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HERMAS

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vTaiseml lablement la Gaule pour berceau, Cf. T. Haussleiter. De versionibus Pastoris Hermæ lalinis, Erlangen, 1884 ; Ph. Thiehnann, dans Archiv (tir lai. Lexiko graphie, 1885, p. 176 ; Still, dans Jahrcsberichit (ùr Attertumswissenschaft, 1887, t. xvii, p. 35.

En 1860, Antoine d’Abbadie découvrait, en Abyssinie une version éthiopienne du Pasteur ; il la traduisit en latin et la publia dans les Abhandlungen (ùr die Kunde des Morgenlandes, 1860, t. ii, n. 1. Dillmann démontra qu’elle avait été faite directement sur le grec. Zeilschri/t der Deutschen morgenlandischen Gescllschajt, 1861, t. xv, p. 111-118.

On possède aussi de courts fragments d’une version copte. Voir A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. cv-cvi.

F. X. Funk, profitant des travaux antérieurs et les améliorant encore, a publié le texte grec avec une traduction lutine faile à l’aide de celles qui existaient déjà ; à partir de Sim., îx, 30, 3, où l’original grec fait défaut jusqu’à la liii, il a transcrit, d’une part, le texte de la version Vulgate et, d’autre part, la version latine d’Antoine d’Abbadie. C’est à cette édition que nous nous referons, Opcra Patrum aposlolicorum, Tubingue, 1881. Une seconde édition a paru en 1901 sous le titre : Patres apostolici. Voir aussi sa petite édition : Die apostolisclii n Vâter. Tubingue, 1906.

Photographie du codex Sinaiticus par K. Lake, Oxford, 1911.

2° Division. — Par l’étendue des matières, la richesse du fond et l’originalité de la forme, le Pasteur constitue un ouvrage à part dans la littérature chrétienne du ii c siècle. Il comprend cinq Visions, ôpdbsiç, douze Préceptes, Iv-oXat, et dix Similitudes, -apaSoXaf ; et c’est sous ces trois titres distincts qu’il est divisé dans les éditions actuelles, contrairement aux indications de l’auteur, qui ne signale que deux parties, la première comprenant les quatre premières Visions, et la seconde, tout le reste avec la cinquième Vision pour préface et la dixième Similitude pour épilogue. Cette division de l’auteur correspond aux deux personnages qui sont les interprètes ou les organes des révélations : dans la première partie, c’est l’Église qui paraît et parle à Hermas sous les traits d’une femme ; dans la seconde, c’est le Pasteur qui lui notifie les Préceptes, propose et explique les Similitudes. Le tout forme un ensemble cohérent qui accuse nettement l’unité d’auteur ; et le titre, IIoipjv, donné à l’ouvrage, lui vient du personnage qui entre en scène dès la première partie, bien qu’il n’y joue qu’un rôle secondaire, Vis., ii, 4, 1 ; iii, 10, 7, mais qui paraît ensuite comme le personnage chargé de faire connaître les Préceptes et les Similitudes à Hermas.

Les Visions indiquent la raison d’être de l’ouvrage et en tracent l’esquisse ; les Préceptes et les Similitudes en sont le développement. Tout s’y ramène à l’idée fondamentale de pénitence ou de réforme morale. Et cette discipline se dessine dans les Visions sous forme apocalyptique, se développe d’une manière plus nette et plus précise dans les Préceptes et s’achève sous forme de parabole dans les Similitudes. C’est cette pénitence qu’Hermas doit s’appliquer à lui-même, et qu’il doit prêcher ensuite aux membres de sa propre famille, à l’Église, aux fidèles et au clergé. Et la raison de cet appel général à la pénitence n’est autre, comme Hermas le donne à entendre, que l’imminence de la persécution et l’approche de l’avènement du souverain juge.

