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HIERARCHIE
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Sans doute, les adhérents de cette opinion admettent, comme les précédents, que l’Église n’avait nul besoin, pour le succès de sa propagation, de s’adapter aux formes politiques des institutions profanes. L’assistance divine devait suppléer à toute faiblesse humaine. Néanmoins, l’action providentielle met fréquemment en jeu les causes secondes. Sous l’inspiration divine, les apôtres adoptèrent un type d’organisation ayant déjà fait ses preuves : ils tinrent compte de l’ordre de choses existant.
Ils empruntèrent à l’organisation mosaïque la pratique d’établissement de grands centres d’influence. Les sanhédrins, dont l’autorité dominait dans les grandes cités, leur servirent de modèle. Les évêques furent installés dans les agglomérations nombreuses, d’où leur prestige rayonnait sur les populations environnantes. Le centre d’unité évangélique succédait au centre d’unité mosaïque. Une nouvelle organisation était substituée simplement à l’ancienne, destinée à disparaître.
Par ailleurs, la circonscription romaine fournit les éléments géographiques de la hiérarchie chrétienne. Des prélats furent institués dans les chefs-lieux provinciaux, avec autorité de centraliser les églises d’un rang inférieur. C’étaient les églises-mères, les églises métropolitaines, installées sur le plan des chefs-lieux des provinces civiles. Ce fut au point que le concile d’Antioche, en l’an 341, établit en principe que les évêques d’une même province devaient reconnaître la prééminence de celui qui occupait le siège de la métropole. Canon 9. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i b, p. 717.
Les traditions pontificales antiques, citées par le pseudo-Isidore, confirment ces faits. Pierre, rapportent-elles, adopta la hiérarchie du culte païen. 11 institua des patriarches et des primats dans les grandes villes où siégeaient les pontifes du paganisme, primi flamines, puis, dans les métropoles, des prélats appelés archevêques, à la place des archiflamines ; enfin, de simples évêques, dans les cités de moindre importance. Dans cet ordre d’idées, on érigea d’abord les trois patriarcats, dits métropoles royales, de Rome, d’Antioche et d’Alexandrie ; plus tard, ceux de Constantinople et de Jérusalem. Dans le cours des siècles, divers autres sièges épiscopaux ont ou obtenu ou usurpé le titre de patriarcats. Mais ces dénominations ne répondaient plus aux exigences de l’épanouissement de l’Église. Issues des contingences historiques, elles n’ont eu qu’une durée éphémère, une valeur nominale.
Eupoli, Prielectiones juris ecclesiastici, t. ii, p. 206 ; Berardi, Comment, in jus ecclesiasticum, t. i, p. 102 sq. ; Philipps, Du droit ecclésiastique, t. ii, 1. LXVIII, p. 18 ; Bianchi, Délia potestae délia politia délia Chiesa, t. iv, p. 17 sq.
Pour la mise au point de ce qu’il peut y avoir de vrai et d’historique dans ces trois systèmes, touchant l’organisation de la hiérarchie catholique et la formation des circonscriptions ecclésiastiques, voir Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 1-14 ; Diction, d’arcli. chrét. et de liturgie, t. iv, col. 1212 sq. Cf. P. Batifïol, La paix constantinienne et le caf/io/icisme, Paris, 1914, p. 114-121.
