Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/560

Cette page n’a pas encore été corrigée
2351
2352
HEXAMERON


leur accordant, comme aux poissons et aux oiseaux, la fécondité. On ne peut deviner aucune raison spéciale de cette omission.

La seconde œuvre du 6e jour est le couronnement de la création du monde visible. Elle est décrite plus longuement que toutes les précédentes, et elle tend à faire ressortir la suprême dignité de l’homme dans l’ordre des créatures terrestres. Dans la parole de Dieu, le ton s’élève et il est très solennel. Dieu prend une décision spéciale au sujet de cette créature, il la fait à son image et à sa ressemblance et il l’établit le roi de la création. « Et Dieu dit : Faisons l’homme à notre image et ressemblance, afin qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux, sur le bétail, sur toutes les bêtes de la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. » Dans sa résolution, Dieu emploie le pluriel, comme lorsqu’il veut confondre le langage des hommes qui bâtissaient la tour de Babel. Gen., xi, 7. Dieu ne parle pas aux anges, dont il n’a pas été question dans tout le récit, et à la ressemblance desquels l’homme n’a pas été créé. Dieu se parle à lui-même, non pas sans doute en employant le pluriel de majesté, dont l’usage ne s’est introduit chez les juifs qu’à l’époque de la domination perse, cꝟ. 1 Esd., iv, 18 ; I Mac, x, 19, mais plutôt parce qu’il y a en lui une plénitude d’être qui lui permet de délibérer avec lui-même comme plusieurs personnes délibèrent entre elles. Le mystère des trois personnes divines n’est pas expressément indiqué par ce pluriel de résolution ; il le serait tout au plus par une allusion qui n’a pu être saisie qu’après sa révélation explicite. L’homme crue Dieu veut créer, ce n’est pas Adam, le premier homme ; c’est l’humanité entière dans le premier couple, dont elle descend. Dieu veut la créer à son image, selon sa ressemblance. Les termes d’image et de ressemblance auraient encore été modifiés par les sages dans la version des Septante pour éviter une discussion dogmatique. Talmud de Jérusalem, loc. cil., p. 217-218. Les deux mots hébreux employés sont à peu près synonymes et ils s’emploient indifféremment l’un pour l’autre. Cf. Gen., v, 1-3 ; ix, 6. Ils ne signifient donc pas par eux-mêmes des similitudes différentes, comme seraient la ressemblance dans l’ordre naturel et la ressemblance dans l’ordre surnaturel. Le second renforce le premier, et tous deux réunis désignent l’image la plus ressemblante. L’auteur du récit n’explique pas en quoi consiste cette ressemblance. Il ne s’agit pas d’une ressemblance purement extérieure et corporelle, puisque Dieu, même dans ce récit tout anthropomorphiste, n’a point de corps. Puisque la ressemblance suppose une nature semblable, c’est dans sa nature spirituelle que l’homme ressemble à Dieu. Or, Dieu, qui est pur esprit, est intelligent, il commande par la parole et il est le maître absolu de ses créatures. L’homme, créé à son image, participe à son intelligence, à son autorité et à sa domination sur les autres êtres vivants. Aussi Dieu ajoutet-il aussitôt qu’il le crée pour qu’il domine sur les poissons de la mer, sur le bétail et sur toutes les bêtes de la terre comme sur les reptiles. L’exécution fut conforme à la résolution, et Dieu créa l’homme à son image. De plus, il ne créa qu’un seul couple humain, duquel toute l’humanité descend. Dieu ne créa pas plusieurs espèces d’hommes, comme il l’avait fait pour les plantes, les poissons, les oiseaux et les animaux terrestres. L’auteur ne dit pas ici comment Dieu créa le premier couple. Sur la création d’Adam, voir t. i, col. 369 sq. ; et sur celle d’Eve, t. v, col. 1640 sq. Les rabbins plaçaient encore le membre de phrase : » Dieu les créa mâle et femelle » parmi les treize p issages modifiés par les sages pour éviter des issions dogmatiques, parce qu’ils voulaient trouver dans leur texte leur opinion sur le premier

homme androgyne. Talmud de Jérusalem, loc. cit.* p. 218.

