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HILAIRE (SAINT 1


cium, hisloriam Ariminensis ci Scleuciensis synodi conlinens. D’où ce titre général, col. 627, emprunté au manuscrit utilisé : Fragmenta ex libro sancti Hilarii Piclavicnsis provincix Aquilanise, in quo sunt omnia quæ ostendunt [qua ratione] vel quomodo, quibusnam causis, quibus inslanlibus sub imperaiore Constantio laclum est Ariminense concilium contra iormcllam Nicœni Tractatus, quo univcrsæ hsercses comprehensæ iranl. Sans affirmer l’authenticité absolue de toutes les pièces, par exemple, celle de la lettre libérienne Studens paci (frag. iv, col. 678 sq., note), il en maintint l’authenticité relative ou hilarienne, et, avec saint Jérôme, Apologia adv. libros Rufini, III, 19, P. L., t. xxiii, col. 443, il écarta, Prsef., 1, 4-8, col. 619 sq., l’hypothèse d’interpolations suggérée par un récit de Rufm, De adultcratione librorum Origenis, P. G., t. xvii. col. 628.

Ces conclusions ne furent pas universellement acceptées. Dans les Acla sanctorum, t. vi septembris, Anvers, 1757, p. 754-780, le bollandiste Stiltink déclara tous les fragments apocryphes, sauf le premier. Tendant longtemps, beaucoup s’en tinrent à ce verdict ; Dardenhewer écrivait encore, Les Pères de l’Église, trad. Godet, 2e édit., Paris, 1905, t. ii, p. 289 : « Il est probable que, sauf le premier morceau, tout cela est apocryphe. » D’autres, moins absolus, admettaient l’authenticité d’un certain i ombre de fragments ; Reinkens, par exemple, celle des dix premiers. Certains, comme Massari, allaient jusqu’à faire un triage entre les différentes pièces d’un seul et même frrgment, ; dmettant les unes et rejetant les autres. La controverse portait surtout sur les frfgments relatifs aux événements survenus après les conciles de Rimini et de Séleucie, et plus spécialement encore sur les fragments iv et vi, contenant les quatre lettres libérieni es Studens paci, Pro deifico, Quia scio vos, Non doceo. Des études récentes ont profondement modifié l’état de la question. En 1905, Max Schiklanz attira l’attention sur un manuscrit du ix< siècle, conservé à la bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, cod. lat. 483, dont dépendent les deux manuscrits moins anciens que Pithou et dem Coustant avaient utilisés. Les Fragmenta historica n’y sont pas groupés en séries ; mais en tête de ce qui, dans l’édition Pithou-Le Fèvre, ferme la première série, on lit : Incipit liber secundus hilari pictaviensis, etc., et à la fin : Explicit zûci hilari ex opère hislorico ; cf. Coustant, Præf., 2, P. L., t. x, col. 619, donnant, d’après une autre lecture : Incipit liber S. Hilarii… Explicit liber S. Hilarii. Schiklanz admit l’authenticité des onze premiers fragments, où sont compris ceux qui renferment les lettres libériennes ; il les partagea en deux groupes : d’un côté, frac ments i, ii, iv, vi, x, foimant un écrit que saint Hilaire aurait publié en 360 ; de l’autre, fragments ii, ni, vm, ix, v, vii, rattachés à un autre écrit sur le concile de Rimini qui daterait de 361-362. Les quatre derniers fragments étaient rejetés, comme postérieurs à l’époque où saint Hilaire aurait composé son ouvrage. Un an plus tard, B. Marx signalait une dépendance littéraire manifeste, d’une part, entre plusieurs paspages du Liber contra arianos de Phébade d’Agen (357 ou 358), P. L., t. xx, col. 13, et du De fuie orlhodoxa contra arianos (auteur incertain entre 360 et 370), P. L., t. xx, col. 31, de l’autre, entre des passages correspondants des deux premiers fragments hilariens et du Ad Constanlium liber primus. Soumettant ensuite le contenu de ces dernières pièces à un examen approfondi, il jugea qu’elles étaient antérieures au Liber contra arianos et au traité De fide orlhodoxa, et qu’elles se rattachaient à des événements survenus avant l’exil de l’évêque de Poitiers.

