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HERMAS


il est encore le maître de la tour, son propriétaire, son possesseur ; il en dispose souverainement : ajOÉvTTjç, 8e<tj : ot7]ç, Sim., ix, 5, 2, 6, 7 ; ix, 7, 1, p. 508, 510 ; et tandis que saint Michel grave simplement la loi dans le cœur des fidèles, « cette loi est le Fils de Dieu, tel qu’il a été prêché jusqu’aux extrémités du monde. » Sim., viii, 3, 3, p. 484. Cf. Heurtier, Le dogme de la Trinité dans VÉ pitre de S. Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900.

Les anges.

Hermas, sans parler de la nature des

anges, fait allusion surtout à leur nombre considérable et à leurs diverses fonctions. Il distingue, comme nous l’avons déjà ol serve, les anges supérieurs des anges inférieurs ; ceux-ci sont chargés de la vigne ou des membres de l’Église, Sim., v, 5, 3, p. 460 ; ils travaillent à la construction de la tour mystique, sous la direction des six anges glorieux. Sim., ix, 6, 2, p. 510. Les anges glorieux font partie du conseil de Dieu et assistent à la délibération qui doit donner au serviteur l’héritage divin et à son corps la récompense céleste. Sim., v, 6, 4-7, p. 462. Diverses sont les fonctions des anges : il y a l’ange de la pénitence, qui joue un si grand rôle dans le Pasteur ; il y a l’ange Thégri, ©eypt, préposé à la garde des bêtes sauvages, Vis., iv, 2, 4, p. 382 ; il y a surtout saint Michel, dont nous avons vu le rôle prépondérant. Chaque homme a son ange gardien, ôcyyeXo ; Sixa’.oaôvTjç, dont il doit suivre les inspirations et les conseils pour pratiquer la justice et se préserver du ma 1. Mand., vi, 2, 1-3, p. 406. Mais il a aussi un autre ange, ayyEXo ; ^ovripîaç, ibid., qui n’est autre que le diable, dont il doit se méfier, car celui-ci est l’inspirateur et l’instigateur du péché ; toutes ses œuvres sont mauvaises. Mand., vi, 2, 10, p. 408. Il est donc à redouter, car il pourrait empêcher l’accomplissement des préceptes et faire ainsi manquer le salut. Mais il ne peut rien sur les serviteurs de Dieu, car il est dominé par l’ange de la pénitence : Èyto yàp eao ; j.at |j.e6’ûpuov, ô àyysXoç xfjç [xETavoia ;, ô xataxuptEuwv aùxou, Mand., xii, 4, 7, p. 436 ; il les tente, mais ceux qui sont pleins de foi lui résistent avec succès, et il s’éloigne, faute de trouver place en eux, pour entrer dans les hommes vains, dont il fait ses esclaves. Mand., xii, 5, 4, p. 436.

L’Église.

Hermas donne peu de renseignements

sur l’organisation de l’Église. Il fait allusion à l’épiscopat quand il dit de Clément qui enverra son livre aux villes du dehors selon le devoir de sa charge : èxEtvw yàp £7riTsipa71Tai. Vis., ii, 4, 3, p. 350. Il parle des presbytres qui président l’Église. Ibid. Parmi les pierres qui s’adaptent parfaitement à la tour, il signale celles qui figurent les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres. Vis., ni, 5, 1, p. 360. Il recommande aux xporjyoujjLÉvoiç et aux 71pcoTOxaG£8piToa< ;, d’éviter toute dissension, d’observer la discipline pour poinoir faire avec fruit la leç-m aux autres, Vis., iii, 9, 7-10, p. 370 ; car ils étaient peut-être du nombre de ces fidèles ambitieux qui luttaient pour la première place et les honneurs. Sim., viii, 7, 4, p. 492. A une époque où le charisme de prophétie avait ses contrefaçons, il met en garde les fidèles contre les faux prophètes qui n’étaient que des exploiteurs de la crédulité publique, Mand, xi, 1-4, p. 424, tandis que le prophète selon Dieu se fait reconnaître à la probité de sa vie, à son humilité, à son ascétisme, à sa discrétion, ne parlant pas en secret, ne répondant pas à quiconque l’interroge, mais s’exprimant en public, dans l’assemblée, sous l’inspiration de l’esprit prophétique. Mand., xi, 7-10, p. 426. Hermas fait enfin allusion au rôle des diaconesses, quand il nomme Grapta, chargée du soin des veuves et des orphelins. Vis., ii, 4, 3, p. 350.

