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IIERMANT

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1. HERMANT Godefroy naquit à Beauvais le 6 février 1617. Il fut d’abord élevé par un oncle, chanoine de la cathédrale en cette ville. L’évêque Potier, frappé des heureuses dispositions de l’enfant, l’envoya à Paris en 1630. Il fit sa rhétorique au collège des jésuites, sa philosophie à Navarre et sa théologie en Sorbonne. Revenu à Beauvais, il professa les humanités. Mais, dès 1639, il retourne à Paris pour diriger les études du neveu de son bienfaiteur. Potier d’Ocquerre. Déjà il collabore à des travaux scientifiques. Il surveille en particulier l’impression du texte grec de la Polyglotte de Vitré, qui parut seulement en 1645. Il enseigne la philosophie au collège de Beauvais, devient bachelier de théologie en 1640, socius de Sorbonne en 1642, chanoine de Beauvais en 1643, prieur de Sorbonne l’année suivante, enfin licencié et recteur de l’université en 1646.

Ces honneurs récompensaient une activité incessante en faveur des privilèges universitaires. Le conflit toujours prêt à éclater entre la Sorbonne et les jésuites venait de se manifester une fois de plus. A la fin de

1642, le recteur Gorin de Saint-Amour avait refusé d’admettre la candidature de leurs élèves du collège de Clermont aux grades universitaires. Les pères firent requête, le Il mars 1643, au conseil privé, contre cette décision. Hermant entre alors en lice avec une Apologie pour l’université de Paris contre le discours d’un jésuite par une personne affectionnée au bien public, Paris, avril 1643. C’était une réponse aux bruits répandus, prétendait-il, par les jésuites, contre l’enseignement de l’université. A quelques jours de là, il lance un nouveau factum : Observations importantes sur la requeste présentée au conseil du roy par les jésuites, tendante à l’usurpation des privilèges de l’université, Paris,

1643. Enfin, passant à l’offensive, il donne au public : Véritez académiques, ou réfutation des préjugez populaires dont se servent les jésuites contre l’université de Paris. L’achevé d’imprimer est du 8 juin 1643. Dans les Observations, il discutait les deux demandes de ses adversaires : admission de leurs élèves aux grades, et incorporation du collège de Clermont à l’université. Ici, il faisait une critique de l’enseignement tel que les pères le pratiquaient, et leur opposait la conception des maîtres de l’université. Cette critique est intéressante à plus d’un titre. Ainsi, dans les développements sur les rapports de la philosophie et de la théologie, elle fait pressentir certaines idées de Pascal.

Tous ces ouvrages avaient été publiés sans nom d’auteur. Us prétendaient représenter la pensée officielle de l’université. Les jésuites firent de même. Ainsi dans l’anonyme Response au livre intitulé Apologie pour l’université de Paris contre le discours d’un jésuite, qui parut au mois de juillet 1643. Hermant s’empresse alors de faire paraître la Seconde Apologie pour l’université de Paris, imprimée par le mandement de monseigneur le recteur donné en Sorbonne le 6 octobre 1643. Mais bientôt, comme il devait arriver, la polémique dégénérait en personnalités. Au collège de Clermont, un professeur, le P. Airault ou Héreau, avait hasardé certaines propositions sur le sujet toujours brûlant du régicide et du duel. L’occasion était trop belle. Aussitôt paraît un Advertissement contre une doctrine préjudiciable à la vie de tous les hommes et particulièrement des rois et princes souverains, enseignée dans le collège de Clairmonl, Paris, 1643. Bientôt après, probablement au commencement de 1644, vient s’ajouter, sur le même sujet, un second Advertissement, s. 1. n. d. Ces deux ouvrages, publiés sans nom d’auteur, semblent bien être le résultat de la collaboration de Hermant et du recteur Gorin de Saint-Amour. Les jésuites, ainsi pourchassés, répondirent par la plume de l’un des leurs, dont les fonctions étaient bien faites pour en imposer, sinon à leurs adversaires, du moins au public.