S’inspirant de toutes ces données, dont Wilmart poussa les recherches plus avant dans deux études pu bliées en 1907 et 1908, et proposa plusieurs conclusions notables. L’écrit intitulé couramment Ad Conslantium liber primus n’a rien à voir avec un synode parisien qui se serait tenu en 355 ; en réalité, il nous restitue un document qu’on croyait perdu, la requête adressée en 343 aux empereurs par les évêques occidentaux du concile de Sardique. Le fragment i, préface d’Hilaire, le fragment ii, encyclique de Sardique et synodale de ce concile au pape Jules, plus la requête de ce concile aux empereurs, c’est-à-dire le prétendu Ad Constanlium liber primus, peut-être aussi le fragment v, lettre Obsecro, de Libère à Constance, et les deux premières lettres du fragment vi, qui sont de Libère aux évêques récemment proscrits à Milan et à Cécilien de Spolète, forment la substance d’un libelle historique, publié par l’évêque de Poitiers en 356, à la veille de son exil, pour se justifier lui-même et compenser l’inutilité de ses efforts en faveur de l’orthodoxie au synode de Béziers. A ce libelle s’ajoutèrent, en 361 et en 367, deux autres écrits qui comprenaient le reste des Fragmenta historica. L’ensemble semble avoir été désigné par saint Jérôme, De viris illustr., 100, sous le titre de Liber adversus Valenlem et Vrsacium. Bu fin en parle, loc. cit., quand il affirme que, pour ramener ceux des évêques qui avaient signé la perfide fo ; mu’e de Rimini, îfilaire composa un livre donnant sur toute l’affaire des renseignements complets, librum instructionis plenissirræ.

Les mêmes vues se retrouvent, un peu modifiées, surtout développées et plus largement synthétisées, dans un travail du P. Alfred Feder, S. J. Chargéd’éeliter les Fragmenta historica et quelques autres menus écrits de saint Hilaire dans le Corpus scriptorum ecclesiaslicorum lalinorum de Vienne, t. lxv, publié en 1916, il a préalablement étudié, en prenant pour base le codex de la bibliothèque de l’Arsenal, la tradition manuscrite, le contenu objectif et l’origine des Fn gments, puis publié le résultat de ses fécondes recherches dans les Silzungsberichle de l’Académie des sciences viennoise. Particulièrement intéressant, du point de vue qui nous occupe, est l’essai de reconstruction partielle fait par l’auteur, Append. V, p. 185, et qui résrme en quelque sorte ses principales conclusions. L’ouvrage primitif aurait porté le titre el Opus hisloricum adversus Valenlem et Ursacium, et ccmpïs trois livres, eompisés successh ement et publiés, le premier, en 356, après le synode de Béziers ; l’autre, dans l’hiver de 359-360, après les conciles de Rimini et de Séleucie ; le troisième, en 367, après le retour à l’orthodoxie deGerminius, évêqueeleSiimium, par conséquent dans les derniers mois de la vie el’Hilaire ou immédiatement après sa mort. Ces dates de publication et les dates assignées à diverses pièces entraînent quelques changements dans la distribution des fragments. Livre I er : fragments i et n ; pseudo-Ad Constanlium liber primus ; très probablement aussi fragment iii, encyclique des Orientaux de Sardique. Livre II : fragment x, lettre des Orientaux de Séleucie apx députés de Rimini ; très probablement, fragments iv à ix, diverses lettres du pape Libère et pièces relatives aux conciles de Rimini et de Niké. Livre III : documents relatifs à la réaction nicéenne en Occident, après le concile de Rimini : synodale de l’assemblée de Paris aux Orientaux ; lettres d’Eusèbe de Vereeil à Grégoire d’Elvire, du pape Libère aux évêques d’Italie et de ceux-ci aux Illyriens ; confession homéousienne de Germinius de Sirmium ; synodale de Singidunum ; lettre de Germinius à ses collègues de Pannonie pour leur annoncer son adhésion à la foi nicéenne. L’Opus hisloricum s’identifie, partiellement du moins, avec les écrits mentionnés par saii t Jé/ôme et par Rufin. Lès Fragments ne sont pas les matériaux d’une œuvre que son auteur n’aurait y as achevée :