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HIÉRARCHIE — HIEROCLÈS


le moins inutile. Le pape ne peut qu’être un membre de cette société.

Sans cloute, le Christ est l’unique chef invisible de l’Église, la source unique des grâces répandues dans les âmes, le lien puissant de l’unité sociale de cette institution. Mais l’Église est aussi une société visible. Il lui faut un chef qui parle, qui commande, qui maintienne les vérités révélées, protège les lois divines et préside à leur exécution. C’est le rôle dévolu au vicaire du Christ, nanti à cet effet de l’autorité suprême. Comme tel, il est sans doute membre de l’Église, mais avec la prérogative de chef et tête de ce corps mystique de Jésus-Christ.

5. La nécessité ce la primauté de Pierre est si peu urgente, continuent-ils, que, dans bien des circonstances et d’assez longues périodes, l’Église s’est passée de pontifes romains.

Pour déterminer le caractère constitutionnel de l’Église, il ne faut pas la juger d’après les situations anormales, qui peuvent se présenter pour elle comme pour tous les autres États. Nous avons démontré que, dans son état normal, elle possède les éléments monarchiques. Ajoutons que, même dans les périodes de trouble, de transition, ou de vacance du siège, l’Église vit de son passé monarchique, et n’a qu’une préoccupation, celle de procéder à l’élection du souverain pontife. Elle vit de son passé monarchique. En effet, l’organisation de l’Église conserve sa pérennité. Les constitutions pontificales pour l’administration générale, pour la réunion et la tenue du conclave restent en vigueur. Les évêques conservent l’autorité qui leur a été transmise par le successeur de saint Pierre. Des définitions dogmatiques ne peuvent être faites : ce n’est ni le corps des fidèles, ni celui des pasteurs qui peut les formuler. Enfin, la seule mission qui incombe dans ces occurrences à l’Église dispersée et à ses légitimes représentants, c’est de choisir le primat universel, le vicaire du Christ, le successeur de saint Pierre, afin qu’il reprenne les rênes du gouvernement, dans les conditions dictées par le divin fondateur.

VI. DÉVELCPPEMENT DE LA HIÉRARCHIE ECCLÉSIAS-TIQUE. — La hiérarchie sacrée, qui existait dans l’Église selon l’institution divine, est constituée d’évêques, de prêtres et de ministres. Si quis dixerit, in Ecclesia calholica, non esse hierarchiam divina ordinatione inslitulam, quæ constat ex episcopis, presbyteris et ministris, analhema sit. Concile de Trente, sess. XX 1 1 1, can. 6, Denzinger-Bannwart, n. 966.

Ce sont là les cadres que l’Église complétera, selon l’exigence des temps, en vertu des pouvoirs qu’elle a reçus, pour le plus grand bien des âmes.

Parallèlement à l’organisation essentielle du Christ, se développe l’organisation historique créée par l’Église. On peut considérer ce développement au double point de vue : 1. de la hiérarchie de l’ordre épiscopal, complétée par les créations des patriarcats, des exarchats, des primats, des archiépiscopats ou métropolitains, des évêques titulaires, des coadjuteurs, des chorévêques, des archimandrites, des prélats nullius, etc. ; 2. de la hiérarchie de juridiction. Celle-ci comprend des personnages ou bien des corps ecclésiastiques, ayant reçu des souverains pontifes, au cours des siècles, pouvoir juridictionnel, en vue du gouvernement de l’Église : tels sont les cardinaux, les dicastères romains, les légats apostoliques, les nonces, les vicaires et préfets apostoliques, les divers délégués du saint-siège qui, sous différentes désignations, participent à l’autorité apostolique. L’exposé de ce double développement est d’ordre historique. On en trouvera les éléments dans d’autres articles de ce Dictionnaire.

L’évolution progressive de la hiérarchie ecclésiastique s’est produite sous l’influence des temps et les nécessités de la propagation de l’enseignement du

Christ. Certaines formes antiques ont disparu, ou menue été supprimées, c’est dans la nature des choses. Un reste, le pouvoir divin, donné à l’Église pour créer des orga : es nouveaux, afin de maintenir la foi, lui a été conféré (’ans la même proportion, pour supprimer ceux dont la nécessité ou la convenance n’existe plus.

