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GILLES DE VITERRE

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Castro, Lanciano, Zara, Sutri et Népi. A Viterbe, le cardinal donna l’hospitalité aux chevaliers de Rhodes, que les Turcs, en 1522, avaient forcés à quitter leur boulevard et il présida, comme légat du pape, leur chapitre général (1527). La même année, au pillage de Rome par les troupes impériales, il perdit sa riche bibliothèque. La douleur, que cette perte lui causa fut si vive et si forte qu’il tomba malade et resta une année entière à Padoue. Clément VII le rappela à Rome et, par une lettre très élogieuse, il l’engagea à publier ses œuvres pour le bien de l’Eglise et les progrès des sciences sacrées. Gilles se refusait par humilité à mettre au jour ses écrits. Suivant les désirs du pape, il travaillait avec le P. Nicolas Scutelli, augustin, à traduire en latin plusieurs manuscrits grecs. La mort vint le frapper au milieu de son travail le 12 ou le 21 novembre 1532. D’après l’opinion commune, il aurait été le successeur de Clément VII sur le siège pontifical. Il avait été, dès le début, un adversaire déclaré de Luther.

Tous les contemporains de notre cardinal sont unanimes à exalter ses mérites, ses talents et ses vertus. Dans sa lettre à l’empereur Maximilien, Léon X esquissait ainsi la physionomie morale de l’illustre cardinal : Is quoniam est eximia integritate, riïigione, doctrina, onmiumque propelinguariim qux nunc quidem excohmtur, usum atquc scientiam, omnium bonarum arlium disciplinas cognitas, et explicatas habel, le hortor ut eum libcraliter excipias. cum mea. tum ipsius eliam causa. Dans une lettre au cardinal Bembo, le cardinal Sadolet ne peut se retenir de lui exprimer son admiration pour l’éloquence du savant augustin : Scimus enim experli pluries illam hujus viri mulcentem omnium aures alque animos eximiam eloquentiam vernacula quidem lingua elruscorum, quse Mi palria est, abundantem, sed ex uberrimis et græcæ et latinæ erudilionis /ontibus deduclam. Magno enim hic studio theologiæ ac philosophie altissimis artibus comités literas poliliores adjunxit. Labbe, Sacrosancta concilia, t. xix, col. 668. Malheureusement, la plupart de ses écrits sont encore inédits. Voici d’abord la liste de ceux qui ont été imprimés : 1° Oratio ad lateranense concilium, habita in sede lateranensi quinto nonas maias 1512, Rome, 1512, dans Hardouin, Acta conciliorum, Paris, 1714, t. ix, col. 1576-1581 ; Labbe, Sacrosancta concilia, Venise, 1732, t. xix, col. 225-235. Elle a été résumée par Hefele, Conciliengeschichle, t. viii, p. 501-506. L’édition donnée par Torelli, Secoli agostiniani, t. viii, p. G27-629, reproduite par Curtius, est incomplète et très fautive. Cf. Gandolfo, De ducentis eeleberrimis augustinianis scriploribus, p. 20. 2° Oratio habita post terliam sacri laleranensis concilii sessionem in ccclrsia dive Maria Virginis de populo, de fédère inilo inler Julium II ponlificem maximum et M. Maximilianum imperatorem, Rome, 1512 ; 3° Epistolæ selectse, recueillies par Mabillon dans un manuscrit de l’ancienne bibliothèque de San Giovanni à Carbonara (Naples), et éditées par Martène, Veterum scriptorum et monumenlorum amplissima collcclio, Paris, 1724, t. iii, col. 1232-1268. Une lettre de Gilles au P. Staupitz, datée du 26 juin 1510, concernant Luther, a été publiée parHohn, Chronologia provinciæ rheno-suevicæ ordinis jratrum eremilarum S. Auguslini, Wurzbourg, 1744, p. 154, reproduite par Ossinger. Quelques extraits de sa correspondance inédite ont paru dans l’Archivio storico per le provincie napolilanc, t. ix (1884). p. 430-452. Une lettre de Gilles au P. Gaspar Ammon de Hasselt, O. S. A., a paru dans Henke et Brun, Annales litlerarii, Helmstadt, 1782, t. i. p. 193. Trois autres lettres, dont deux à Jean Reuchlin, l’autre à Jean, Denis et Elisabeth Reuchlin, ont été insérées dans Illustrium virorum epistolæ hebraicæ, grœcæ et latinæ, ad Johannem Reuchlin Phorcensem,

virum nostra selale doctissimum diversis temporibus missiv, Hagenoe, 1519, fol. 96-98, reproduites ou mentionnées par Geiger, Johan Reuchlins Bricfweehscl gesammclt und herausgegeben, dans Bibliothek des litlcrarischen Vereins in Stuttgart, Tubingue, 1875, t. cxxvi, p. 260-261, 276. Les trois lettres sont datées des années 1516 et 1517.

