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HÏLAIRE (SAINT)

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sinon on lui enlèverait encore ses quatre suffragants. Quant à l’évêque de Die, ordonné par Mamert, il devrait, pour exercer régulièrement sa charge, être confirmé par le métropolitain d’Arles. Jafïé, n. 557 ; Thiel, Epist., x. Quelques années plus tard, le pape était encore obligé d’intervenir dans une querelle du même genre, entre Ingenuus, évêque d’Embrun, et Auxanius, évêque d’Aix. Jafïé, n. 562 ; Thiel, Episl., xii. L’Église d’Espagne n’échappait pas davantage à la sollicitude du pontife. Entre 463 et 464, les évêques de la Tarraconaise s’adressaient à Rome pour se plaindre des agissements de l’évêque de Calahorra, Silvanus. Ce prélat, dans la haute vallée de l’Èbre, se signalait par un zèle un peu intempestif. Il y avait peu d’évêchés jusque-là dans cette région écartée ; il se mit à en fonder sans trop s’inquiéter de son métropolitain, l’évêque de Tarragone. Au besoin même il imposait les mains, sans plus de façons, à des prêtres qui ne relevaient aucunement de lui. Contre tous ces abus les évêques de la Tarraconaise invoquaient l’intervention souveraine d’Hilaire. Thiel, Episl., xiii. Quelques mois plus tard ils s’adressaient encore au pape, mais cette fois pour obtenir une faveur. L’évêque de Barcelone, Nundinarius, avait à son lit de mort exprimé le désir que l’on choisît pour son successeur Irénée, qu’il avait autrefois établi chorévêque dans une ville de son diocèse. Le concile de la province avait ratifié ce désir ; conscient toutefois de l’irrégularité commise, il voulait obtenir la dispense du. pape. Thiel, Epist., xiv.

Ces diverses questions furent soumises par Hilaire à un synode romain qui se réunit, le 19 novembre 465, dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure. Le procèsverbal très complet de la réunion s’est conservé. Dans son allocution préliminaire, le pape signala les points tle discipline qu’il fallait confirmer. Des abus s’étaient introduits dans les ordinations ; le pape rappelait la défense d’admettre aux ordres (sacralos gradus) ceux qui ont épousé une veuve, qui se sont remariés, ceux qui sont tout à fait ignorants, les pénitents, les mutilés. Quiconque aura ordonné un sujet présentant ces tares devra lui-même déclarer nul ce qu’il a fait. Par acclamation le concile se rangea à l’avis exprimé par le pnpe. Celui-ci parle ensuite de ! a requête des évêques ef pagnols relative à la translation d’Irénée. mais d’une manière défavorable. Il n’y avait que trop de tentations pour les évêques de considérer leur charge comme un bien héréditaire, dont ils pouvaient disposer au détriment des droits d’élection appartenant au peuple chrétien. Le pape demandait donc au concile d’interdire cette pratique. Les acclamations des évêques présents, leurs marques de désapprobation lors de la lecture de la requête espagnole confirmèrent le pape dans son idée. Puis on alla aux voix, et le pape termina la réunion en donnant ordre aux notaires pontificaux de signifier à toutes les Églises les décisions prises au synode. Thiel, Episl., xv ; Mansi, Coneil., t. vii, col. 959-968.

Lui-même prit soin de transmettre aux évêques d’Espagne les solutions arrêtées. Sans doute il avait reçu les pétitions à lui adressées par les notables des villes où Silvanus de Calahorra avait exercé son zèle intempestif. Mais fidèle à maintenir les droits des métropolitains, le pape rappelait que, sans le consentement de ces derniers, nul ne pouvait être licitement ordonné évêque. On agirait cependant avec indulgence à l’endroit de ces ordinations illicites ; le pape, de son autorité, les confirmait, à condition que les sujets ne présentassent aucune des irrégularités canoniques. Quant à la question de transfert d’un siège à un autre, le pape se montrait entièrement opposé à cette manière d’agir. Irénée, dans l’espèce, serait donc éloigné de Barcelone, et renvoyé à son église ; l’on élirait à sa place un évêque que consacrerait le métropolitain ;

l’exemple d’Irénée pourrait faire croire que l’épiscopat est héréditaire. Que si Irénée ne voulait pas accepter la sentence pontificale, il serait excommunié, removendum se ab cpiscopali consorlio esse cognosecd. Jafïé, n. 560 ; Thiel, Epist., xvi. En même temps le pape engageait l’archevêque de Tarragone à défendre son autorité et à ne rien laisser commettre contre les canons de l’Église.

