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HILAIRE (SAINT


secimdum apostolum lanquam per ignem erunt sah>i, cum defsecatis et peruslis vitiis, ut argentum ignilum, probabiles judicentur. Inps.Lix, 11, col.389. Il y revient à propos du baptême quand, déniant à ce sacrement la vertu de nous conférer une pureté absolument parfaite, il énumère plusieurs sortes de purifications ultérieures, en particulier celle que le feu du jugement opère, quse judicii igné nos decoquet. In ps. cxvin, litt. iii, 5, col. 519. Plus loin, n. 12, col. 522 sq., il parle encore du jour et du feu du jugement, pour en exciter la crainte : An cum ex omni otioso verbo rationem simus præstiluri, dicm judicii concupiscemus, in quo nobis est ille indefessus ignis subeundus (al. obeundus), in quo subeunda sunt gravia illa cxpiandse a pcccatis animse supplicia ? Le saint évêque ajoute, à titre d’argument confirmatif : Beatæ Mariée animam gladius perlransibil, ut rcvelentur multorum cordium cogilationes. Luc, ii, 35. Si in judicii scveritatem capax Ma Dei Virgo ventura est, desiderare quis audebit a Deo judicari ?

D’après ce dernier texte, il semble que la Mère de Dieu elle-même n’aurait pas échappé au feu du jugement. Mais de quel jugement et de quel feu s’agit-il ? Le défenseur de saint Hilaire au procès du doctorat résume comme il suit l’explication donnée par dom Constant, Prsef. gen., § 8, col. 2Il sq. : « Comme on dit dans la Genèse que Dieu plaça à la porte du paradis un chérubin armé d’un glaive de feu ; en outre, saint Paul ayant dit que les œuvres de tout homme seront éprouvées par le feu : les anciens Pères de l’Église crurent que personne n’entrerait au paradis qu’en passant par ce glaive. Ils enseignèrent en même temps que les saints ne seraient pas atteints par ce feu, dont la violence serait plus ou moins sensible à raison des souillures que chacun devrait expier. Puisque les Pères se croyaient obligés par l’autorité de l’Écriture à reconnaître là une loi générale pour tous les hommes, quel tort a saint Hilaire de n’avoir pas établi une exception en faveur de la Mère de Dieu, et d’avoir cru qu’elle passerait par un feu qui devait toarner à la gloire des saints ? En se servant de cet exemple pour montrer l’immutabilité de la loi, il indique clairement qu’il considère la Mère de Dieu comme la plus sainte et la plus noble des créatures. » Correspondance de Rome, loc. cit., p. 236.

Ces considérations suffisent pour montrer que la doctrine exprimée par l’évêque de Poitiers ne présente rien d’incompatible avec l’honneur de Marie. Mais est-il certain qu’en parlant du glaive qui devait transpercer l’âme de la Vierge, il ait eu réellement en vue le glaive du feu porté par le chérubin gardien de l’entrée du paradis ? En rapportant les paroles du vieillard Simôon, il a pu songer à l’interprétation d’Origène, In Lucam, homil. xvii, P. G., t. xiii, col. 1845, interprétation d’ailleurs inadmissible, d’après laquelle des légers mouvements de doute auraient traversé l’âme de Marie au temps de la Passion ; on comprendrait mieux alors pourquoi et comment le saint docteur a pu considérer la Vierge comme soumise à la rigueur du jugement divin. Quant au feu du jugement, destiné à purifier les âmes, expiandæ a peccatis animse supplicia, il semble s’identifier avec le feu du purgatoire, mais jouant un double rôle, suivant une conception d’Origène, In Exod., homil. vi, 4 ; In ps. xxxvi, 1, P. G., t. xii, col. 354, 1337, qu’Hilaire aurait adoptée en la rattachant à l’enseignement de saint Paul, I Cor., iii, 13, 15 : d’abord, éprouver les âmes, et uniuscu jusque opus quale sit ignis probabil ; puis, les purifier quand il y a lieu : si cujus opus arseril, detrimentum patidur ; ipse autan salvus erit, sic tamen quasi per ignem. Voir t. v, col. 2242-2243.

Éternité.

