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HILAIRE (SAINT ;


demie, dont chacune compte trois vers trochaïques de s pt pieds et demi ; c’est le rythme que Fortunat imitera plus tard, dans le Ponge lingua gloriosi lauream cerfaminis. Exemple, la première strophe, d’après la leçon de W. Meyer :

Adæ carnis gloriosa et caduei corporis,

in cœlesti rursum Adam concinamus prælia,

per quae primum Satanas est Adam victus in novo.

On a relevé dans ces pièces des irrégularités et des licences ; ce qui a fait dire à Bardenhewer, Les Pires de l’Église, 2e édit., t. ii, p. 292, que, pour nier ia provenance hilarienne d’une hymne contestée, « on est mal venu d’arguer de l’incorrection prosodique » . Mais il semble aussi que, pour porter un jugement équitable, il faille tenir compte de la prédominance de l’accent tonique sur la quantité et des modifications survenues dans la prononciation et ayant amené, par voie de conséquence, des changements radicaux dans la prosodie. Mason, art. cit., p. 423 sq. ; dom J. Parisot, Hymnographie poitevine, p. 12. On comprend, eu reste, que ces premiers essais de poésie sacrée n’aient pas joui d’un succès durable ; malgré l’élévation de la pensée et la vigueur de l’expression, les hj mnss conservées dans le manuscrit d’Arezzo manquaient des qualités qui font les chants populaires.

Des autres hj mues attribuées à l’évêque de Poitiers, il n’en est pas une seule dont l’authenticité soit communément admise. Six n’ont aucun titre réel à figurer parmi les œuvres de saint Hilaire. Tel est le cas poulies trois h mnes du bréviaire mozarabique ; l’attribution de ces pièces au docteur gaulois vient d’une méprise de Daniel dans l’interprétation d’une référence donnée par T< mm isi. Tel est également le cas pour les trois hymnes du bréviaire romain. Voir Cl. Blume, Die mozarabischen Hymnen, p. 49 sq. ; A. S. Walpole, Hymns altributed to Milan ; of Poitiers. Re : tent les trois autres. Malgré la faveur dont a joui, pendant longtemps auprès de beaucoup, « l’hymne du matin » , qu’Hilaire aurait envoyée à sa fille Abra, Lucis largitor splendidc, l’authenticité de cette pièce a été contestée de nos jours par divers critiques, Reinkens, Watson, Walpole, etc. Blume et Dreves l’ont définitivement rejetée, Hymnologische Beiliâge, t. iii, p. 84 sq., pour des raisons intrinsèques et extrinsèques. L’hymne Ad cœli clara non sum dignus sidéra, donnée pour hilarienne par Pitra et plusieurs autres, olïre bien dans la facture quelques traits de parenté avec la piem’ure du manuscrit d’Arezzo, mais ces faibles indices sont accompagnés de dissemblances et de particularités ejui semblent témoigner d’une i pique moins ancienne et font attribuer la pièce à Paulin II d’Aquilée († 802). Dreves, Analecta, t. l, p. 151. La dernière hymne, Hymnum dicat turba fratrum, se présente dans de meilleures conditions : au ixe siècle, Hincmar de Reims en cite deux vers sous le nom de saint Hilaire, De una et non trina deilate, P. L., t. cxxv, col. 486, et elle est attribuée au même docteur dans plusieurs manuscrits remontant jusqu’au vie siècle. Aussi l’authenticité est-elle maintenue par Blume, Analecta, t. li, p. 269 sq., el quelques autres critiques, comme dom Parisot, Walpole et D.eves, malgré une vive opposition, représentée surtout par W. Meyer, Das Turincr Brucleslûck der alleslen irischen Liturgie, p. 207 ; Die drei Arezzaner Hymnen, p. 423. La pièce f : gure da îs le vol ime du Corpus édité pi r le P. Fe er, p. 217, so s la rubrique : Il., mn.is d. : biis.

En dehors des hymnes précédentes, deux autres chants sacrés ont été rattachés au nom de saint I lilaire par quelques auteurs anciens : le Gloria in excelsis Deo, par le pseudo-Alcuin, De divinis offlciis, 40, P. L., t. ci, col. 1248 ; le Te Deum laudamus, par saint Abbon de Fleury († 1004), Quæslioncs grammaticales, 19,