Hilaire mourut, selon les calculs les plus exacts, lé 29 février de l’année bissextile 468. Il avait régné 6 ans et 3 mois. Son court pontificat est surtout mémorable par l’affirmation de l’autorité du siège de Rome en Espagne et en Gaule.

Le Liber ponlifiealis dit que le pape Hilaire avait fait construire deux bibliothèques à Saint-Laurent, hors des murs de Rome. Cette donnée était peu vraisemblable ; Samuel Berger a interprété ce passage d’une Bible ( bibliotkeca) en deux volumes, comprenant les deux Testaments. Dans le cahier préliminaire du codex Amialinus. qu’on a tout lieu de croire copié sur un manuscrit de Cassiodore, il est parlé d’une division de l’Ancien et du Nouveau Testament, faite par le pape Hilaire. Le nom de ce pape est donc ainsi associé à la Bible latine, et la disposition des Livres saints indiquée par Y Amialinus est presque exactement celle du décret de saint Gélase. Quoi qu’il en soit, la Bible du pape Hilaire ne reproduisait pas sans doute la Vulgate, mais plutôt une ancienne version latine de la sainte Ecriture. S. Berger, La Bible du pape Hilarius, dans le Bulletin critique, Paris, 1892, t. xiii, p. 147-152.

Jaffé, Regesta pontifîcum romanorum, 2e édit., Leipzig,

1885, t. i, p. 75-77 ; Thiel, Epistolæ romanorum pontifleum genuimv, Brunswick, 1868, 1. 1, p. 126-174 (donne le meilleur texte des lettres d’Hilaire) ; P. G., t. lviii, col. 1-32 (texte souvent défectueux) ; Duchesne, Le Liber ponti fwalis, Paris,

1886, t. i, p. 92-93, 242-248 ; Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, Paris, 1894, t. i, p. 126-131, 286-288 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1908, t. ii, p. 900-905 ; Baronuis, Annales ecclesiastici, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1867, t. vin p. 227-268.

E. Amann.

    1. HILAIRE (Saint)##


2. HILAIRE (Saint), évêque de Poitiers vers le milieu du ive siècle, Père et docteur de l’Église. — I. Vie. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Vie.

l : > Avant l’épiscopat. —  Hilaire naquit

dans la seconde dizaine du ive siècle en Aquitaine, à Poitiers même, d’après saint Jérôme. Comment, in Episl. ad Gal., 1. II, præf., P. L., t. xxvi, col. 355. Cf. VenanceFortunat, M(’scW/., I. II, c. xix ; 1. VIII, ci, P.L., t.Lxxxviii, col. 109, 261. Issu d’une famille distinguée, il reçut une éducation libérale, apparemment dans sa patrie ; car les lettres étaient alors florissantes en Gaule, S.Jérôme, Episl., cxxi, ad Rusticum monachum, 6, P. L., t. xxii, col. 1075 ; elles l’étaient particulièrement en Aquitaine, dont la capitale, Bordeaux, était un vrai centre de culture intellectuelle. Ad. Buse, Paulin, Bischof von Nota, und seine Zeit, Ratisbonne, 1856, t. i, p. 44. Des auteurs relativement récents parlent d’un séjour de dix ans à Trêves, à Rome et en Grèce ; mais cette assertion n’est pas appuyée sur des données primitives et reste conjecturale. Acla sanctorum, t. i januarii. De sancto llilurio, n. 23, p. 785. En tout cas, les écrits du saint docteur témoignent surabondamment de la maîtrise dans l’art de bien dire et des connaissances variées qu’il acquit, comme aussi de la formation philosophique à base néo-platonicienne qu’il reçut dans sa jeunesse. A. Feder, Kulturgeschichtliches in dm Werken des hl. Hilarius von Poitiers, dans Slimmen cuis Maria-Laæh, 1911, t. lxxiii, p. 30-45.

Hilaire naquit-il de parents chrétiens ? Ceux qui partagent ce sentiment invoquent surtout L’autorité-