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HERTZIG — HERVET

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iissimæ, Olmutz, 1739. Il mourut à Breslau le 17 février 1732.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iv, col. 328-330 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1910, t. iv, col. 1050.

P. Bernard. HERVÉ Noël, surnommé le Breton, dominicain, était issu de la noble famille de Nédellec. Il était né au diocèse de Tréguier, on ne sait à quelle date. Il entra jeune dans l’ordre de saint Dominique au couvent de Morlaix et y fit sa profession religieuse. Il alla ensuite étudier au couvent de Saint-Jacques à Paris. Il professa les sciences humaines et divines en divers lieux de la France. Reçu bachelier, il fut appelé à Paris pour y expliquer les Sentences. Vers Pâques de l’année 1307, il obtint le gracie de licencié et fut, pendant deux ans, régent et professeur à l'école de la province de France au couvent de Saint-Jacques. Le 14 septembre 1309, au chapitre de Chartres, il fut élu provincial de France. Au chapitre de Lyon, le 10 juin 1310, il devint maître général de l’ordre, le xive, il succédait à Bérenger et il fut choisi à l’unanimité, au premier tour de scrutin. Il remplit cette charge pendant cinq ans et trois mois. Au retour du chapitre général, tenu à Barcelone, il mourut au couvent de Narbonne, dans la nuit du 6 au 7 août 1323. Saint Antonin dit qu’il était très subtil en logique et en philosophie. On a signalé des commentaires manuscrits des Catégories et du livre de l’Interprétation d’Aristote. Histoire littéraire de la France, Paris, 1762, t. xxiv, p. 459. Ses principaux ouvrages de théologie sont les suivants : In IV P. Lombardi libros Sententiarum, in-fol., Venise, 1505 ; Paris, 1647, avec le traité De potestate papse, déjà publié séparément, Paris, 1500 ; in-4°, 1506 ; Quodlibeta IV, in-fol., Venise, 1486 ; le IVe est contre Pierre Auriol ; ils ont été réédités avec sept autres Quodlibeta, qui sont dits parva par rapport aux précédents, majora, Paris, 1513 ; on y a ajouté huit traités : De bealitudine ; De verbo ; De œlernitite mundi ; De materia cseli ; De relationibus ; De unitate formarum ; De virtutibus ; De motu angeli. Un fragment du traité De unitate formarum avait été publié sous le titre De formis, dans la Summa philosophica de Cosme Alaman, Paris, 1639 ; il était regardé comme un écrit authentique de saint Thomas. De secundis intentionibus, in-4°, Paris, 1489 ; Venise, 1513. On a attribué parfoisàHervél’opusculeXLVIII, publié dans les œuvres de saint Thomas et intitulé : Tolius Aristotelis logicæ summa. On a mis à tort sous son nom le commentaire des Épîtres de saint Paul, qui est de Hervé de Bourgdieu. Voir H. Denifle, Die abendlandischen Schriftausleger bis Luther, ùber Justifia Dei (Rom., i, i ?) und Justificatio, Mayence, 1905, p. 54-56. Noël Hervé est peut-être le premier dominicain qui ait défendu solidement la doctrine de saint Thomas contre les attaques de Duns Scot et de Hervé de Gand et contre les opinions de Durand de SaintPourçain. Cependant, il a fait quelques concessions au nominalisme, que le dominicain Jean de Naples a relevées.

Echard, Scriptores ordinis prædicalorum, Paris, 1719, t. i, p. 533, 536 ; B. Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, Paris, 1880, t. II, p. 327 sq. ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Moyen âge, Paris, 1896, p. 388-390 ; Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre des frères prêcheurs, Paris, 1905, t. ii, p. 531-572 ; Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1888, t. v, col. 1916-1917 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1906, t. il, col. 476-477 ; Realencyclopàdie fur protestaniische Théologie und Kirche, Leipzig, 1899, t. vii, p. 771-773.