Le P. Caussin, confesseur du roi, fit paraître, en 1644, contre tous ces écrits, une Apologie pour les religieux de la Compagnie de Jésus. Mais le champion de la Sorbonne ne se tint point pour battu. Il composa rapidement une Response de l’université de Paris à l’apologie pour les jésuites qu’ils ont mise au jour sous le nom du P. Caussin. Elle porte la date de 1644. Pourtant le titre même ajoute : « imprimée par l’ordre de la même université, pour servir au jugement tant de la requeste présentée à la Cour le 7 décembre 1644, que des précédentes. » De plus elle se complète de deux extraits des registres du parlement datés des 5 et 7 janvier 1645. Elle parut donc dans les premiers jours de cette dernière année.

Mais la polémique se croisait dans les sens les plus divers. Arnauld venait de publier son traité De la fréquente communion. Ce fut alors un véritable déluge d’attaques. Dans le nombre Hermant nota les Remarques judicieuses sur le livre de la fréquente communion, 1644, que l’on attribue tantôt au prêtre François Renard, tantôt au P. de La Haye, tantôt, avec plus de probabilité, au P. Sesmaisons. C’est contre cet ouvrage qu’il publie, en 1644, une Apologie pour M. Arnauld docteur de Sorbonne, contre un libelle intitulé : Remarques judicieuses. En même temps, sur le fond de la doctrine, il essayait démettre les jésuites en opposition avec eux-mêmes. C’est l’objet des Réflexions du sieur du Bois sur divers endroits du livre de la fréquente communion du P. Péleau, Paris, 1644. A la même controverse se rapportent encore deux autres ouvrages qui lui sont attribués par Moréri : Response à la remontrance à la reine du P. Yves, capucin, 1644, et Défense des prélats approbateurs du livre de la fréquente communion, s. 1. n. d. Mais il est difficile d’établir la part exacte qui revient à Hermant dans la composition de tous ces ouvrages, rédigés plus ou moins en commun par tout le groupe des « arnaldistes » .

Il en est de même pour les ouvrages qui suivent et qui représentent un aspect tout différent, mais non moins instructif, de la lutte de l’université contre la Compagnie de Jésus. C’est d’abord la Réponse aux moyens d’opposition que les jésuites ont fait signifier aux prieur, docteurs et bacheliers de la maison de Sorbonne, lundi 24 décembre 1646, pour empêcher la clôture de la rue des Poirées, 1647. Puis le Mémoire apologétique pour les recteur, procureurs, etc., de l’université de Paris contre l’entreprise des Bibernois, 1651. Enfin, les Fausselez contenues dans une requeste présentée au parlement par M. Amyot, 1651. Ces écrits, qui tendent à défendre surtout les intérêts matériels et les privilèges de l’université, durent être rédigés en collaboration avec Gorin de Saint-Amour. Mais ces soucis matériels ne détournaient pas Hermant de ses devoirs essentiels de recteur. En 1648, il promulguait une ordonnance sur la discipline des études, en particulier des études philosophiques. Cette ordonnance fixe le règlement des cours en même temps que la conduite à suivre dans la tenue des collèges. Ici encore, le recteur marque ses préférences et ses antipathies. Il critique ouvertement les méthodes de la Compagnie de Jésus, même sur des points de détail, comme sur la question des comédies que peuvent jouer les étudiants.

A ce moment, le parti janséniste est fortement organisé, dans l’université et au dehors. L’affaire des « cinq propositions » permet de compter les « disciples de saint Augustin » . Hermant reste l’un des plus actifs. Il publie en 1650 la Défense des disciples de saint Augustin contre un sermon du P. Bernage, jésuite ; en 1651, la Réponse à un écrit du P. Mathieu, jésuite, publié à Dijon contre les lettres qu’il attribue au P. Parisot de l’Oratoire. Puis il se retourne contre des adversaires d’un autre genre. Un ancien chanoine d’Amiens, passé au protestantisme, Jean Labadie, avait lancé, on