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HESPELLE — HESSELS


Recueil des prières, dédié aux carmélites de Saint-Denis, in-12, Paris, 1774 ; La Théotrescie ou seule véritable religion démontrée contre les athées, déistes et autres sectaires, 3 in-12, Paris, 1774 ; 2e édit., Paris, 1780 ; Le dédale des aberrations du chaos français, où l’on démontre qu’on ne peut justifier par un serment la soumission tles lois aux caprices des individus sans saper tout principe de morale, in-8°, Malines, 1797. Cet ouvrage est une réfutation des Réflexions sur la déclaration exigée des ministres du culte par la loi du 7 vendémiaire an I V, in-8°, Paris, 1796, dues à la collaboration de Bausset, évêque d’Alais, et de l’abbé Émery ; L’aurore du Fiat lux, in-8°, Bàle, 1797 ; Le Fiat lux du chaos français où l’on voit la déviation de tout principe, de toute vérité et de toute tradition, in-8°, Bruxelles, 1799 ; L’unité et l’indivisibilité des vérités de la religion, in-8°, Paris, 1800. Ce dernier livre amena l’arrestation de l’auteur.

Quérard, La France littéraire, t. iv, p. 102 ; Hurter, Nomen clator, 1912, t. v, col. 307-308.

J. Besse.

HESSELS Jean naquit en 1522. Il vit le jour, non à Arras, ainsi qu’on l’a dit parfois, mais à Louvain, où son père, Guillaume Hessels, était connu comme un sculpteur habile. Nous en avons la preuve notamment dans son épitaphe, qui débute par ces mots : Joannes Hessels a Lovanio. Certains auteurs, à cause peut-être de la forme latinisée et plus connue de son nom, Hesselius, l’ont maladroitement confondu avec Léonard-Jean Hasselinus ou Hasselius (van Hasselt), autre théologien belge, auteur d’une dissertation De Neclarii Constanlinopolitani facto super confessiones, qui fut député à Trente par Charles-Quint, lors de la première reprise du concile, sous Jules III, et qui mourut en cette ville le 5 janvier 1552.

Jean Hessels put commencer et poursuivre sa formation intellectuelle sans quitter sa cité natale. Après de brillantes humanités, il suivit les cours de philosophie à « la pédagogie du Parc » et sortit premier au concours général de 1541. L’état ecclésiastique l’attirait. Il aborda l’étude des sciences sacrées, et grâce à des qualités d’esprit extraordinaires, fécondées par une application intense, il échangea vite le rôle d’auditeur contre celui de maître. Pendant huit ans, il enseigna la théologie et l’Écriture sainte aux jeunes religieux prémontrés de l’abbaye de Parc, près de Louvain. Le 19 mai 1556, il fut promu au doctorat en théologie, en même temps que Martin Baudewyns, de Rythoven (Martinus Rythovius), qui allait devenir bientôt évêque d’Ypres. Nommé alors à la fois titulaire « l’une chaire royale de théologie à l’université, chanoine du chapitre de la collégiale de Saint-Pierre et premier président du « petit collège des théologiens » , il s’acquittait de ces diverses fonctions avec zèle et succès quand une mission spéciale l’obligea à les interrompre.

En 1562, Pie IV avait annoncé la réouverture à Trente du concile œcuménique, suspendu déjà deux fois, mais dont la Providence lui réservait l’heureux achèvement. Il désirait vivement que toutes les nations catholiques, et la Belgique en particulier, y fussent représentées non seulement par leur épiscopat, mais encore par l’élite de leurs théologiens. Telles étaient aussi les intentions de Philippe II et de la gouvernante Marguerite de Parme, en ce qui concernait la Belgique. Après divers pourparlers, trois professeurs de Louvain furent désignés et partirent pour le Tyrol ; c’était Corneille Jansen (ou Jansénius), exégète de renom, plus tard évêque de Gand, Michel de Bay (ou Baius), et son ami Jean Hessels. Ce choix, quant aux deux derniers, était sans doute, comme pour Jansénius Oandavensis, fondé sur une réputation méritée de piété et de savoir, car tous deux, dit Palavicini, étaient scienlia et cxcmplo vilæ conspicui, mais, suivant le