Indépendamment des auteurs cités dans le corps de l’article, on consultera avec grand profit les ouvrages suivants : Petau, De Iheologieis doginatibus, Paris, 1870, t. viii, De ecclesiastica hierarchia, 1. I-V ; Ferraris, Prompla bibliotheca, au mot Hierarchia ecclesiastica ; Bouix, Traclatus de principiis juris canonici, part. IV, De jure Ecclesiæ conslitutivo ; Œuvres de saint Denys l’Aréopagite, trad. de l’abbé J. Dulac, Paris, 1865, De la hiérarchie céleste ; F. Wernz, Jus Dccretalium, 2e édit., 1908, t. i ; Bacchiui, De ecclesiastica ; hierarchiæ origine, Diss., in-4° ; Palmieri, Tractatus de romano poniiftee, th. xi, xii ; Philips, Du droit ecclésiastique, trad. Crouzet, Paris, 1850, t. ii, § 68 ; Devoti, De hierarcliia ecclesiastica, dans Migne, Theologiie cursus, t. v, col. 1208 ; Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline de l’Église, édit. Guérin, 1864, t. i, c. L ; Hurter, Theologiie dogmatiae compendium, 9e édit., Tractatus de Ecclesia, de causa /ormali Ecclesiæ, th. xlviij, a. 3 ; Ferrante, Institntiones canonicæ, una cum logica theologica, tr. II, p. 47.

B. DOLHAGARAY.

    1. HIEROCLÈS##


HIEROCLÈS, philosophe néoplatonicien, ennemi des chrétiens.

Sa personne.

A l’époque où fut renversée

l’église de Nicomédie, au début de la persécution de Diodétien, en 303, deux pamphlétaires peu généreux attaquèrent les chrétiens qui ne pouvaient se défendre. Lactancc, alors professeur de rhétorique à Nicomédie et témoin oculaire, a tracé d’une plume vengeresse le portrait de l’un et de l’autre, en passant leur nom sous silence. Que le premier fût le vieux Porphyre encore vivant ou Maxime, le maître futur de Julien l’Apostat, il n’importe ; le seeen 1 seul nous intéresse ici, c’était à n’en pas douter Hiéroclès.

Celui-ci, né dans un peLit bourg de la Carie, avait étudié la philosophie et embrassé le néoplatonisme. Fut-il chrétien ? La connaissance approfondie de l’Écriture que lui reconnaît Lactance, Div. inst., v, 2. P. L., t. vi, col. 555, pourrait le faire croire ; il aurait dans ce cas apostasie comme Théolecne, nuis Lactance n’ose pas l’affirmer. Quoi qu’il en soit, il entra de bonne heure dans la carrière administrative et fut successivement gouverneur de Palmyre, préfet de la Bithynie et d’Alexandrie. Dans une inscription trouvée â Palmyre, son nom est cité comme gouverneur de cette ville, sous les empereurs Dioctétien et Maximin et les césars Galère et Constance. Corpus inscript, lai., t. iii, n. 33. C’est là, selon toute probabilité, qu’au moment ! de l’expédition contre les Perses, il dut entrer en éclations étroites avec Galère, le gendre funeste de Diodétien, et préparer, comme le croit Mgr Duchesne, De Macario Magnete, Paris, 1877, p. 19, sou ouvrage contre les chrétiens. En 303, il remplaçait a Nicomédie, comme préfet de la Bithynie, le persécuteur Flaccinus, non pusillum homicidam. De morte persecutorum, 16, P. L., t. vii, col. 218. Il y continua les poursuites de son prédécesseur contre le confesseur Douât et y publia son Aoyo ; quXaX7JÛ7)ç 7tpoç touç y piaxtavoû ;. Il dut assister au conseil privé de l’empereur qui allait décider du sort des chrétiens. Lactance le désigne comme l’un des conseillers responsables de la persécution : Auctor in primis faciendæ perseculionis, Div. inst., v, 2, P. L., t. vi, col. 555, et le nomme ailleurs en toutes lettres : auctor et consiliarius ad faciendam perseculionem. De morte persecutorum, 16, P. L., t. vii, col. 218. Un ou deux ans après, il était préfet d’Alexandrie. Là il se montra sans pitié pour les chrétiens, , insultant les hommes les plus respectables et livrant à des proxénètes les femmes, épouses ou vierges. Le frère d’Aphien, martyrisé à Césarée, Edésius, ne put supporter de telles