Après le jugement dernier, c’est la

double élernité, qui commence pour les hommes res suscites. Éternité de malheur pour les damnés ; car ils ne seront pas annihilés, non in nihildm dissoluti, In ps. i, 14, col. 258, mais ils retourneront en enfer pour y souffrir comme auparavant, non plus seulement dans leurs âmes, mais aussi dans leurs corps. In ps. lxix, 3, col. 491. Hilaire insiste sur la peine du feu qui n’aura jamais de fin : corporalis et ipsis selernilas destinabitur, ut ignis œterni in ipsis sit a-lerna materies. In JIatth., i, 12, col. 949. Cf. Jn p, . li, 19 ; ly, 4, col. 320, 439 : inextinguibilis ignis cremalurus ; selemum igncm œlemis pcenis præparalum. Éternité de bonheur pour les élus, glorifiés dans leurs corps comme dins leurs âmes. Piises en dehors de tout contexte et de la terminologie hilarienne, quelques expressions pourraient suggérer l’idée d’une sorte de transformation substantielle du corps humain, par exemple : nisi glorificato in naturam spiritus corpore, vilæ verse in nobis non potest esse natura ; mais, dans ce texte comme dans une foule d’autres, le mot de nature n’a nullement son sens premier d’essence ou élément spécifique ; il s’applique aux qualités et à l’état d’un être. Hiliire veut simplement parier d’un changement de condition dans les corps ressuscites des élus, corps qui, de mortels, de corruptibles, d’infirmes, de pesants, deviennent immortels, incorruptibles, lumineux, agiles, à la manière des esprits : posl demulationem resurreclionis, tcrreni corporis nostri efjecta gloriosiore natura. Ibid., 4, col. 519. Quelque chose disparaît assurément, puisque la résurrection nous est présentée comme « la fin de la vie humaine et de la mort » , De Trinitate, XI, 43, col. 428 ; mais ce qui disparaît, ce ne sont pas les corps pris en eux-mêmes ou dans leur substance, ce sont les corps tels qu’ils sont ici-bas, avec leurs vices et leurs imperfections : hoc nobis erit regnum Dei, cum omnibus vitiorum nostrorum acuLis conlusis, labes erit corporeæ infirmilatis absorpta ; peccati lege resoluta, cum demulalionis gloriosæ profectu, selernilas animse corporisque jam sine peccati corpore rependctur. In ps. ii, 42 ; lxii, 6, col. 287, 404. C’est, en substance, la doctrine même de saint Paul, I Cor., xv, 42-44. Co. stant, n. 189, 193 sq., col. 91, 94 sq. Pour la connexion qui existe entre cet état définitif des bienheureux, "’où le péché est vaincu, où la mort est anéantie, où l’ennemi ne règne plus » , In ps. ii, 42, col. 287, et ce que le saint docteur appelle le royaume de Dieu, en tant que distinct du royaume du Christ, voir ci-dessus, col. 2456.

VI II. CONCLUSION : ORTHODOXIE, THÉOLOGIE, 1UJLE PRO-VIDENTIEL. — Saint Jérôme savait ce qu’il disait quand il écrivait à Lseta, Epist., cvii, 12, P. L., t. xxii, col. 877 : Athanasii epislolas et Hilarii libros inofjenso decurrat pede ; Morum tractatibus, Morum dclectetur ingeniis, in quorum libris pietas fidei non vacilict. Rien ne permet d’incriminer l’orthodoxie de l’évêque de Poitiers, en entendant par là la conformité de croyance et d’enseignement aux doctrines définies ou tenues expressément par l’Église catholique. La plupart des erreurs qui lui ont été attribuées ne sont pas réelles ; celles qui le sont, très peu nombreuses, portent sur des points secondaires, qui n’avaient encore été ni sanctionnés par le magistère ecclésiastique ni élucidés par les maîtres. Il suffît, du reste, de jeter les yeux sur les éloges recueillis par doni Constant, sous le titre de Selecta vclcrum testimonia de sancto Hilario, P. h., t. ix, col. 203-208, pour voir en quelle estime le docteur gaulois était tenu par des hommes tels que saint Jérôme et saint Augustin. De quel respect témoignent ces lignes de l’évêque d’Hippone : Ecclesiæ calholiese adversus hsereticos acerrimum dejensorem venerandum quis ignoret Hilarium episcopum Gallum ? Contra Julianum, 1. I, c. iii, n. 9, P. L., t. xliv, col. 645. Et cet autre passage, où le même docteur invoque contre son adver-