Gilles a laissé un nom dans l’histoire de la littérature italienne comme poète latin et italien, aussi bien que comme philosophe. Deux de ses pièces italiennes ont été publiées un grand nombre de fois. Nous citons l’édition du P. Gandolfo. Fiori poelici dell’eremo agostiniano raccolti ed illuslrati con un saggio délia vita di ciascun produltore dei medesimi, Gènes, 1682, p. 81-107. La première pièce traite de l’excellence de la chasteté (La Ludizia), et comprend 52 strophes. Elle a été reproduite parCrescimbeni dans les Commentarii intorno alla istoria délia volgar pocsia, Rome, 1711, t. iii, p. 225-235 ; cf. ibid., Rome, 1710, t. n b, p. 204-205. La seconde pièce est intitulée : Caccia bellissima di amore, et dans une poétique allégorie met en garde la jeunesse contre les égarements de l’amour. Elle comprend aussi 52 strophes, et a été publiée un grand nombre de fois, Venise, 1537, 1538, dans les recueils de Dolce, d’Arrivabene, etc., par le P. Gandolfo, op. cit. Mais quelques historiens de la littérature italienne sont d’avis que l’auteur de cette pièce est Jean-Baptiste Lapini de Sienne. Fontanini, Bibliotcca dell’cloquenza ilaliana, Venise, 1753, t. i, p. 291, dans les notes d’Apostolo Zeno. Elle a paru sous le nom de Lapini dans la Scella di slanze, par Augustin Ferentillo, Venise, 1572. Le P. Gandolfo a publié deux poésies latines du même auteur, une ode, in JEgidii Romani cardinalis laudes, et une épigramme Domino Pctro mémorise magislro, p. 79-80. Le Cod Ang. 1001, Narducci, p. 417, contient trois églogues latines de Gilles : Paramellus et JEgon ; De ortu Domini ; In resurrectionem Domini. La troisième est en distiques ; les deux premières en hexamètres. Gilles serait aussi l’auteur d’une version latine très élégante et fidèle de la célèbre pièce de Pétrarque sur la sainte Vierge, Fontanini, op. cit., t. ii, p. 46 ; plusieurs madrigaux de Gilles en italien, à l’adresse de Vittoria Colonna, tirés du manuscrit Magliabecchiano 720, ont paru dans le recueil de Trucchi, Poésie italiane inédite di dugento autori dall origine délia lingua infino al secolo decimosettimo, raccolte ed illustrate, Prato, t. iii, 1847, p. 126-129 ;

D’autres ouvrages de Gilles ont été encore publiés : 1° Promemoria ad Hadrianum papam VI de depravato statu romanæ Ecclesiæ, et quomodo rejormari possilac debeat, publiée par Ho fier, Analecten zur Geschichle Deutschlands und Italiens, dans Abhandlungen der historischen Classe der K. Bayer. Akad. der Wissenschafl, Munich, 1846, t. iv, n. 3, p. 62-89. Gilles conseille au pape de s’adjoindre des hommes expérimentés et prudents dans le gouvernement de l’Église, de frapper l’avarice et l’ambition du clergé, de défendre l’abus des indulgences, le cumul des bénéfices, de renouveler l’organisation administrative et ecclésiastique de la curie romaine, de limiter les droits des princes temporels dans la collation des bénéfices. 2° Cajetani Thiennensis exposilio in libros de cœlo et mundo, cum jEgidii Romani eremit. aug. quæstione de materia cseli, castigante JEgidio Vilerbiensi, erem. augustiniano, Venise, 1502. Cette édition est mentionnée par Gandolfo dans la liste des ouvrages de Gilles de Rome, p. 29. Le P. Ange Gabriel de Sainte-Marie ne la cite pas dans le catalogue des écrits de saint Cajétan de Tiene, Bibliotcca e storia degli scriltori di Vicenza, Vicence, 1772, t. ii, p. xxx-xxxiii. Tomassini se borne à citer les Commentaria in libros de cœlo sans spécifier où ils ont été imprimés. Bibliolhecæ patavinæ, Udine, 1639, p. 55.