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HILAIRE (SAINT ;

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Nulle intelligence vraie de la parole divine en dehors d’elle : nulle voie pour aller au ciel qui ne doive passer par ce mont de Dieu ; point de repos en dehors de cette arche. In Matth., xiii, 1, col. 993 ; In ps. cxlvi, 4 ; CZLVI, 12, col. 301, 874. D’ailleurs, si l’iïglise est une en elle-même, elle n’en est pas moins, par destination, universelle ; tous les hommes sont appelés à en faire partie, et ses progrès dans le monde sont admirables, bien que tous ne répondent pas à l’appel. In Matth., vu, 10, col. 958 ; In ps.LXVll, 20, col. 457. Elle contient, du reste, des membres d’inégale valeur, justes et pécheurs, purs et impurs. In ps. i, 4 ; lii, 13 ; In Matth., n xxiii, 8, col. 252, 331 sq., 1075.

Une et catholique, l’Église est encore essentiellement hiérarchique. Comme l’antique synagogue, elle comprend des prêtres et des ministres sacrés, puis le reste du peuple, cui non sacerdoiii, ncque ministerii, sed timoris ofjlcium est. In ps. cxxxiv, 27, col. 766 sq. llilaire nomme expressément les évêques, les prêtres et les diacres, en ajoutant les clercs, sans préciser davantage : cum râpèrent episcopos, presbyteros et diaconos, et omnes clericos in cxsilium mittercnt. Fragm., n, 11, col. 640. Les évêques sont les princes du peuple chrétien. In Matth., xxviii, 1, col. 1058. Ils sont les yeux de l’Église, comme les apôtres dont ils ont recueilli la succession. Inps. cxxxviii, 34, col. 810. Pour comprendre quelle haute idée le saint docteur avait de sa charge et des devoirs qui s’y attachent, il suffit de lire la description de l’évêque, d’après saint Paul. De Trinitate, VII, 1, col. 236. Notable est le témoignage qu’il rend à la foi et à la primauté de saint Pierre : primus credidit, et apostolatus est princeps. In Matth., vi, 6, col. 956. Mais c’est surtout la profession de foi en la divinité de Jésus-Christ, émise par l’apôtre auprès de Césarée, et la magnifique réplique du Sauveur qui provoquent l’admiration d’Hilaire : O in nuncupatione novi nominis felix Ecclesiæ fundamentum, dignaquc sedificationis illius petra, quse injernas leges et omnia mortis claustra dissolverent ! O bcatus cœli janitor, cujus arbitrio claves seterni adilus traduntur, cujus terrestre judicium prœjudicata auctorilas sil in cselo : ut quse in terris aul ligala sinl aut soluta, statuli cjusdem conditionem obtineant et in cselo ! In Matth., xvi, 7, col. 1010. Cf. De Trinitate, VI, 20, 36, 38, col. 172, 1861 ; In ps. CXXXI, 4, col. 730. Mais Pierre n’aurait-il pas, en reniant son Maître, perdu ces prérogatives ? Dans son premier ouvrage, l’évêque de Poitiers semble presque excuser la faute : et vere prope jam sine piaculo hominem negabat, quem Dei filium primus cognoverat, In Matth., xxxii, 4, col. 1071 ; mais dans le commentaire sur les Psaumes, il y va plus franchement et se contente de dire que Notre-Seigneur pardonna simplement une faiblesse immédiatement pleurée : et neganti quidem claves tamen rcgni cselorum non ademil. In ps. iii, 12, col. 330.

La croyance à la communion des saints se manifeste dans les écrits d’Hilaire : d’une façon générale, par la dénomination d’Église appliquée à la société des fidèles ici-bas et au ciel, Ecclesia vel quæ nunc est, vel quse cril sanctorum, In ps. CXXXII, 6, col. 748 ; plus particulièrement, par la vénération rendue aux reliques des saints et au sang des martyrs, dont la vertu était souvent attestée par des faits miraculeux. Contra Constant., II. col. 584. Quelques articles du symbole primitif se dégagent d’allusions aux points de foi que les adultes devaient professer avant de recevoir le baptême : prius confitentur credere se in Dei Filio et in passione ac resurrectione ejus ; et renascens non conjessus es ex Maria Filium Dei natum ? In Matth., xv, 8, col. 1006 ; De Trinitate, IX, 51, col. 322. Voirdom Ceillier, op. cit., p. 78 sq., pour quelques autres usages des temps primitifs.

ru. escb (TOLOGIE. — La doctrine de saint Hilaire sur les tins dernières est, dans son ensemble, scripturaire. Elle présente cependant sur plusieurs points ce que dom Constant appelle, Prsej. gen., §5, col. 87, des manières de parler spéciales, singulares loculiones, qui ont donné lieu à des attaques et demandent quelques explications.