Ce qui retient surtout l’attention d’Hermas, c’est l’Église considérée comme une société de saints parfaitement une. Par deux fois il la compare à une tour dont la construction ne forme qu’un monolithe. Une pre mière fois, Vis., iii, cette tour est représentée comme bâtie sur les eaux, par une allusion transparente au baptême ; et cette tour figure l’Église, qui ne comprend que des saints, les uns déjà sortis de ce monde, les autres vivant encore sur la terre. Il n’y a pour s’adapter parfaitement à elle que les matériaux appropriés, tels que les pierres cubiques et blanches, c’est-à-dir. les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres, qui ont marché dans la sainteté et ont bien rempli leur ministère, les martyrs et les justes. Quant aux autres pierres, les unes gisent au pied de la tour, les autres sont brisées et rejetées au loin, en attendant qu’une préparation convenable les mette à même d’être utilisées. Une seconde fois, Sim., ix, la tour est bâtie sur un immense roc, dans lequel est pratiquée une porte ; allusion au Christ qui est la pierre et la porte de l’Église. Mais cette fois les pierres qui entrent dans la construction à titre provisoire représentent toutes sortes de baptisés, les pécheurs aussi bien que les justes ; car, avant d’être achevé, l’édifice doit subir l’inspection du maître qui, éprouvant les pierres employées, écartera celles qui ne sont pas de bon aloi pour les livrer à l’ange de la pénitence. Et celui-ci, selon qu’elles seront devenues aptes ou non à la construction, reste chargé de les utiliser ou de les rejeter définitivement. De telle sorte qu’à la fin l’Église ne comprend plus que des saints et forme un corps, pareil à un monolithe brillant, dont les membres n’ont qu’une pensée, qu’un sentiment, qu’une foi, qu’une charité. Cf. P. Batiffol, L’Église naissante, 2e édit., Paris, 1909, p. 222224.

Le baptême et la vie chrétienne.

Nature, nécessité,

effets du baptême, obligations qu’il impose.""autant de points signalés par Hermas. C’est au baptême par immersion qu’il est fait allusion : « On descend mort dans l’eau (baptismale), et on en remonte vivant. » Sim., ix, 16. 4, p. 532. Ce sacrement assure la rémission de tous les péchés antérieurs. Mand., iv, 3, 1, p. 39 ! i. Il imprime un sceau tellement nécessaire pour faire partie de l’Église que les justes de l’Ancien Testament n’ont pu prendre place dans la construction de la tour et en former les trois premières assises qu’après l’avoir reçu. Et comme c’était la seule chose qui manquait à leur justice, c’est aux apôtres qu’ils ont été redevables d’en connaître l’existence et la nécessité comme aussi d’en recevoir l’impression. Sim., ix, 16, 3-7, p. 532. Cette opinion singulière d’une mission posthume des apôtres auprès des justes de l’Ancien Testament en vue de leur prêcher et de leur conférer le baptême, a bien été partagée par Clément d’Alexandrie, Strom., ii, 9 ; vi, 6, P. G., t. vui, col. 980 ; ix, col. 268-269, mais elle est restée sans autre écho parmi les Pères. Voir t. ii, col. 212. Or, » celui qui a reçu le pardon de ses péchés (dans le baptême) ne doit plus pécher, mais persister dans la pureté (baptismale), » Èv àyvst’a xaTo.xeiv. Mand., iv, 3, 2, p. 398. Il est pleinement justifié, et cette justification confère une sainteté positive, faisant de l’âme la demeure même du Saint-Esprit. « Conservez votre chair pure et sans tache, afin que l’Esprit, qui réside en elle, lui rende témoignage et que votre chair soit justifiée. Gardez-vous de laisser monter dans votre cœur la pensée que votre chair est périssable et d’en abuser par vos souillures (comme faisaient certains gnostiques), car, en souillant votre chair, vous souillez aussi le Saint-Esprit, et si vous outragez le Saint-Esprit, vous ne vivrez pas. » Sim., v, 7, 1-2, p. 464. Tel était le magnifique idéal proposé au baptisé.

La foi, cela va sans dire, et aussi la crainte de Dieu sont recommandées au chrétien par le Pasleur, mais tout particulièrement la continence. « Quiconque l’observe (cette continence) sera heureux dans cette vie, et aura la vie éternelle pour héritage. » Vis., ni, 8