P. L., t. cxxxix, col. 532 ; cf. Coustant, Præ[. gen., 21, 22, P. L., t. ix, 21 ; Mgr Cousseau, Mémoire sur le Te Deum (1836), dans Œuvres historiques et archéologiques, Paris, 1891, t. i, p. 269-286. Mais ni l’une ni l’autre de ces attributions n’est recevable. L’hymne angélique est antérieure à saint Hilaire ; il est seulement probable qu’il l’ait traduite du grec en latin et introduite d’Orient en Occident. Cl. Bluma, Der Engelhymnus Gloria in excelsis Deo, dans Stimmm aus Maria-Laach, 1907, t. lxxiii, p. 45, 62. Pour ce qui est du Te Deum, l’affinité d’expressions ou de pensées qu’on relève entre tel ou tel verset, et tel ou tel passage du De Trinitate, par exemple, III, 7, col. 79, est manifestement insuffisante pour établir une relation de dépendance en faveur du docteur gaulois. Dom G. Morin, L’auteur du Te Deum, et Nouvelles recherches sur l’auteur du Te Deum, dans la Revue bénédictine, 1891, t. vii, p. 154 sq. ; 1894, t. xi, p. 54 ; dom P. Cagin, Te Deum ou Illalio ? p. 113, 172, 179, 197, dans Scriplorium Solesmense, Appeldurcomb, 1906, t. i a.

Mentionnons enfin deux écrits poétiques mis parfois, mais à tort, sous le nom de saint Hilaire. Le premier intitulé : In Genesim, ad Leonem papam, est un poème de 198 hexamètres sur l’origine du monde, la chute de l’homme et le déluge, imprimé avec les œuvres de saint Hilaire d’Arles, P. L., t. ï-, col. 1287-1292. L’autre écrit, fragmentaire, De evangelio, est un poème où la naissance du Sauveur et l’adoration des Mages sont célébrées en 114 hexamètres ; il fut publié d’abord, en 1 ! ï3j, par H. C. M. Rittig, puis, en 1852, par Pitra, Spicilegium Solesmense, t. ï, p. 166-170. R. Pieper, qui a réédité les deux poèmes dans le Corpusscriplorum ecclesiasticonun latinorum, Vienne, 1891, t. xxiii, p. 231-239, 270-274, les attribue l’un et l’autre à un Hilaire qui aurait été le contemporain et le compatriote de son homonyme, le saint évêque d’Arles. Bardenhewer, Geschichte, t. iii, p. 389 sq.

B. Hoelscher, De SS. Damasi papæ el Hilaiii episc. Pictaviensis qui feruntur hgmnis sacris. (Programme), Munster, 1858 ; Reinkens, op. cit., p. 309-318 ; J. Kayser, Beilràge zur Geschichte und Erklarung der Kirclienhymnen, Paderborn, 1866 ; 2e édit., 1881, p. 52-88 ; S. W. Duflield, Hilary of Poitiers and the earliest latin hymns, dans The prrsbyterian review, New York. 1883, t. iv, p. 710-722 ; J. F. Gamurrini, S. Hilarii Iraclatus De mysteriis et Hymni, Rome, 1837 ; dom F. Cabrol, Les écrits inédits de saint Hilaire de Poitiers, 1888, toc. cit. ; G. M. Dreves, Das Hymnenbuch des hl. Hilarius, dans Zeitschrift liir kalholische Théologie, Inspruck, 1888, t. xii, p. 358-369 ; dom J. Parisot, Hymnographie poitevine. I. Saint Hilaire, Ligugé, 18’JS, W. Meyer, Das Turiner Bruchsliick der àllesten irischen Liturgie, dans Naclirichlen von der Kônigl. Gesellsiha, ’t der Wissenschaften zu Gôtlingen. Philologisch-historische Klasse a is dem Jahre 1903, Gœltingue, 1904, p. 165-214 ; A. J. Mas » j, The /irsl Lalin Christian poet, dans Journal o/ theological studies, Oxïord, 1904, t. v, p. 413-422 ; A. S. Walpole, Hymns altributed to Hilary o/ Poitiers, ibid., 1905, t. vi, p. 599-603 ; Cl. Blume et G. M. Dreves, Analecta hymnica medii sévi, t. xxvii, Die mozarabischen Hymnen des allspanischen Ritus, p. 49 sq., 71, 102 ; Lateinisclie Hymnendichler des Millelalters, ibid., t. L, p. 3-9, 151 ; Die Hymnen des Thésaurus Hymnologicus H. A. Daniels und anderer Hymnenvusgaben. I. Die Hymnen des 5-11 Jahr. und die Irish-Keltische Hymnodie, ibid., t. Li, p. 9 sq., 51, 58, 97, sq., 261 sq., 269 ; ld., Hymnologische Beitràge, Leipzig, 1908, l. iii, p. 84-86 ; W. Meyer, Die drei Arezzaner Hymnen des Hilariui von Poitiers und Etwas uber Rhythmus, dans Nachrichlen von der K. Gesellschaft der Wissenschafien zu Gôttingen. Philol.-hist. Kl., 1909, p. 397423.

Saint Hilaire comme écrivain.

L’évêque de

Poitiers a sa place dans l’histoire de la littérature et de l’élocruence chrétienne au ive siècle. Tous lui reconnaissent d’éminentes qualités : l’élévation et