Mort.

La mort, décrétée par Dieu contre

notre premier père en cas de désobéissance, vient par le fait même de la loi du péché, ex lege peccati consequitur, et revêt pour tous les descendants d’Adam un caractère pénal, nobis pcenalis demutatio est. In ps. LXI, 18 ; lxii, 6 ; cxxxi, 9, col. 318 sq.. 404, 734. Quelques-uns, comme Hénoch, Élie, Moïse, Jean l’Évangéliste, ont-ils échappé, provisoirement du moins, à l’application de la loi commune ? Pure question de fait, que le saint docteur ne touche qu’en passant et d’une façon peu ferme, en rapportant les opinions courantes. In Matth., xx, 10, col. 1032 ; De Trinitate, VI, 39, col. 189. Personnellement, il ne semble pas douter de la mort de Moïse, comme le montre dom Coustant, In Matth., loc. cit., note d ; pour saint Jean, il se contente de rapporter ce qui est dit dans l’Évangile, Joa., xxi, 22, 23, sans se prononcer nettement pour l’une ou l’autre des deux interprétations concevables : sic usque ad adventum Domini manens, et sub sacramento divinæ voluntatis relictus et depulatus, dum non neque non mori dicitur et mancre. De Trinitate, loc. cil. Quoi qu’il en soit de ce point secondaire, Hilaire enseigne catégoriquement que le temps de l’épreuve, et par conséquent du mérite et du démérite, cesse avec la mort : tune enim ex merito prseterilse voluntatis lex jam constituta aut quielis aut peense excedenlium ex corpore suscipit voluntatem. In ps. li, 23. Cf. liv, 10 ; cxlii, 8, 9, col. 323, 343, 840. Cette loi établie, dont l’alternative est le repos ou la peine, trouve son application aussitôt après la mort, comme on le voit par la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, placés immédiatement l’un dans le séjour des bienheureux et le sein d’Abraham, l’autre dans le lieu des supplices : quorum unum angeli in sedibus beatorum et in Abrahse sinu locaverunt, alium slalim peenæ regio suscepit. In ps. //, 48 ; cf. CXXii, 11, col. 290, 673. Pour les damnés, c’est la peine du feu subie dès lors : absorbet ignis etiam antequam resurgant. In ps. LVII, 5, col. 371.

2° Vision béatifique. - — La vision immédiate de Dieu est, d’après saint Hilaire, la grande récompense et la suprême perfection des élus. In Matth., iv, 7, col. 933 ; In ps. cxviil, litt. vin. 7 ; cxxi, 1, col. 554, 661. Mais les âmes des justes jouissent-elles de cette vision dès qu’elles entrent au ciel ? La réponse affirmative semble une conclusion légitime ; car le saint docteur promet au bon larron, avec l’entrée au paradis, la possession de la pleine béatitude, et consummalæ beatitudinis delicias promillens. De Trinitate, IX, 34, col. 370. Il affirme que les âmes bienheureuses, étant dans le Christ, se reposent par le fait même en Dieu, ergo hi qui in Christo erunt, erunt in Dei requic, et que « la face de Dieu, c’est-à-dire le Christ, image du Dieu invisible, leur est intimement présente, unicuique sancto adcril. » In ps. XCI, 9 ; CLXII, 9, col. 499, 840. Deux sortes de textes peuvent faire obstacle : d’abord, ceux où la vision de Dieu semble rattachée à l’avènement glorieux du Christ ou au jugement dernier : cum judicii die aderil, cum visibilis nobis in gloria paternse majeslatis assistel, tune nos faciei suse lumine illuminabit. In ps. cxviii, litt. xvii, 12, col. 619 ; tradel autem Deo Palri regnum, et tune quos regnum Deo tradiderit, Deum videbunt. De Trinitate, XI, 39, col. 424. A ces textes s’en ajoutent d’autres, où les fidèles sont présentés comme mis en réserve sous la garde du Seigneur et placés provisoi-