III. DÉMONSTRATION DE LA HIÉRARCHIE CATHO-LIQUE. — Nonobstant la réalité et le caractère imposant des considérations historiques et doctrinales que nous venons d’indiquer, les hérétiques ont effrontément nié l’existence de la hiérarchie catholique. 1° Méconnaissant la nature, l’action, le but final de l’institution hiérarchique de l’Église, les sectes protestantes ont prétendu qu’elle était invisible, comme l’Église elle-même. Elles oubliaient qu’elle avait pour objet l’instruction et la sanctification de l’homme ; que ce dernier possède deux éléments constitutifs, le corps et l’âme, la matière et l’esprit, auxquels il
fallait s’adresser. Par ailleurs, l’homme ne pénètre dans le domaine des connaissances que par le moyen d’organes sensibles, par l’étude des objets matériels. Aussi, les sacrements ne sont que les signes sensibles de la grâce invisible ; la prédication n’est que le véhicule de la doctrine surnaturelle. Dans l’économie divine, tout est donc admirablement adapté à l’organisme humain. Il n’en est pas autrement de la hiérarchie chrétienne. Organisée pour régir les fidèles par la législation appropriée aux fins dernières, pour exercer la juridiction et ramener les délinquants dans la voie droite, elle ne pouvait être que visible à tous, de sorte qu’il soit plus difficile ce l’ignorer que de la connaître.
Aussi Jésus-Christ a établi son Église sous la forme d’une société organisée : il l’appelle, royaume, cité, bercail, vigne, lumière brillante. Or un royaume exige un chef suprême qui concentre les forces dispersées, et les oriente vers le but. La cité implique la notion du gouverneur ; le bercail appelle le pasteur conduisant le troupeau ; la vigne a absolument besoin du vigneron, qui la cultive et la préserve ; la lumière est placée sur le candélabre pour qu’elle puisse rayonner. Matth., v, 15 ; xx, 1 ; xiii, 11-44.
Jésus a conféré à ses apôtres le droit de parler, et a ordonné aux fidèles d’obéir : Qui vos audit me audit ; et qui vos spernit me spernit. Luc., x, 16. Il y a donc dans l’Église, de par institution divine, une autorité ayant mission d’instruire et de régir les autres ; des hommes préposés à la garde des clefs du ciel, chargés de diriger les brebis et les agneaux constituant le troupeau du Seigneur. Or là où se trouvent des chefs constitués en dignité, et des subordonnés tenus à la déférence, il y a hiérarchie.
Saint Paul ne fait que constater cette disposition divine, lorsqu’il écrit aux Corinthiens, I Cor., xii, . 28 : Le Maître a institué dans son Église, d’abord les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement les docteurs… Qui croira que tous dans l’Église sont apôtres ? tous prophètes ? tous docteurs ? Dans sa lettre aux Éphésiens, iv, 11, il revient sur ce point, avec une insistance significative : « Il nous a donné des apôtres et aussi des prophètes et aussi des évangélistes, et enfin des pasteurs et des docteurs, afin de compléter le nombre des saints par l’œuvre de leur ministère achevant ainsi la formation du corps du Christ. »
2° Sans doute, au point de vue du salut, il n’existe aucune différence entre les membres de l’Église : tous sont appelés à la sanctification et à la glorification. Ainsi, Grecs et Romains, civilisés et barbares, hommes et enfants, vieillards et jeunes gens constituent le sacerdoce royal, l’héritage du Dieu rédempteur. Néanmoins cette société accuse des inégalités de situation, des différences de droits, des variétés de devoirs et de fonctions. L’enseignement des Pères et. des docteurs n’a pas varié à ce sujet : ils ont unanimement admis les degrés hiérarchiques établis si clairement par le Christ. D’après eux, rien n’est si clair dans l’Évangile que les paroles établissant cette organisation, si ce n’est les termes formulant la présence réelle dans le sacrement de l’eucharistie. Les évêques ayant Pierre à leur tête, comme confirmateur de ses frères, comme gardien des clefs du ciel ; les prêtres, appelés à exercer leur ministère de salut sous cette direction autorisée ; enfin, les collaborateurs inférieurs, participant au sacrement de l’ordre, voilà la doctrine immuablement enseignée.
Dans sa session XXIIIe, c. iv, can. 6, le concile de Trente a défini cet enseignement et frappé d’anathème le système des novateurs : Si quis dixerit, in Ecclesia catholica, non esse hierarchiam, divina ordinatione instilutam, quæ constat ex episcopis, presbyteris et