On a discuté l’unité du livre. Le comte de Champagny a soutenu que l’ouvrage actuel est formé de deux livres très différents, comme il a été dit plus haut. Haussleiter a émis une opinion analogue : le Pasteur serait composé d’un premier livre, Vis., v-Sim., x, œuvre d’Hermas, frère du pape Pie (un peu avant 150), te d’un second. Vis., i-iv, œuvre d’un inconnu publiée souse nom d’Hermas, i ersonnage apostolique, à la

fin du iie siècle. De versionibus Pastoris Hermx latinis, Erlangen, 1884. A. llilgenfeld a discerné trois écrits : un écrit de pastorale, Vis., v-Sim., vii, antérieur au règne de Trajan, une apocalypse, Vis., i-iv, rédigée sous Adrien (117-138), un écrit secondaire, Sim., vni-x ; Vis., v, 5, avec quelques autres additions, joint aux deux premiers par le frère du pape Pie. Hermæ Pastor, 2e édit., 1881, p. xxi-xxix. Ces opinions n’obtinrent aucun succès. Elles furent réfutées par A. Link, DicEinheil des Pastor Hermas Marbourg, 1888, et par P. Baumgartner, Die Einheit des Hermas-Buchs, Fribourg-en-Brisgau, 1889. Ce dernier toutefois soutint que l’auteur rédigea d’abord séparément Vis., i-iv et Vis., -Sim., ix, qu’il réunit ensuite en un seul livre. A. Harnack entra dans ces vues et détermina l’ordre successif de la composition des parties. Gescbichte der allchrisil. Litleratur, t. n a, p. 260-263. Ses arguments n’ont pas paru concluants.

1. Les Visions.

C’est sous forme d’apocalypse ou de révélation que débute le Pasteur ; et ce procédé rappelle, parmi les auteurs sacrés, les visions d’Ézéchiel et de saint Jean, et, parmi les apocryphes, YAscension d’isaïe, le Livre d’Hénoch et surtout le IVe livre d’Esdras. L’entrée en matière est faite pour piquer la curiosité.

Hermas raconte, en effet, comme nous l’avons vu dans son autobiographie, les incidents qui donnèrent lieu à la rédaction dé son livre et à sa mission de prêcher la pénitence : c’est l’objet de la première Vision. Dans la seconde Vision, il aperçoit encore l’Église sous la forme d’une vieille femme, qui lui confie son livre pour qu’il le transcrive en double exemplaire, et qui lui apprend que ses fils ont péché contre Dieu et blasphémé le Seigneur, qu’ils ont trahi leurs parents et sont tombés dans une grande iniquité, que sa femme a beaucoup péché par la langue, mais qu’ils seront tous pardonnes s’ils font de tout leur cœur une sincère pénitence. Hermas se met à pratiquer le jeûne. Dans la troisième Vision, la vieille le fait asseoir, non à sa droite, car c’est la place réservée à ceux qui ont souffert pour Dieu, mais à sa gauche, et lui montre, s’élevant sur les eaux, une tour construite par des anges avec des pierres tirées du fond de l’abîme ou du sein de la terre, qui s’adaptaient si bien entre elles qu’on aurait dit un monolithe. Elle lui conseille de conserver la paix, de secourir les indigents et lui prescrit de recommander aux chefs de l’Église d’éviter les dissensions et d’observer la discipline. — Vingt jours après, comme il se rendait à son champ, priant le Seigneur de lui faire comprendre le sens de ces visions et de lui accorder, ainsi qu’à tous les serviteurs de Dieu, la pénitence, il rencontre une bête énorme et horrible, qui soulevait des flots de poussière. A sa vue, il se met à pleurer et à prier, quand lui apparaît la femme comme une vierge parée, vêtue de blanc. Il reprend aussitôt courage et apprend qu’il a échappé au monstre grâce à la fermeté de sa foi et à la protection de l’ange Thégri. Le monstre annonçait une grande tribulation, à laquelle on n’échappera que par la pénitence et la conversion, par la pureté de la vie et la persévérance, par la confiance en Dieu. — Dans la cinquième Vision, qui n’est à vrai dire qu’une transition et l’amorce de la seconde partie, Hermas est dans sa demeure ; il vient de prier et est assis sur son lit quand se présente à lui un homme, à l’habit de pasteur : c’est l’ange de la pénitence, qui lui est déjà apparu sous une autre forme, Vis., ii, 4 ; iii, 10, 7, et qui se dit chargé de lui rappeler les visions précédentes et de lui faire écrire les Préceptes et les Similitudes.

2. Les Préceptes.

Cette partie n’est pas sans offrir quelques traits de ressemblance avec l’apocryphe connu sous le nom de Testament des douze patriarches. C’est un petit traité de morale en douze préceptes,