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mentaire de l’Hexaméron. Il se proposait de faire un travail plus scientifique que les homélies de son frère, qu’il voulait compléter au sujet des trois premiers jours de la création. Il admit, comme lui, la création simultanée de tous les principes des choses, et il expliqua la distinction des jours par la nécessité où Moïse était de mettre de l’ordre dans son récit. Les créatures individuelles ont été produites durant les six jours. In Hexæmeron, P. G., t. xliv, col. 69, 72, 77. Saint Grégoire donne ensuite une interprétation littérale du récit mosaïque. Ce qui caractérise son explication. <-’est qu’il montre comment la matière première évolue selon les lois posées par le créateur et engendre, non au hasard, mais comme Dieu l’avait prévu et voulu, les divers êtres qui apparaissent successivement, la lumière d’abord, séparée des ténèbres, le firm. me ît, la séparation des eaux et de la terre et la condensation de la lumière primitive en astres par sa rotation autour de la terre. C’est donc une tentative d’explication scientifique des trois premiers jours de la création. Sa théorie semble bien exiger un long développement de la matière, selon les lois de la nature ; aussi saint Grégoire évite-t-il avec soin de se prononcer sur la durée des jours mosaïques.

On peut rattacher aux Pères cappadociens Procope de Gaza, qui avait recueilli toutes les explications antérieures de l’Hexaméron et qui en publia seulement un abrégé. Il reproduit souvent et presque littéralement le commentaire d’Origènc, mais il admet la distinction des jours, le sens littéral du texte et plusieurs des opinions des Cappadociens. Les jours toutefois ne sont que pour l’ordre du récit. Comment, in Gen., i, 5, P. G., 1. lxxxvii, col 60-61. Cependant, la lumière primitive brilla trois jours, avant qu’elle ne soit condensée dans le soleil, i, 15. Ibid., col. 85. A la même époque (vie siècle), Jean Philopon emprunta à saint Basile et à saint Grégoire de Nysse ses idées sur le c. i er de la Genèse. Comme eux, il admet la création simultanée de la matière élémentaire, et il place la production des êtres particuliers dans l’espace des six jours mosaïques. Il adopta ensuite successivement les explications de saint Basile et de saint Grégoire de Nysse, de manière à former un commentaire scientifique de l’Hexaméron. De mundi creutione libri VII, dans Galland, Bibliotheca veterum Palrum, t. xii. L’auteur de l’Hexaméron qui porte le nom de saint Eusthate d’Antioche n’a guère fait qu’un extrait des homélies de saint Basile. Comment, in Hexæmeron, P. G., t. xviii, col. 707 sq. Jacques d’Édesse, qui écrivit son Hexaméron en 708 et qui mourut avant de l’achever, compose plutôt une encyclopédie scientifique qu’un commentaire, appelle création première la création des quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. Il décrit l’état de la terre avant la séparation des eaux. P. Martin, L’Hexaméron de Jacques d’Édesse, dans le Journal asiatique, 8e série, 1888, t. xi, p. 401-402, 421. Cf. In Gen., dans S. Éphrem, Opéra syriaca, t. i, p. 116 sq. Saint Jean Damascène emprunte ses interprétations <osmogoniques aux écrivains antérieurs, soit à ceux de l’école d’Antioche, soit surtout aux Pères cappadociens. Il ne se décide pas aisément dans les questions controversées et il se borne assez souvent au rôle de rapporteur. De fide orlhodoxa, 1. II, c. vi, P. G., t. xciv, col. 880 sq.

4. Les Pères latins.

Ils ne se groupent pas en écoles

bien tranchées, et ils joignent leurs idées personnelles à celles de leurs devanciers. Saint Victorin de Peltau admet la distinction réelle des jours et il entend le récit biblique littéralement, mais sans donner aucune explication scientifique. Traclatus de fabrica mundi, P. L., t. v, col. 301-314. Lactance a touché à la cosmogonie mosaïque dans ses Inslitutiones divinæ, 1. II, n. 5-13, P. L., t. vi, col. 276-325, mais son exposition est sur D1CT. DE THÉOL. CATH.