1 même historien, il s’inspirait en outre, dans la pensée ! du nonce Commendone, du cardinal Granvelle et des I légats-présidents du concile, d’une sage diplomatie. Baius avait déjà commencé à répandre ses opinions à tout le moins hardies sur la liberté, la grâce, les bonnes œuvres ; Hessels, lié d’amitié avec lui, partageait jusqu’à un certain point et appuyait ses tendances ; on colportait même, sur l’un et sur l’autre, un mot de Ruard Capper, qui aurait démêlé et signalé en eux, encore étudiants, l’étoffe d’un schisme. Des discussions bruyantes avaient éclaté ; l’archevêque de Malines était parvenu à imposer provisoirement le silence ; mais l’atmosphère restait chargée de nuages et d’appréhensions. Or, on pouvait espérer que le fait de vivre en contact intime avec Rome et tous les évêques catholiques et de lutter avec eux contre l’ennemi commun, le protestantisme, serait salutaire aux théologiens louvanistes, en leur inspirant une juste défiance d’euxmêmes et un sentiment d’attachement plus vif à la tradition et au siège de Pierre. Ajoutons que, à l’égard d’Hessels du moins, il semble que cet espoir n’ait pas été trompé. Quoi qu’il en soit, les députés belges furent bien accueillis à Trente, et leur présence ne fut ni oisive ni inutile. Arrivés seulement après la XX IIe session, ils purent encore prendre une part active aux trois dernières : celles du 15 juillet, du Il novembre, des 3 et et 4 décembre 1563. Tandis que Baius, avec l’évêque d’Ypres, Rythovius, était, par les légats, attaché à la commission préparatoire de la doctrine sur le purgatoire, et Corneille Jansen, avec Havet, évêque de Namur, à la commission des indulgences, Hessels fut, en compagnie de Richardot d’Arras, inscrit dans celle à laquelle incombait l’étude du culte des images. Nous savons de plus que tous concoururent aux travaux préliminaires concernant l’Index librorum prohibilorum. Ce sont eux qui rédigèrent, pour le Calechismus romanus, l’explication des dernières demandes du Pater. C’est également à leur demande que, dans les décrets suppressifs ou restrictifs des exemptions et privilèges en matière de bénéfices, une exception fut faite en faveur des universités ; ils étaient justement préoccupés de conserver à Louvain les bienveillantes et utiles concessions de Sixte IV, de Léon X et d’Adrien VI. De retour dans la vieille cité universitaire, Hessels ne reprit pas seulement son enseignement, mais il s’appliqua plus que jamais à combattre, par la plume autant que par la parole, les erreurs du protestantisme. Nous avons de lui une lettre écrite en 1565 à Cassander, qui, conciliateur et pacificateur à outrance, paraissait par là même pencher du côté de la Réforme. Un extraii de cette lettre montre le zèle pur et franc qui animait son auteur : Usquequo claudicas in duas partes : Si Dominus est Deus, sequere eum ; si autem Baal, sequere eum. Si protestantes, ut aiunt, sunt veritatis et sinecræ fïdei præcones, sequere eos aperte. Si autem, ut rêvera est, Ecclesia catholica, hoc est, papislica est ea quæ fundata est ab aposlolis super pelram, adversus quam nunquam preevalebunt portée inferi, sequere eam. Nec confidas le tuo ingenio invenire posse præler eam aliquem lulum portum, in quo securus acquiesças… Plantatio quæ contra hanc insurgit, sive a proteslantibus, sive ab lus qui, inler catholicos et protestantes veluli medii, ulroquc exlremo se intelligentiores reputant, quia a P tre cælali non est plantata, eradicabitur. Au témoignage d’Aubert Le Mire, l’ardent controversiste s’adonnait à sa tâche au point d’accorder à peine à son corps le sommeil nécessaire. Aussi bien a-t-il produit, en une carrière relativement courte, une œuvre considérable, partie exégétique, partie dogmatique ou polémique. Mais une telle contention ne pouvait manquer de ruiner rapidement sa santé. Il souffrait de la gravelle, et une attaque d’apoplexie l’emporta le 7 novembre 1566, au moment où il allait mettre la dernière main à son plus