E. Mangenot.

    1. HERVET Gentian naquit à Olivet##


HERVET Gentian naquit à Olivet, aux portes d’Orléans, en 1499. Il fit ses études dans l’un des collèges de l’université de cette ville. Puis, tout

jeune, il commence la vie de précepteur chez les grandsqu’il mènera pendant de longues années. Il entre dans la famille de Laubespine, puis accompagne le savant Thomas Lupset en Angleterre, et, probablement par son entremise, devient le maître des enfants de la comtesse de Salisbury, Arthur et Béginald Pôle. Il connaît là Linacre et More. Il suit ses élèves en Italie, à Padoue et a Venise, et noue des relations avec les humanistes les plus célèbres de la péninsule, Egnazio, Andrelini, Thoineo Leonico. Il rentre en France vers 1533, et fait partie du groupe de littérateurs itinérants qui, sous la direction de Jean de Taitas, allaient fonder à Bordeaux, au collège de Guyenne, l’un des foyers de la Renaissance française. Il paraît y avoir enseigné le grec. Mais il se brouille bientôt avec Tartas. Il revient à Orléans, où il est nommé professeur de grec à l’université. Il publie, en 1535, à Paris, son premier ouvrage, Erudilionis plenus libellus in quo cummultalum varia nolatu digna de pilis et barba radenda comprehenduntur. Il renferme trois déclamations d'école sur un sujet que le pape Jules II avait mis à la mode : le port de la barbe chez les ecclésiastiques. L’année suivante, il dédie à Guillaume du Bellay un nouveau volume, , qui reproduit le précédent, y ajoute quelques discours sur des sujets de morale et la traduction d’un opuscule de Plutarque. Tel est le contenu de ce petit volume : Gentiani Herveti Oraliones, imprimé par Jean Barbous, à Lyon, pour le compte de François Gueiard, libraire à Orléans.

Il ne reste pas longtemps dans ce poste. Mais la raison qu’en donne plus tard un de ses adversaires, Loys Micqueau, paraît être une pure calomnie. Après quelques pérégrinations dans les Flandres, en compagnie du cardinal de Genève, il se fixe pour quelque temps à Lyon. Il y retrouve des amis littéraires, Jean de Gouttes et surtout son compatriote Etienne Dolet. Celui-ci imprime, en 1541, le volume, aujourd’hui très l’are, Sophoclis Antigone tragœdia a Genliano Herveto Aurelio traduclae græco in lalinum. Ejusdem epigrammala. Dans ces dernières, l’auteur exprime déjà très vivement les sentiments d’opposition à la Réforme qu’il manifestera de plus en plus. Un autre volume sorti des mêmes presses, sous le titre : Gentiani Herveti quædam opuscula, Lyon, 1541, ajoute à l' Antigone et aux épigrammes quelques discours de Hervet et la traduction de deux sermons de saint Basile. Une dédicace au cardinal de La Baume, archevêque deBesançon, datée de janvier 1541, pourrait faire croire que ce volume est antérieur au précédent.

Il ne semble pas que Hervet ait jamais partagé les idées affichées par Dolet. Au contraire, il paraît préoccupé de combattre le matérialisme plus ou moins avéré du groupe d’humanistes lyonnais avec lesquels il avait été d’abord en relations. Il publie à cette fin, , en 1544, Aristotelis Stagiritse de anima libri très, traduction latine du texte grec et du commentaire de Jean Philopon. Cet ouvrage est dédié à Reginald Pôle. La même année paraît Alexandri Aphrodisœi de fatoet deeoquodest in nostra potestate liber unus, traduction latine du texte grec dédiée à François I er lui-même. L’immortalité de l'âme et la liberté humaine, voilà les croyances que niaient plus ou moins sourdement les libertins comme Dolet, Rabelais ou même Jean de Gouttes. Ces œuvres de Hervet coïncident avec les poursuites de l’inquisiteur Michel Orry — nostre maistre Doribus — et de la Sorbonne, contre les partisans ou les suspects de cette doctrine. Mais il y eut probablement entre Hervet et Dolet autre chose qu’unelutte d’idées. Dans les préfaces et les privilèges de ces deux traductions, il y a des plaintes et des précautions contre l’indélicatesse de certains imprimeurs dont la pointe paraît bien tournée contre Dolet. Aucun historien n’a d’ailleurs relevé ni expliqué ces allusions.