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HIÉRACAS — HIÉRARCHIE


quoique condamnée par saint Alexandre d’Alexandrie, était susceptible d’une interprétation orthodoxe. Mais Arius, très habilement, ne tenant compte que de la condamnation, en prolitait pour décrier le symbole de Nicée, on il est dit du Fils qu’il est lumière de lumière. Ut fidei hujiis (celle de Nicée) intelliijentia averteretur, Hieracse lampas vel lucerna ad crimen confitendi ex lumine himinis objecta est, comme le remarque saint Hilaire. De Trinitate, vi, 12, col. 166.

Quoi qu’il en soit, Hiéracas se trompa sûrement sur la personne du Saint-Esprit. S’appuyant sur un passade du livre apocryphe de Y Ascension d’Isaïe, où il est dit que Dieu, dans le septième ciel, est entouré de deux personnes, celle du Fils et celle du Saint-Esprit qui a parlé par les prophètes, il en concluait que cet Esprit, qui prie pour nous par des gémissements inej/ables, Rom., viii, 26, n’était autre que Melchisédcch, (/iii est devenu semblable au Fils de Dieu, et demeure prêtre pour toujours. Heb., vii, 3.

La secte des hiérurites.

On comprend que, par

l’austérité de sa vie beaucoup plus encore que par sa science, Hiéracas en ait imposé à ceux qui voulaient faire profession d’un ascétisme rigoureux. Le nombre en étail grand en Egypte ; de là, la formation de la secte des hicraciles. Ceux-ci, à l’exemple de leur maître, entendaient mener une vie d’ascètes et se priver de la chair de toutes sortes d’animaux ; chez la plupart, ce fut une imitation réelle et effective : chez d’autres, ce ne fut qu’une feinte. Ils cherchèrent à faire des recrues parmi les solitaires d’Egypte. L’un d’eux se rendit au désert près de saint Macaire et menaçait d’ébranler la foi des moines par ses arguments spécieux. Macaire avait beau répliquer, c’était sans succès, car l’hérétique éludait habilement ses réponses et soulevait toujours quelque nouvelle dilliculté. De guerre lasse et pour en finir avec un adversaire aussi dangereux, il lui proposa, comme moyen péremptoire de savoir qui avait raison, de tenter l’épreuve de la résurrection d’un mort. L’hérétique accepta, à la condition que Macaire essayât le premier. Macaire se mit donc en prières et ressuscita réellement un mort. Le disciple d’Hiéracas n’en demanda pas davantage et s’enfuit pour toujours. Le récit de ce miracle a été conservé par Rufln, Vita Patrum, 28, P. L., t. xxi, col. 452 ; par Palladius, Hist. lausiaca, 19, P. G., t. xxxiv, col. 1049 ; par Sozomène, H. E., iii, 14, P. G., t. lxvii, col. 1069 ; et par Cassien, Collât., xv, 3, P. L., t. xlix, col. 996-998. Que la secte des hiéracites ait été combattue par la parole et par la plume, on ne pourrait s’en étonner ; mais nous n’en possédons point de preuve positive. Seul, l’auteur du Prsedestina’us, 47, P. L., t. lui, col. 607, affirme qu’un certain Aphrodisius, évêque de l’Hellespont, personnage d’ailleurs inconnu, aurait écrit contre eux ; mais il n’y a pas d’apparence, comme l’a remarqué Tillemonl, Mémoires, t. iv, p. 413, que leur secte se soit étendue jusqu’aux bords de la mer Noire - en tout cas, elle n’a guère laissé de trace dans l’histoire.

S. Épiphane, Hær., lxvii, P. G., t. xlii, col. 172-184 ; S. Augustin, De liœr., 47, P. L., t. xlii, col. 38-39.

Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. iii, p. 73 ; t. iv, p. 411-413 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1869, t. v, p. 597 ; t. vi, p. 403-404 ; Walch, Entwurf einer volslàndigen Historié der Kelzereien, Leipzig, 1702, t. i, p. 815-823 ; Néander, Allgemeine Geschichte der christl. Religion und Kirche, 4° édit., Gotha, 1864, t. il, p. 488-492 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franc., Paris, 1898-1899, t. i, p. 292-293 ; Geschichte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. ii, p. 215-210 ; Migne, Dictionnaire des hérésies, Paris, 1847 t.i, p.777-778 ; Kirchenlexikon, t. v, col. 2005-2006 ; Smith et’W’ace, Diclionary o/ Christian biograpluj, t. iii, p. 24-25 ; U. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, t. i, col. 2143.