tout dogmatique. Saint Hilaire de Poitiers a emprunté à la théorie alexandrine la doctrine de la création simultanée. De Trinitate, 1. XII, n. 40, P. L., t. x, col. 58 sq. Saint Ambroise a prêché à Milan, au carême de 389, sur l’Hexaméron. Il s’est beaucoup servi des homélies de saint Basile, et il a exposé à la fois le sens littéral et le sens mystique du texte. Son Hexæmeron est divisé en six livres, correspondant aux jours de la création. L’évêque de Milan admet la création de la matière élémentaire, qui est ensuite transformée, coordonnée et disposée pendant les six jours de la Genèse, qui sont des jours de 24 heures, P. L., t. xiv, col. 134 sq. L’Hexaméron de saint Ambroise a été traduit par Nourrisson, Les Pères de l’Église latine. 1856, t. i, p. 275-278. Saint Jérôme a expliqué quelques points seulement de la cosmogonie mosaïque : il établit surtout le sens littéral. Quæst. hebraiese in Genesim, P. L., t. xxiii, col. 935 ; Epist., lxix, ad Oceanum, P. L., t. xxii, col. 659.

Saint Augustin s’y est repris à trois fois pour commenter la Genèse. Voir t. i, col. 2300. On a résumé déjà, t. i, col. 2349-2355, les principales idées cosmologiques de l’évêque d’Hippone, qui fut le chef de l’école que l’on a pu appeler éclectique, parce qu’elle empruntait à tous les autres systèmes d’interprétation Pour lui, la création a été simultanée, et les jours du récit biblique ne sont que des symboles sur la signification desquels il n’a jamais été bien fixé.

Les idées de saint Augustin ont été acceptées par la plupart des écrivains ecclésiastiques de l’Occident, qui l’ont suivi. La création simultanée et la simple différence des œuvres, disposée en six jours non réels, ont été enseignées par saint Prosper d’Aquitaine, Sententise ex Auguslino, n. 141 sq., P. L., t. Li, col. 146 sq. ; par Marius Victor, Comment, in Gen., c. i. v. 13-21, P. L., t. lxi, col. 939 ; Alelhia, 1. I, 18-27, qui voyait toutefois dans les six jours de la création des œuvres historiques, édit. C. Schen 1 Corpus se ipto i.m ecclesiaslicon.m lulinor iii, Vienne, 1 S88, t. xvi, p. 3 1-1-3 5, 441 ; par le juif ÏSJac, auteur des Quæsliones ex V. et N. T., P L., t. xxxv, col. 2213 ; par Cassiodore, Dio. inslit., c. i, P.L., t. lxx, col. 1110 ; par Junilius, De partibus legis divinæ, ii, 2, P. L.. t. lxviii, col. 25 ; par saint Isidore de Séville, Qtiœsl, in Gen., c. i-ii, P. L., t. lxxxiii, col. 209 sq. ; Sint.. 1. I, c. x, ibid., col. 1153 ; Elym., . XI-XVII, t. lxxxii col. 297 sq. ; par saint Julien de Tolède, Avnxstij.ïvtjjv, hoc est Conlrariorum, 1. I, cj. i, P. L., t. xevi, col. 595 ; par un moine de la Grande-Bretagne qui écrivait en 661, De mirabilibus sac. Scripluras, 1. I, c. i, P. L., t. xxxv, col. 2151 ; par saint Grégoire le Grand, qui n’admet la création simultanée que pour les éléments, Moralia in Job, 1. XXXII, c. xii, P. L., t. lxxxvi, col. 644-645 ; par le pseudo-Eucher, Comment, in Gen., 1. I, P. L., t. l, col. 894 ; par Alcuin, Inlcrrogat. et responsioncs in Gen., P. L., t. c, col. 515 ; par Scot Érigône, De diuisione naturæ, P. L., t. cxxii, col. 43° ; et par sainte Hildegarde, xxxvill, quæstionum soluliones, q. i, P. L., t. c.xcvn, col. 1040.

Les poètes latins du v u siècle, sauf Marins Victor qui a admis la création simultanée, ont été fidèles à l’opinion commune des Pères et ont interprété le texte du c. I er de la Genèse dans le sens historique et grammatical. Cyprien, Genesis, v. 1-19, début de l’Ilrptateuchus, dans S. Cyprien de Carthage, Opéra. Appendix, édit. Hartel, Corpus scriplorum ecclesiasticorum lalinorum, Vienne, 1871, t. iii, p. 283-285 ; édit. R. Peiper, ibid., 1881, p. 1-3 ; Cl. M. Victor, Alelhia, 1. I, v. 1-220, édit. Schenkl, ibid., t. xvi, p. 364-372 ; Comment, in Gen., 1. I, v. 1-207. ibid., p. 441-446 ; Hilaire, Metrum in Gen., v. 7-159, , P. L., t. l, col. 1287-1290 ; édit. R. Peiper, Corpus de Vienne, t. xxiii, p. 231-237 ; Dracontius, Carmen

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