d’exécuter l’ordre d’un supérieur, et c’est ce qu’on appelle la désobéissance. » Cf. S. Alphonse, loc. cit. Saint Thomas emprunte sa nomenclature à saint Grégoire le Grand, Moral., 1. XXXI, c. xlv, n. 88. P. L., t. lxxvi, col. 621.

S. Thomas, Sum. IheoL, II* » II ; P, q. cxxxii ; De mdlo, q. i ; Cajétan, Comment, sur la q. cxxxii de la II Il II* ; S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, édit. Gaudé, Rome, 1907, t. iii, 1. V, c. ni, dub. i, et les moralistes cités au cours de l’article ; Billuart, Cursus théologies, Paris, 1878, t. viii, diss. II, a. 3, § 3 ; S. François de Sales, Introductiotl à la vie dévote, part. IIP, c. iii, vu ; Imitation de Jésus-Christ, 1. I, c. vu ; 1. III, c. xl ; De Smet, Notre vie spirituelle, Bruxelles, 1911, t. ii, p. 324-335 ; les auteurs spirituels, à la question de l’humilité.

Chez les Pères de l’Église, sur la vraie gloire et la vaine gloire : Clément d’Alexandrie, Pwd., 1. I, c. vi ; Strom., I, c. xi, P. G., t. viii, col. 293, 748 ; Origène, De oralione, n. 19 ; Conl. Cehum, 1. VII, n. 24, P. G., t. xi, col. 476 sq., 1456 sq. ; In Jeremiam, homil. xi, n. 4, 7, 8, P. G., t. xiii,