Après avoir créé les premiers hommes, mâle et femelle, le créateur les bénit et leur donna, comme aux poissons et aux oiseaux, la fécondité et le pouvoir de reproduction, mais il ajouta à la multiplication de l’humanité le droit d’occuper la terre et de se l’assujettir, comme celui d’exercer l’empire sur tous les animaux vivants de la création. Puis, pour conserver la vie qu’il a créée, Dieu assigna aux hommes et aux animaux leur nourriture. Le monde végétal est divisé en deux parts : à l’homme, qui est la créature la plus digne, Dieu accorde les plantes les plus nobles, celles qui portent semence, ou les céréales, et les arbres fruitiers ; aux animaux, la verdure des prairies. C’est au moins le statut divin pour le temps de la nature innocente. Quand Dieu eut ainsi terminé son œuvre créatrice, il jeta comme un regard sur tout ce qu’il avait fait, et il vit que c’était très bon. Chacune des créations particulières était bonne, leur ensemble était très bon ; il répondait très bien à l’idée que Dieu avait voulu réaliser. Et après cela, le 6e jour s’acheva au matin du jour suivant.

3° Le 7e jour, ii, 1-3. — Ces trois versets forment le résumé de l’Hexaméron et énoncent le repos sabbatique. « C’est ainsi que furent achevés le ciel et la terre et toute leur armée. » Les cieux et la terre, créés par Dieu, i, 1, ont été achevés, ont eu leur création complète de la manière qui a été racontée dans l’œuvre des six jours. Ils ont été créés avec toute leur armée. L’armée des cieux, ce sont les astres. Deut., iv, 19 ; xvii, 3 ; IV Reg., xvii, 16 ; Is., xl, 62 ; Jer., viii, 32, etc. Nulle part dans l’Écriture il n’est parlé de l’armée de la terre, et Néhémie, se référant à l’œuvre créatrice, ne rapporte l’armée qu’au ciel. II Esd., ix, 6. On peut donc penser que le mot hébreu n’a un suffixe pluriel que par une simple construction grammaticale qui le rattache aux deux mots précédents. En réalité, il ne s’agirait que de l’armée des cieux et de l’œuvre du 4e jour. Cet achèvement de l’œuvre créatrice eut lieu, non pas le 7e jour, comme on lit dans le texte hébreu actuel par une erreur évidente, quoique les rabbins prétendent que le texte a été corrigé dans la version des Septante pour résoudre une difficulté, Talmud de Jérusalem, loc. cil., p. 218, mais le 6e, conformément au texte samaritain, à la version des Septante et à la version syriaque.

Le 7e jour, Dieu se repose de son travail. Le repos de Dieu comme son travail sont de véritables anthropomorphisines. Dieu a créé le monde par sa toute-puissance sans perte de forces et sans fatigue ; il n’a donc pas besoin de repos. S’il est présenté comme ayant travaillé six jours et se reposant le 7e, c’était pour signifier que l’homme, dans son activité, doit se régler sur le créateur, travailler six jours de la semaine et se reposer le 7 e. Dieu bénit donc le 7e jour et le sanctifia. La bénédiction du 7e jour est une bénédiction spéciale que les autres jours n’ont pas reçue. Elle a consisté dans la sanctification qui en est faite : ce jour a été un jour saint, dans lequel l’homme ne doit se livrer à aucun travail pour imiter le repos de Dieu, et qui sera consacré uniquement au service de Dieu. La cessation de tout travail créateur au premier sabbat a été le motif pour lequel tous les autres sabbats ont été bénis et sanctifiés. Et voilà comment la semaine divine de la création a été le modèle de la semaine humaine : un jour de cessation de tout travail doit suivre les six jours de travail.

Conclusion. — Il est clair que l’auteur inspiré du récit de la création n’a aucune préoccupation scientifique d’astronomie, de géologie, de botanique et de zoologie, qu’il n’a pas voulu donner un enseignement scientifique et qu’il a parlé des choses de la nature