G. Bareilt.e.

    1. HIERARCHIE##


HIERARCHIE. — I. Notion. II. Origines. III. Démonstration de son existence. IV. Exposition et réfutation des erreurs contraires. V. La hiérarchie de l’Église est monarchique. VI. Développement de la hiérarchie ecclésiastique.

I. Notion.

Dans son acception la plus générale, la hiérarchie est la répartition de l’autorité dans un ordre subordonné et pour un but déterminé. Cette définition s’applique à la société civile, comme à la s ciétô religieuse. Ainsi, on parle, dans l’ordre civil, de la hiérarchie administrative, judiciaire, militaire, etc.

Néanmoins, d’après sa désignation étymologique, le terme hiérarchie, à p / r ( îspâ, s’adapte d’une façon spéciale à l’ordre divin et ecclésiastique. C’est ainsi que la définit le pseudo-Denys l’Aréopagite : « La hiérarchie est, d’après nous, une ordination sacrée, science et opération, à reproduire, autant que possible, la d iformité, et à monter, en proportion des illustra ions divinement infuses, jusqu’à l’imitation de la divin té. » Hiérarchie céleste, c. iii, § 1, trad. de l’abbé J. Dulac, Paris, 1865 ; P. G., t. iii, col. 164. Comme conséquence, il explique de quelle manière la no ion véritable de la hiérarchie requiert la subordination des êtres qui la composent. Il indique les fonctions diverses qui leur sont attribuées dans la purification, dans l’illumination, dans la perfection, dans l’union avec Dieu.

Au point de vue ecclésiastique, la hiérarchie peut être considérée objectivement et subjectivement. Objectivement, la hiérarchie n’est pas seulement un principat sacré : c’est plutôt la surveillance et l’administration des choses sacrées : f| twv Uptôv àp-/7J. Subjectivement, c’est la série des personnes sacrées, ayant la mission coordonnée de diriger vers sa fin surnaturelle la société chrétienne. Comme nous le démontrerons plus loin, la hiérarchie ecclésiastique est constituée en trois degrés, l’épiscopat, le sacerdoce, le diaconat.

Il ne faut pas cependant conclure de cette triple désignation, que cette hiérarchie est multiple. Ce serait une grave erreur. La hiérarchie établie par Jésus-Christ pour régir la société spirituelle est une.

La plénitude du pouvoir repose sur la têle du pontife romain, vicaire visible du divin Maître, l’évêque des évêques. Sont aussi d’institution divine, participent au triple pouvoir de sanctifier, d’instruire et de gouverner, les évêques placés sous la direction du pape. Enfin, en vertu de l’ordre reçu, les ministres inférieurs qui ferment la ligne hiérarchique possèdent, du moins, in actu primo, in habilitate, les autres pouvoirs spirituels. Quoique la collation des saints ordres soit le privilège exclusif de l’épiscopat, néanmoins, un simple prêtre, autorisé par le souverain pontife, peut conférer les ordres mineurs, le sous-diaconat, et certains auteurs ajoutent même, le diaconat. Il peut de même conférer le sacrement de la confirmation, qui n’est régulièrement administré que par l’évêque.

Cette unité de la puissance hiérarchique, confiée éminemment au pape, se manifests non seulement dans la communication du pouvoir de conférer les ordres que le successeur de Pierre peut faire aux clercs inférieurs, mais encore et d’une manière plus accentuée, dans la participation, parfois très large, au gouvernement ecclésiastique qu’il accorde aux clercs inférieurs. Le divin fondateur de l’Église a concentré tout pouvoir juridictionnel aux mains de saint Pierre et de ses successeurs, et il n’en a rattaché aucun, d’une façon précise et déterminée, aux deux autres ordres hiérarchiques, sacerdoce et diaconat. Il en résulte qu’il y a des évêques, des prêtres, des diacres ns possédant aucune juridiction. Néanmoins, en vertu du sacrement de l’ordre qu’ils ont reçu, ils sont tous aptes à recevoir communication du pouvoir juridictionnel.