col. 372 sq., 388 sq. ; In Episl. ad Romanos, 1. II, n. 5, P. 67., t. xiv, col. 879 ; S. Basile, In Hexæmeron, homil. v, n. 2. P. G., t. xxix, col. 96-100 ; In ps. l.Xl, n. 4, col. 476 sq. ; Epist, 1. I, epist. xlii, n. 4, t. XXXII, col. 354 ; cf. Homil., xx. De humilitale.t. xxxi, col. 525 ; Constitutiones monastiese, c. x, col. 1372 ; c. xvi, col. 1378 ; S. Grégoire de Nazianze, Oral., ii, apologeliea, n. 51, P. G., t. xxxv, col. 461 ; Oral., xix, theologica, n. 4 sq., col. 1041 ; S. Grégoire de Nysse, Oratio de morluis, P. G., t. xlvi, col. 497. Mais, parmi les Pères grecs, c’est surtout saint Jean Chrysostome quî a parlé le plus et le mieux de la vraie et de la vaine gloire. Entre mille passages, on lira avec huit les suivants : Homil. in kalendas, P. G., t. xlvii, col. 953 sq. ; Adversus oppugnantes vitee monastieiv, 1. II, n. 5, 6, col. 337 sq. ; Ad Theodorum lapsum, 1. II, n. 3, col. 3Il sq. ; De compunctione, 1. I, n. 4, col. 399, 400 ; Ad Stagirium a dœmone vc.vatum, I. I, n. 9, col. 445 sq. ; Ad viduam juniorcm, n. 5, 6, col. 605608 ; De sacerdolio, 1. III, n. 9 ; cꝟ. 1. VI, n. 12, col. 646 sq., 688 ; De Anna, serm. iv, n. 3, t. liv, col. 663-664 ; In Gen., homil. v, n. 5, 6 ; homil. xxii, n. 7, col. 53, 54 ; 195 ; Expositio in ps. Y, n. 6, t. lv, col. 69 : in ps. XLVIII, n. 8, col. 234 ; cf. col. 510 ; in ps. XLIX, n. 11, col. 240 : in ps. VIII, n. 7, col. 116 sq. ; in ps. CXX, col. 377-379 ; In Matthœum, homil. xix, t. lvii-lviii, col. 273 sq. ; homil. lviii (lix), n. 4, col. 570 sq. ; homil. iv, col. 51 ; homil. lxv (lxvi), n. 4, col. 621 sq. ; homil. XI, n. 8, col. 201 ; homil. lxxii (lxxiii), col. 667 sq. ; In Joa., homil. ni (n), n. 5, t. lix, col. 43 sq. ; homil. xxviii (xxvii), n. 3, col. 165 ; homil. xxix (xxviii), n. 3, col. 170 sq. ; homil. xxxviii (xxxvii), n. 5, col. 218 sq. ; In Acta apostolorum, homil. xxviii, n. 3, t. lx, col. 212 ; In Epist. ad Rom., homil. xvii, n. 3, col. 567 ; In Epist. I ad Cor., homil. xxxv, n. 4-6, t. lxi, col. 300-306 ; cf. In Epis. II ad Cor., homil. xxix, n. 4, col. 601 sq. ; In Epist. I ad Tim., homil. ii, n. 2, 3, t. lxii, col. 511-516 ; In Epist. ad Phil., homil. v, col. 213 sq. ; cf. homil. xiv, col. 281 ; In Epist. ad Titum, homil. ii, n. 3, 4, col. 673 sq. ; Tertullien, De cultu fœminarum, 1. II, c. iii, P. L., t. i, col. 1319 ; Ad martyres, c. iv, v, col. 625-626 ; S. Cyprien, Epist., xxx, P. L., t. iv, col. 303-307 : il s’agit d’une exhortation aux martyrs de placer toute leur gloire en Dieu seul ; S. Jérôme, In Epist. ad Gal., 1. III, c. vi, n. 26, P. L., t. xxvi, col. 423 sq. ; Epist., xxii, n. 27 ; cviii, n. 3, t. xxii, col. 412, 879 ; S. Augustin, dans ses polémiques antipélagiennes, a souvent parlé, en passant, de la vaine gloire ; voici cependant quelques endroits où il en traite plus directement : De civitate Dei, I. V, c. xii, xiii, xix, xx, P. L., t. xli, col. 154, 158, 165-167 ; Serm., cxxix, n. 2, t. xxxviii, col. 721 ; Enarr. in ps. VII, n. 4, t. xxxvi, col. 99-100 ; in ps. XXV, n. 12, col. 194 ; in ps. CXUX, n. 11, t. xxxvii, col. 1955 ; Epist., clxxxviii, surtout c. ii, t. xxxiii, col. 848 sq. ; De correptione et gratia, c. xii, n. 37, 38, t. xliv, col. 938-939 ; Contra duas epistolas pelagianorum, 1. IV, c. xix, ibid., col. 626-628 ; De dono perseverantiæ, c. xxiv, t. xlv, col. 1033-1034 ; In Joannis evangelium, tr. LVIII, n. 3, t. xxxv, col. 1795 ; S. Grégoire le Grand, Moral., 1. VI, c. vi, n. 3 ; 1. X, c. xxii-xxvii ; 1. XIV, c. lui, n. 64, P. L., t. lxxv, col. 753, 945, 1073 ; 1. XVII, c. vii, viii, t. lxxvi, col. 945 ; S. Bernard, De diligendo Deo, c. ii, P. L., t. clxxxii. col. 975 sq. ; De conversione ad clericos, c. viii, col. 811 ; In dedicatione Ecclesin ?, serm. IV, t. clxxxiii, col. 526 sq. ; Scrmones de diversis, serm. vii, col. 558 sq.

A. Michel.

GNOSE, gnosis, est en elle-même la connaissance explicite des vérités révélées, la science de la foi. Le mot, avec l’idée qui s’y rattache, se trouve dans l’Évangile, Luc, xi, 52, et dans les Épîtres des apôtres, I Cor., viii, 7 ; xiii, 8, etc., pour désigner, à côté de la foi qui adhère à la révélation sur l’autorité du témoignage divin, l’étude approfondie des dogmes à l’aide des lumières de l’Écriture et de la tradition. La gnose est donc le naturel et légitime exercice de la raison chrétienne : c’est un besoin pressant, pour quiconque pense, de chercher à éclaircir les vérités révélées, à pénétrer les motifs et l’objet de la foi. Nombre des recrues les plus anciennes du christianisme, les Aristide, les Justin, les Tatien, les Pantène, les Clément d’Alexandrie, etc., ne pouvaient qu’exciter et développer cet impérieux besoin. Convertis à la foi, ils ne laissaient pas de rester des philosophes jusqu’à en porter d’ordinaire le manteau ; ils continuaient d’allier avec la foi l’aspiration à la science,